De sang, d'or, de larme, et d'acier...

Chapitre 28 : les larmes du phénix

Devant la demeure du domaine sombre et vert qu’elle venait juste de quitter, Gabrielle laissait courir son ombre sous les premiers rayons de la lune jumelle qui jouait avec sa robe, pleine et ronde comme les formes de la jeune femme, l’astre chagrin se plaisait à se découvrir de la sorte sur les vêtements aériens de la belle peu affolée de cette indélicate attention.
Il n’y avait aucun malaise sur son visage peint au sortir de l’étouffante jungle, le ciel étoilé et moqueur, priait sa venue et en brillant de plus belle, laissa choir dans ses longs cheveux défaits, l’ondulation d’une lumière filante.

-« Faites un vœu, maitresse… »

Pas un son à des kilomètres, juste la douleur et les sueurs du combat des contraires effacé d’un revers d’une savante manche à la rose dentelle, le rouge dans la nuit d’une merveilleuse symphonie, se laissait bercer dans l’éphémère mouvement d’air crée par la dextre folle, parcourant son cœur meurtrie, qui battait à rompre dans le corset geôlier, seul gardien du mouvement et du bruit qui entourait l’archange perdue dans ses pensées incestueuses.

-« Qu’il soit encore en vie… »

Il ne semblait pas y avoir de garde pour contenir les sentiments qui l’a parcouraient à présent, tout en s’éloignant du bord du chemin ouvragé qui semblait serpent conduire à l’entrée, Gabrielle empruntât des pas erronés pour venir contre la muraille, craintive se plier.
Elle glissait dans l’ombre de ses doigts bagués, ses mains contre les parois lisse de l’édifice, semblait en sonder l’artifice, cherchant en le longeant un labyrinthe au combien incertain qui lui permettrait de se perdre définitivement dans les délires de sa luxure.
Continuant de suivre le mur portant, de son stéthoscope manuel elle recherchait les battements de cœurs de celui qu’elle aimait comme son frère…

-« Où peuvent t’il bien le garder... »

Puis après un moment, elle finit par s’arrêter, le cœur trébuchet aurait fait que s’écroule les montagnes d’architectures qui la séparaient de son jumeau, contre sa main tremblante et moite, elle le sentait ce cœur reflet du sien qui battait si doucement…
Inquiète alors, la lune pleine hurlait sa victoire, alors que l’archange affolée posait sa main sur toutes les briques qui la séparaient de Feyde.

-« Quel est donc le bon bloc ! »

-« Là je crois qu’elle débloque… »

Puis après un court moment d'essais divers et avariés.

-« Celui là ! »

Glissant sa main contre la paroi du mur, celle-ci devenue liquide permit au fantôme de Juliette de traverser la pierre comme d’une fenêtre, tout son corps fluide et ses vêtements passèrent pour se retrouver après plusieurs centimètres de diamètre, et de râpeux attouchements, dans une geôle sale en pleine déréliction, ou la misère d’un Roméo faisait si peine à voir.
Autrefois paré de toute sa superbe, l’archange du feu misérable dans la paille et les chaines prisonnières, arracha un sursaut de culpabilité infinie dans la poitrine charismatique de l’archange de l’eau, sa jumelle prismatique.
Après la latence convenable à une telle contemplation sulpiride, l’annonciatrice s’approcha et se posa à genou comme pour une prière, Marie non mariée prenant la tête de Joseph, comme pour lui annoncer.

-« Je suis enceinte, vous n’avez pas le droit de m’enfermer ! »

Ignorant Lyne qui faisait son petit effet, la voix criarde de la fée n’eut l’intérêt pour Gabrielle qui allait s’apprêter à fracasser la boule de verre contre une des parois translucide de la prison de son frère, de réveiller un peu ce dernier comateux.

