[PV-Flashback-BG] Une rencontre au sommet...

Les collines des Grandes Plaines. Le vent souffle en tourbillonnant, entrainant feuilles et poussières dans son sillage en chantant sa longue complainte monotone.

Perdu dans ces collines, "le" camp.

Des forces venues d'ailleurs s'y sont établies.

D'où ? Pourquoi ? Dans quel but ? Des questions auxquelles très peu de personnes peuvent répondre. Et parmi elles, bien peu qui en parleraient.

Bourdonnant d'activité, le camp est plein de vie. De massives créatures à la peau verte et épaisse vont et viennent dans une joyeuse cacophonie. Le vacarme ambiant, composé de bruits assourdissants, de coups échangés dans des combats amicaux, de cris de joies, d'appels, d'ordres hurlés est rythmé par le martèlement régulier de marteaux massifs tombant en cadence sur de larges pièces de métal.

Indifférent à tout cela, deux créatures montent la garde à l'entrée de la construction la plus luxueuse du camp, à défaut d'en être la plus grande. Ses murs extérieurs sont décorés avec style de cranes d'ennemis vaincus, d'armes récupérées sur des champs de batailles remportées et d'éléments indéfinissables. Un luxe bien particulier...

Les deux Orks montent la garde de la demeure de leur chef. Ce rôle est une distinction pour eux, qui ont suivis leur "Padishah" aux termes de temps de campagnes et de batailles. Leurs peaux couturées de cicatrices est presque noire tellement elle est sombre, signe d'un âge avancé et d'une grande expérience au combat.

Impassibles, les deux gardes tentent de ne pas penser à leur visiteur. En effet, malgré tout ce qu'ils ont pu vivre jusqu'ici, aucun des deux ne peut réprimer un frisson en pensant au Death Knight. Et ce soir, la conversation entre le Chevalier et le Big Boss Ork semble très animée.

"Non, non et non ! Ma Waaargh!! ne sera pas asservie par ton Nécromant !"
Mécontent, l'imposant Ork grogne sa colère du fond de son trône de pierre, taillé à sa mesure. Son interlocuteur, calme, lui répond froidement.

"Tu n'as tout simplement pas le choix. Crois-tu que c'est le hasard qui vous a mené ici ? Crois-tu que c'est le hasard qui a présidé à notre rencontre ? Tu dois collaborer... Pov Naz..."
"Je t'interdis de m'appeler ainsi !"
La réaction ne s'est pas fait attendre. De rage, l'Ork balaie la table qui les sépare de la main, faisant voler chopes et brocs de bière avant d'abattre violemment son poing sur le plateau, le pulvérisant sous l'impact.

Le visage déformé par la colère, il se lève et fait un pas en avant, donnant des coups de pied furieux dans les débris de la table démolie.
"Je ne porte plus ce nom depuis que cette tempête du Warp nous a envoyé ici. Et, même si tu dis vrai et que ton Nécromant nous renvoie là-bas, je doute de le reporter un jour." Il marque une pause, un silence perturbé par le souffle rauque du monstre en colère. D'une voix sourde, il maugréé finalement. "Maudit ! Ne crois pas que le fait de porter le même nom te mette hors de portée de ma colère. Je te tue quand je le veux."

A cette remarque, HyiHyil, le revenant, éclate de rire. Un rire sans humour, cynique, dont le non-mort est coutumier. Sarcastique, il rétorque :

"Parce que tu t'en crois capable... Hyi Hyil ?" Le dernier mot est prononcé avec cynisme. "Et comment t'y prendrais-tu ? Tu oublies que la majorité de tes gadgets ne fonctionnent plus et ton... BadStuff est incapable de les remettre en état de marche ! Et tes batons-de-feu seraient sûrement sans effet durable contre ce que je suis devenu... même celui-ci..."

Disant cela, il désigne ce qui pourrait passer pour un agglomérat de métal posé dans un coin de la pièce. Un observateur attentif saurait y distinguer une poignée, un ensemble de tubes de différentes tailles et différents glyphes à la signification mystérieuse mais pour n'importe qui, ce ne serait qu'un amas sans intérêt de pièces de métal jetées là au hasard.