-« Fayde, parle-moi... C’est moi ta Gabby, mon amour, mon frère… pourquoi est tu dans cet état… qu’on t’il fait de toi ! »

Par terre, tout prêt d’elle croupissait des restes alimentaires et l’odeur de la pièce insupportable de défection, amplifiant son mal à l’être dans cette nouvelle Sion.
De son visage coulait de vraies larmes cette fois, qui larmes qui n’existaient que pour lui, de cruelles armes pour d’autres qui ne pourraient pas nettoyer l’enfer pire qu’Uriel qu’elle appréhendait soudain, elle l’avait laissée là mourir comme un chien contre ce stupide accord avec le roi Velvorn…
Il y avait encore un semblant de vie en lui, effaçant maladroitement ses larmes de sa manche toujours discrète, elle se forçat à lui sourire.

-« Je viens pour te sauver… »

Ses mouchoirs manuels s’affairaient à présent sur les chaines crasseuses qui détenaient son frère, mais sa faible force de femme ne faisaient pas l’affaire, elle qui cherchait dans un ressort à lui arracher de sa hargne aveugle, embrumée à nouveau par les larmes de sa honte, elle s’acharnait sans effet sur le métal du supplice, avec sa passion comme seul chemin de croix, elle lâcha à trois reprise les armes passives.
Gabrielle ne se rendait pas compte que les chaines étaient déphasées, et qu'en fait l'ange n'en était pas entravé, se croyait t'il lui aussi prisonnier de cette superbe supercherie orchestrée auparevant par le faux Evanescent... qui peut le dire.

-« Je n’y arrive pas seule… ne peux tu m’aider ? »

Sa phrase à distance de la scène, n’avait aucun sens, s’il avait pût se défaire n’aurait t’il pas tout tenter pour se faire et s’enfuir avec elle.
Cependant dans un sourire échangé, l’archange du feu commençât à chauffer, de l’eau suait des pores de Gabrielle comme pour la protéger de cette dernière attaque calorimétrique, mais elle dût finalement les retirer du revêtement cutané de son opposé lorsque celui-ci atteint une température insupportable pour elle, elle s’écartât la marque des fers sur les paumes meurtries...
Rien n'y faisait... la chaleur de son élément protecteur ne semblaient pas avoir d'actions sur les chaines trompeuses.

-« Gabby, petite sœur je n’ai jamais douté que tu viendrais me secourir…»

Le ton était las, l'ange du feu se croyait encore prisonier, alors qu'il n'y avait que les murs pour pouvoir le contenir, mais sur celui des lamentations, Gabrielle avait main mise...

- « Et dire que si je n'étais pas bêtement enfermée, je pourrais vous aider... »

Soupira l'insolente, Gabrielle était au bord de la crise de nerf devant un problème si simple en apparence, mais les casses têtes qui n'ont pas de solutions, même s'ils pendent aux poignets et aux chevilles, ne lui donne pas entière maitrise de sa raison.
Elle sortie donc Lyne d'une de ses poches en dentelles rose, pour la cerner de ses pupilles symétriques et réactivement inquiétantes.

- « Et comment donc petite impertinente, ta force minuscule, en plein crépuscule, satisferait l'amante? »

- « La menthe je ne sais pas, mais les choses minuscules comme moi, n'ont pas de chaines qui trouvent leurs tailles...»

- « Taches de dévolopper plus vite, si tu veux éviter l'entaille !»

- « Désolée, un vieux réflexe...»

- « Il est révélateur !»

- « Nous autres petites fées, nous avons le pouvoir de tout rapetisser...»

- « Comme ton cerveau ?»

Léviathan avait de bon mots parfois, ce qui fit sourire un instant sa maitresse, mais plus sérieusement elle enchaina.

- « Je ne vois pas en quoi rapetisser les chaines de mon frère, pourra le libérer, tu veux donc lui couper les veines ?»

- « Je ne faisait nullement allusions aux chaines !»

- « Si j'avais ma télécommande, on pourrait la zaper...»

- « Je pensais plutôt à faire rapetisser votre ami.»

Passé un instant de blonde réflexion mutuelle, Gabrielle consentit à présenter la boule contenant Lyne toute proche du prisonier.

- « Projettes ta poussière au travers de la fente, je ne te fait pas encore pleine confiance, tu as esseyer de me rouler autrefois...»

- « Il est vrai qu'elle est bien roulée cette petite fée!»

La poussière féerique enfin libre de sa prison, voletait amoureusement autour de Fayde, qui se mit à éternuer.

- « Le diagnostique est formel, c'est une allergie au fée !»

- « Fessée, une allergie...»

Puis alors que tous s'étaient cristalisés sur ce son, ils furent d'autant plus surpris lorsque le grand archange du feu se mit à rétrécir à vue d'oeil pour atteindre enfin libéré de ses entraves, la taille apréciables de Lyne.

- « Maintenant qu'il est libéré, refais le grandir !»

- « C'est que...»

- « Quoi donc, ne me dit pas que...»

- « Je ne dit rien alors.»

- « MON FRERE EST CONDAMNE A RESTER UNE SORTE DE MOUCHERON !»

Sur son doigt voletait l'ange du silence, qui ressemblait à une miniature de fée masculine avec ses petites ailes qui crachotaient des flamèches...

- "Moins fort gabby, j'ai de toutes petites oreilles maintenant..."

- « Qu'est ce qu'il raconte, on l'entend à peine !»

- « Nous autres les fées nous sommes obligés de crier pour vous le peuple des sourds !»

- « Nous autres ? mais il est hors de question qu'il reste ainsi, ce n'est pas avec cette taille minuscules que le roi orange va perdre discrédit !»

- « Même pour neuf crédits, je te conseille de changer de banque...»

Gabrielle créa une sphère d'eau similaire à celle qu'elle avait employée avec Lyne pour protéger son frère qui n'avait pas la voix aussi criarde que sa voisine, et le rangeant dans une poche jumelle de dentelle, elle conclut.

- « Un problème à la fois, je te promet de te rendre ta taille normale plus tard, pour le moment... il arrive !»

Lyne qui ne semblait pas avoir entendue l'avertissement théatral, continuait de plus belle.

-« J’avais une envie soudaine de me faire un nouvel ami à ma taille, tu permettrais à nos deux boules de communiquer ? »

-« Désolé mais toutes les boules de votre correspondante sont occupées… »

Gabrielle plassa Lyne de même, mais à l'opposée de son frère, lorsque l’on tapa soudainement à la porte.
L’archange en deuil de taille, tourna la tête vers le seuil, qui s’ouvrit dans un grincement sans peur, aucune expression dans ses yeux meurtries lorsque l’ombre debout devant elle qui emplissait les autres de terreur.

-« Et bien ma chère, je désespère un jour de vous voir faire une entrée chez moi par la porte prévue à cet effet ! »

Le roi vert, puissant druide nécromant de la forêt maudite, en possession du cristal de l’unicité encore fragmentaire, était là en personne dans l’auge où se tenait sa visiteuse peu surprise de sa présente majesté, derrière son masque de fer, se cachait une liche en devenir des plus puissante sur cette terre…

Chapitre 29 : La prophétie émeraude

Les effets de la poudre féérique sont d’hasards comme les étoiles des mondes sur lesquels nos raisons s’égarent en les voyant tomber des cieux où la magie se fait tard, faites un vœux…
Celui de Gabrielle aurait sans doute été de ne pas avoir celui qu’elle redoutait autant que le prince orange, à la bouche immonde d’une porte bien ouverte sur la geôle malodorante, se tenait en effet majestieusement le druide nécromant.
Fier chevalier recouvert de métal, derrière lequel ses entrailles auraient bientôt fait le plaisir des vers terrestres, la prose de l’élémentaire ne semblait pas l’astreindre à un quelconque repli forcé.
Dans sa poche de dentelles Fayde se leurrait seul, alors que sa jeune sœur se battait contre des heures plus dangereuses et pressantes du divin alliage.