Quoi qu'il en soit, le discours a ramené le calme dans l'esprit du Big Boss qui se rassoit pesamment avant de répondre d'une voix trainante...

"Bien, tu as gagné... Maudit !... Mes Orks seront au service de ton Maître. Mais n'oublie pas ta part du contrat : un Mékano compétent. Ton Boss prend le controle et nous, la tangente sitot que nos machines refonctionneront. Marché conclu ?"

Les poings se rencontrent, s'entrechoquent, à la façon ork de conclure un pacte.

"Marché conclu !"

: Bien que ce soit un acte passé, il était important d'en parler et éventuellement d'y revenir petit à petit...

HRP/ Toujours en flash back, une suite... fracassante.

Précipitation. Frénésie. C'est ce que l'on pouvait appeler se préparer en quatrième vitesse. V'lin parcourait sa chambre dans tous les sens, pour attraper ses habits, les différents pans de son armure... Etre bien coiffé ou prendre son temps, il fallait choisir. Il s'arrêta une paire de secondes pour se regarder une fois de plus dans le miroir. Sa coiffure savamment travaillée était du plus bel effet : les cheveux plaqués en de nombreuses tresses contre son crâne, rassemblés en une simple queue basse sur sa nuque, il était assez fier de lui. L'ennui était que cela avait été long... très long à faire... Et je suis en retard ! Bof... Devait-il réellement s'inquiéter pour ça ? Il se disait que HyiHyil commençait à avoir l'habitude... mais il n'en était pas assez sûr pour ne pas se dépêcher. Ne pas oublier mon Cœur... La lance de mithril dans la main, le demi-ange ferma les yeux. Se concentrer n'était pas très difficile, ce qui l'était résidait essentiellement dans son imagination. Son maître lui avait appris à être un semblant ordonné, et l'endroit où il se rendait était loin de cette définition... Dans son esprit se dessinèrent bientôt le campement, formé de tentes et de cabanes qui semblaient avoir été plantées là par un ouragan. Les créatures qui le peuplaient lui apparurent. Leur vue ne lui était pas des plus agréables, mais il n'y pouvait rien... Le décor était en place, il pouvait y aller. Seul inconvénient, le chevalier avait visualisé... une vue du dessus.

- Mauvais calcuuuuuuul !

Trop tard. Un demi-ange tombait déjà du ciel au dessus d'une prairie verdoyante - pas dans le sens où l'on pourrait s'y attendre. Feuille morte... Non, pas le temps ! Il n'était pas si haut, et déjà la terre se rapprochait... mais pas qu'elle. V'lin ferma les yeux. Moins par appréhension que pour la douleur. Son premier réflexe, détestable mais néanmoins naturel, avait été de battre des ailes. La souffrance et sa volonté l'avait empêché de continuer, et il tombait à présent sans se débattre, légèrement replié sur lui-même, face vers le ciel.

CRAAASH

Une table avait été la victime indirecte de son inconscience, mais V'lin s'estima heureux. Comparée aux armures des orks, le bois était beaucoup plus confortable. Le dos endolori, l'angélique se releva péniblement. Il avait les muscles en compote, mais allait globalement bien. Il avait eut de la chance. Massant délicatement ses reins meurtris, le guerrier secoua un peu les ailes, vérifiant qu'elles n'étaient pas - plus - cassées. Tout allait bien... si l'on exceptait tout le reste...

- Aich...

Un bruit de ferraille incita le jeune paladin à releva les yeux, qu'il écarquilla. Sa chute en avait entraîné d'autres, celles des orks qui jouaient autour du point d'amortissement, et c'est dans le grand fracas des armures plus ou moins bien graissées qu'ils se relevaient. Maintenant debouts, ils fixaient tous l'importun d'un air mauvais... C'est pas pour vous dire, les mecs, mais vous êtes déjà très laids en temps normal, quand vous êtes en colère, c'est encore pire... La bouche ouverte, V'lin eut la présence d'esprit de ne pas dire le fond de sa pensée. Au lieu de ça, il se redressa un peu plus, maltraitant un peu plus ses membres douloureux. Cela ne changeait pas grand chose, les orks le dominaient toujours, mais il se sentait un peu moins petit ainsi.