-« Prince de la ténèbre, je viens pour celer ici notre accord, notre échange du faible contre le fort… »

En son fort intérieur, Gabrielle avait une délicieuse appréhension envers le spectre au masque de fer, le monarque par sa seule présence dégageant tout l’étendue de son pouvoir dans la plus simple des prisons.
Son cœur thoracique soulevant sa poitrine discrètement, elle ne voulait rien laisser paraitre, cependant elle était en nage intérieurement, ce qui pour l’élémentaire de l’eau n’était pas pour déplaire.

-« Elle arrive comme je vous l’avais promis, celle-qui-fait-les-liens-entres-les-mondes, et bientôt surgira des dimensions votre troisième lieutenant le plus immonde ! »

Elle regarda souriante le pendentif encore incomplet qui pendait à son coup.

-« Le cristal de l’unicité sera bientôt complet, comme je vous l’ai prédis il y a quelques années, la prophétie d’émeraude connaîtra un succès… »

Après une pause d’un lourd silence que pas même la fée Lyne ne troublât, elle récitât.

Lorsque les trois rois d’Eden sous le ciel s’affronteront
De leurs duels pour Tyllen, naitra la mort et le poison
Orange, rose et vert, les couleurs de leurs blasons
Feront que jaillisse l’enfer, au dessus de Sion

---

L’un est vert comme la rage, aussi froid que l’hiver
Son masque de métal, cache un nouvel enfer
Eclaircira le mal, du troisième chevalier
La franconie vivra le pire de ses âges, et sortant du charnier
Celle-qui-fait-les-liens, passera entre les mondes
Peste, mort et destruction, n’auront pour seule instruction
Que d’unir leurs desseins, dans le cristal des ombres

Le lord méditait ses paroles qu’il avait reçut à la première annonciation de Gabrielle, lorsqu’elle lui était apparue en trombe, sortant du plafond.

-« Vous me cachez toujours les deux autres prédictions ! »

La prophétesse plein de charme émit un sourire sur ses somptueuses lèvres peintes qui aspiraient à autre choses que de muettes contemplations.
Sa main posée sur un rebord de la prison commençait déjà sa liquéfaction, la retiendra t’il pour l’avoir prêt d’ailes…

Flèche 32 : La succube

Alia’ane était exsangue, rien n’importait pourtant à ses yeux que de quitter ces lieux, et dans la fuite pleine d’audace, ces fentes palpébrales de par la vitesse entrecoupé de sa respiration saccadée presque brutale et écorchée à tenir dans son dos délicatement humide où se logeait sa perfusion vivante, se murèrent dans un étranglement glacé de liquide expiés par ses canaux lacrymaux, devant le clampage délicieusement sauvage de Selath à sa carotide nacrée et roulante entre ses dents effilés et bandantes…
La douleur nucale, n’avait rien de pontale, pourtant dans l’effort et l’adrénaline du moment, se sentir ainsi aspirée de sa force vitale, avait quelques chose de terrifiant et de contradictoire dans l’esprit double de la jeune femme.
Il y avait une certaine forme d’acceptation, de confiance, de séduction même dans ce baiser hémorragique, mais aussi beaucoup de douleurs si intimes, qu’elles en devenaient voyeuse de la soumise canasson.
Aussi guidée par un réflexe bien conservateur, l’américaine stoppa son président plein d’appétit d’expansion, pensant qu’elle n’aurait pas à en subir l’émancipation, elle chuta pourtant quelques mètres plus loin de cette improbable arme de massive destruction, son anémie ferriprive clamant son abandon.
Le vampire la seconda, et c’est ensemble encore qu’ils sortirent de ces effroyables jardins pour se retrouver devant le manoir du Lord, où s’accompliraient leurs destins.