- Désolé pour votre table, les gars... Je ferai plus attention la prochaine fois...

V'lin avait vu les dés et les cartes par terre. Il connaissait le tempérament joueur des orks, et espérait qu'aucun d'entre eux ne penserait à lui demander la dividende de ses gains... ni à faire un nouveau pari sur sa tête. Mais il se rendit bientôt compte que les peaux vertes avaient autre chose en tête, et en conséquent, lui, un autre genre de problème.

- Qui es-tu ?

Le plus grand et le plus imposant des compagnons qui l'entouraient - forcément - avait parlé en commun, et ce fait, en plus de la question n'était pas sans inquiéter le demi-ange.

- Vous avez la mémoire courte...

Il avait répondu dans la langue natale et un peu primaire de ses interlocuteurs, espérant que cela leur rafraîchirait un peu, la mémoire... Mais visiblement, entendre un ange leur parler de la sorte dans leur propre langage fut plutôt perçu comme une provocation, et ce dernier se retrouva bientôt avec un collier formé d'aciers divers, vraiment pas des plus seyants. Chose qui sembla incroyable aux peaux vertes, V'lin garda le sourire. Prenant garde à ses gestes, et de façon toute théâtrale, il leva un index évocateur.

- Je crois... qu'il y a un malentendu...

En même temps, l'apprenti chevalier était le premier à comprendre leur réaction. S'il avait été à leur place, il n'aurait même pas attendu une parole pour faire rouler sa tête exaspérante de bel angélique au sol. Il fallait surtout qu'il soit un bel inconscient pour se risquer ainsi directement dans le camp des orks. Mais tout ange qu'il était, la protection que HyiHyil lui apportait en ces termes dans ce lieu était sensé être suffisante. Mais les créatures n'avaient pas retenu son visage, alors elles le jugeaient au prime abord, sur les deux ailes, un peu trop immaculées à son goût, qu'il arborait sans fierté. Mais les orks ne pouvaient pas connaître son état d'esprit envers elles, outre le fait que l'une d'elles soit brisée... Heureusement, le reflet d'une armure noire commençait à apparaître dans son champ de vision limité...

L'armure noire s'était avancée, oui... Mais son propriétaire ne semblait pas enclin à intervenir sur la scène qui se déroulait devant lui. Merci le vieux... Légèrement contrarié par l'indifférence de son mentor face à sa situation... Quel est le mot approprié ? Désastreuse ? Mouais, peut-être pas à ce point-là... V'lin n'en menait pourtant pas large. Immobilisé par bien cinq types d'armes différentes, il était difficile d'envisager la moindre défense. Et puis, pas envie d'attraper le tétanos, moi ! Il avait voulu éviter d'en arriver-là, mais les orks ne semblaient pas vraiment disposer à discuter. Il ne lui restait plus qu'une solution.

- Vous me cherchez ?

Les diverses lances, épées et haches s'étaient refermées sur du vide. L'angélique était réapparu à proximité de son maître d'armes, au grand désarroi de ceux qui l'avaient attrapé. Mais le guerrier n'avait pas l'intention de rester là. Il posa juste un regard rieur sur les fentes blêmes, le genre qui disait "Puisque tu ne fais rien, attends donc la suite !". Ce fut son seul salut avant qu'il ne se dirige à nouveau vers le groupe mécontent. Voyant qu'il allait à leur rencontre, les orks firent en sorte de raccourcir encore la distance qui les séparait. Ceux-ci ne reconnurent pas les gestes qu'effectuaient les mains expertes du paladin alors qu'il marchait sur eux. Ils ne se rendirent compte des effets que lorsque ce dernier... leur passa au travers. Ses doigts se tendirent pourtant vers une lance que l'un des orks tenait, et l'agrippa. Celle-ci échappa des mains de son porteur, et son regard accompagna le sarcasme.

- Merci de m'avoir rendu mon cœur...

L'angélique, la lance argentée fermement empoignée dans sa main gantée, était arrivé de l'autre côté d'eux. Il s'était retourné, eux aussi. A cause de cet évènement, les moins imbéciles des peaux vertes avaient compris une chose : ce n'était pas lui qui était passé à travers leur corps, mais le contraire. Certains touchèrent leur compagnon comme pour confirmer un doute, posant simplement une main sur une épaule ou en donnant une tape - aussitôt rendue - mais les soupçons ne pouvaient pas être vérifiés de cette manière. Ils ne le savaient pas en ces termes, mais V'lin les avait rendu immatériels. Ils étaient déphasés, mais ensemble.
Face à face étrange : un ange incapable de voler face à un groupe d'orks désemparés. Le guerrier souriait allègrement, en une moquerie silencieuse. Ils ne pouvaient rien faire contre lui... ni le contraire. V'lin s'adressa alors à leur dominant, qui lui avait parlé le premier et qui semblait avoir compris pour le sort bien avant les autres. Une langue gutturale dans une gorge raffinée faisait toujours bizarre à entendre, mais ce n'était pas encore le pire anachronisme dont le chevalier était capable.

- Je vous libère si vous restez tranquilles.

Le visage déjà raviné de l'ork en tête se fronça encore plus, arrachant une grimace amusée à son interlocuteur. Il avait compris que cet ange insolent savait ce qu'il faisait, mais les promesses d'orks n'avaient aucune valeur...

- D'accord.

Un grand sourire éclaira le visage du paladin. Il savait que l'enchantement à peine dissipé, cet ork - si ce n'était tout la troupe - se précipiterait sur lui. Mais il avait moyen efficace des contrer... et ceux-ci ne se douaient pas que ce serait leur propre code de l'honneur. Jouant les naïfs, V'lin fit un geste dans la direction de ses adversaires. Ils reprirent rapidement consistance, et dès qu'il s'en aperçurent, dirigèrent leur regard haineux sur le fautif. Celui-ci se contenta de rire intérieurement, de son vilain tour et de leur sottise. Il était évident que cela n'avait rien arrangé pour leur rancœur à son égard... mais il s'en moquait pas mal. Aussi, quand les orks commencèrent à soulever la poussière pour la lui faire mordre, il ne bougea pas. Sans se départir de sa bonne humeur, il prit un air surpris, qui se transforma bientôt en une expression outrée. Il parla fort, mais savait que ce n'était pas cela qui arrêterait la charge des orks.

- Vous n'avez pas honte ?

Au moment où ceux-ci allaient le transpercer, il réapparut dans leur dos. Les peaux vertes ne le cherchaient pas longtemps. L'ange les provoquait, et ils commençaient à saisir sa tactique. Seulement ce dernier leva la main vers eux avant qu'ils ne se mettent en charge. Craignant un autre sort, ils tempérèrent quelque peu leurs ardeurs. Alors V'lin put parler.

- Je sais que je vous ai fait du tort, ce n'est pas loyal ! Vous n'avez pas un autre moyen de régler les conflits ?

Loyal ou pas, les créatures hideuses n'en avaient rien à faire. Mais le discours de l'ange les avait quand même touché. Pour preuve, leur chef s'avança vers lui, sas pouvoir dissimuler un sourire carnassier.

- Bien sûr que si, nous en avons un... Un combat "à la loyale", à un contre un.

Faisant mine de réfléchir, la main sous le menton, V'lin leva finalement des yeux soupçonneux vers l'ork plein d'assurance.

- C'est un défi ?
- Oui...

Le peau verte semblait jubiler : l'ange était sur le point d'accepter. En même temps, avait-il vraiment le choix ? C'était ça où se mettre à dos toute la colonie... et cette fois, sans quartier. Le paladin releva la tête, paraissant hésiter encore.

- Acceptes-tu ?

L'ange plissa les sourcils. En réalité sa décision était prise depuis bien avant la question de l'ork, mais il devait tout aire pour le mettre en confiance.

- Oui...
- Avant de commencer, je veux rajouter une condition.

Forcément. A présent qu'il avait consentit à combattre, V'lin ne pouvait plus reculer. Mais il s'y attendait. Le chef de meute lorgnait sa lance depuis un moment déjà, sans être très discret, et il la fixait à présent de façon que l'on aurait pu interpréter d'une autre façon effrontée.

- Sans arme.

L'ange afficha un visage plus surpris qu'apeuré, mais l'interprétation des orks serait la même. Il regarda sa lance comme si c'était la bouée que l'on tendait à un noyé, mais déjà, un autre compagnon tendait la main pour qu'il la lui remette. C'était trop tard, il ne pouvait que conclure cet accord. Telle était la stratégie des orks.

- Ah, et évidemment... Si tu perds, cette lance me revient...

Très étonnant. Tu parles... S'il perdait, il mourrait. C'était aussi simple que ça.

- Et pas de téléportation, ni de sort !

L'ork semblait certain de sa victoire. Autant lui laissait croire... Comme à contre-cœur, V'lin laissa choir la lance entre les grosses pattes de son voisin. Rapidement, les autres orks dégagèrent la place, riant à part eux que cet ange était fou d'accepter un tel défi. Sans le montrer, lui riait avec eux. Oui, il était fou. Et alors ?

Le combat débuta sans crier gare. L'ork n'attendit pas un quelconque signal ni que son adversaire ne se soit préparé, il chargea sans sommation. L'ange, qui regardait ailleurs, le vit arriver du coin de l'œil. Il sourit. malgré tout, il était trop lent. Le chevalier glissa sur le côté avec légèreté, les griffes passèrent à un chouilla de son ventre. Il n'était pas encore temps d'agir. L'ork se retourna avec plus d'agilité que l'on aurait pu l'en croire capable, et réitéra la manœuvre. Juste pour le narguer, V'lin l'évita cette fois en se baissant puis en roulant sur le côté, laissant ses plumes lui chatouiller le nez. La colère viendrait vite. La charge suivante ne fut pas évitée. V'lin la précéda avec amusement, courant en marche arrière, aidé par ses ailes qu'il agitait subrepticement, sans laisser les mains de l'ork le toucher. Il serait bientôt à point. Le peau verte s'arrêta, regardant le guerrier de façon inhabituelle pour un ork. Est-ce qu'il... réfléchissait ? Puis, profitant du répit qu'il avait donné à l'ange, et qui devait conforter ce dernier dans son impression éphémère, il chargea. Rien la seconde d'avant n'avait laissé entendre cette attaque, et elle était plus rapide que toutes les autres. Parfait. V'lin attendit le dernier moment... et fit un saut gracieux. Il toucha bientôt le sol, et s'appuya sur lui pour avoir un peu d'élan. L'ork s'attendait vraiment à le toucher, et son échec avait provoqué chez lui un court moment de déséquilibre. C'était ce qu'il attendait. l'ork était légèrement penché en avant, et lui sous son nez. Il serait facile pour son adversaire de lui assener un coup redoutable, mais l'ange était le plus rapide.

- Ca, c'est pour m'avoir sous-estimé !

Son pied tapa le sol, son genou remonta avant que l'œil de l'ork ait pu le détecter. Le coup donné de toutes les forces que possédait le guerrier fracassa la mâchoire inférieure, celle-ci cogna contre son homologue supérieur, accentuant les dégâts. Finalement, se retirant de la zone à risques, l'ange serra les deux poings ensemble et assena un coup final sur la nuque de son adversaire.

- Et ça, pour... pour rien.

Lorsqu'il acheva sa phrase, V'lin avait un sourire jusqu'aux oreilles. L'ork venait de s'affaler à ses pieds, il était minable. Sa frappe n'avait certainement pas été létale, mais avait sans doute suffit à sonner l'ork pour quelques minutes. Il se relèverait bientôt, la question était de savoir s'il considèrerait le combat comme terminé. Le contraire serait embêtant. En effet, il n'avait rien prévu pour la suite... Mais lorsque son opposant commença à se remettre debout, tous virent tomber de sa bouche... plusieurs crocs. Des exclamations retentirent dans le public, assurant à V'lin la légitimité de son succès. Le combat était fini, il avait gagné.

Enchanté de ce dénouement heureux, pas si calculé que ça, l'ange se baissa pour ramasser son trophée : trois belles dents d'ork, qui manqueraient certainement beaucoup à leur propriétaire... tant pis pour lui. Virent bientôt les accolades amicales - qui faillirent le faire tomber - des peaux vertes qui le félicitaient. Il avait vaincu DurGof'. Et il entendit quelque chose qui le fit rire. Ils lui avaient attribué un nouveau nom : DingGrog'. C'était la preuve que les peaux vertes lui accordaient à présent autant d'estime qu'à l'un des leurs. En revanche, le guerrier en armure avait lui, perdu son honneur en même temps que ses dents. V'lin rangea d'ailleurs ses dernières dans sa tunique, alors que ses nouveaux camarades délaissaient leur ancien chef pour l'entraîner un peu plus loin dans l'intention de fêter ça. Le guerrier ne s'en réjouissait pas tellement, mais cela ne se faisait pas de refuser une telle invitation... La bousculade était sympathique, et l'ange ne pouvait s'en plaindre, d'autant plus que sa lance lui fut rendue au passage. Ce fut donc bien entouré que V'lin s'assit à une autre table - intacte, celle-là. Il savait déjà ce qui lui serait servi : de la bière.

Hyi Hyil jeta un regard amusé à son homonyme en armure.

"Il se débrouille bien ton petit gars ! Je ne pensais pas qu'une tafiole ailée soit capable se battre ainsi..."

La réponse est froide est dénuée de toute intonation...

"Mais je n'en ai jamais douté mon ami à peau épaisse... Même un bras faible peut lever une épée..."

Sans rien ajouter, il était parti à la rencontre du groupe joyeux qui s'installait déjà pour fêter la victoire impromptue et surprenante de leur nouvel ami.

"Félicitations mon garçon. Tu as réussi à passer cette nouvelle épreuve avec brio." Puis, plus bas, il ajouta rapidement : "Je te déconseille de toucher à la bière bleutée, tu ne t'en relèverais pas..."

Puis, il abandonna son disciple pour se joindre à la table du chef où un Nob volubile décrivait avec moults détails comment le semi-ange aux allures de "gôzess" avait ratatiné DurGof, l'actuel meneur de la section de Balaiz' Boyz...

Le Nob, Ben'Ji ou Mak'Sou, difficile à dire, finissait enfin son histoire en concluant qu'il faudrait lancer un concours pour trouver un meneur remplaçant lorsqu'une clameur soudaine se fait entendre :

"Un duel... de binouze ! Un duel... de binouze ! Un duel... de binouze ! Un duel... de binouze !"

Un tonneau de belle dimension avait déjà été apporté et un second le rejoignait déjà... Des tonneaux de "binouze"... Un alcool excessivement fort, servant accessoirement de carburant aux marchines Orks à la façon du protoxyde d'azote. Prenant souvent une couleur bleutée en fonction des ingrédients utilisés, ce poison éthylique, très corrosif, était une épreuve assez commune pour tester la résistance des Orks.

Le duel qui allait avoir lieu, imposait à chaque participant de s'immerger dans un tonneau plein et d'y rester le plus longtemps possible. Par la suite, le vainqueur se devait de boire une rasade de chacun des tonneaux avant de poursuivre éventuellement le duel dans un nouveau round.

Evidemment, les paris allaient bon train... Mais pour le moment, il était difficile de savoir qui seraient les duellistes.