De la lumière noire filtrait au travers de la porte qui cachait le boudoir, la lune pleine de moquerie, masquait son infamie derrière un nuage sombre et protecteur, pas de garde pour en surveiller le seuil, mais le sentiment étrangement malsain d’être attendue par l’aspirante bâtisse.
Alia’ane avait mal aux reins d’avoir courut ainsi, et Selath prudent avait ses sens retrouvés bien en émois, qui palliaient à ceux troublées de la gardienne mal fagotée.
C’était un peu au pied du mur qu’Alia’ane avait son nez bouché dans l’encolure de la porte noirâtre face à la lune cachée, ses hanches refusant d’avancer plus….
Elle se refaisait le film de la soirée, sa rencontre avec la vieille harpiste, toute cette histoire de prophétie déjantée, mais l’espoir derrière la porte d’obtenir le pouvoir d’être à nouveau aimée, se faisait de plus en plus ressentir dans son esprit délabré et vidé de son globuleux artifice.

-« Hum, çà sent le souffre… »

-« Ce n’est pas moi ! »

Se démordit le vampire reput.
Derrière la porte qui finalement s’ouvrit sans autre forme de malice, une curieuse odeur capiteuse et entêtante, bien différente de celle champignonneuse qu’ils avaient quittée auparavant, fit frémir leurs nerfs olfactifs…
Au bout du boudoir se tenait une femme d’une extrême beauté, son corps n’avait plus rien a envié à la chasseresse décoiffée et dans un état bien moins présentable qu’il y avait une nuitée ; et les mains de l’hôtesse sur ses hanches donnaient dans l’ombre de la lumière qui la silhouettait sur son sans contexte charmant postérieur, une curieuse impression d’un succube sans queue mais pas sans elle, qui les accueillait songeur…

- « Il est rare d’avoir des visiteurs si nycthéméral… Entrez, nous vous attendions depuis une heure… »

A défaut de succube c’était la prêtresse Claudia forte eau de parfum courante de ce qu’il semblait se passer dans sa forêt.

- « Lyne est la gardienne de la forêt maudite, et aussi un précieux informateur… »

Ramenant le bougeoir qu’elle tenait de sa délicate main droite, son visage d’une cruelle intelligence se reflétât, cependant et satisfaisant à sa non moins cruelle habitude, Alia’ane ne put s’empêcher une de ses intérieures réflexions…

*Ils ne sont pas de la même taille…*

Selath était perdu dans la contemplation de ces nichons…

Du fin fond des cuisines du château, le parfum étouffant de la prêtresse se transforma en vision de deux visiteurs... Une espèce de garde chasse et un moustique acharné sur son cou arrivaient... Les invités du maître...

Je montais donc leur ouvrir avec courtoisie, mystère et sadisme.

"Il est rare d’avoir des visiteurs si nycthéméraux… Entrez, nous vous attendions depuis une heure… Lyne est la gardienne de la forêt maudite, et aussi un précieux informateur…" ajoutais-je en ramenant le bougeoir près de mon si doux visage.

D'un même geste, je m'écartais afin de laisser passer Alia'Ane et Selath, les yeux plongés dans mon décolleté. La sensation de ce regard flattant mon encolure était une sensation habituelle et toujours aussi jouissive. A ma merci sont les hommes, et même certaines femmes...

A peine étaient-ils entrés que je claquais la porte violemment, mouchant la chandelle dans mon geste. Sentant la peur s'insinuer dans les esprits, je me précipitais devant eux à toute vitesse dans un bruissement de mes robes...

"Lumière, lumière..." murmurais-je à ma chandelle qui se ralluma sur mon visage empreint d'une expression taquine. Puis à mes invités " Suivez-moi, Notre Seigneur vous attend..."

Je leur tournais le dos, faisant de nouveau virevolter ma robe violette et mes longues manches évasées brodées de fils d'argent.

Je leur fis faire moult détours par de sombres corridors et des escaliers lugubres, tantôt montant, tantôt descendant dans les entrailles du château aux tapisseries relatant les morbides exploits de mon cher et incroyablement sexy Nécromant...

Enfin, je me décidais à les conduire dans le salon. Me retournant une dernière fois vers eux, je leur dis :

"Votre rendez-vous se trouve derrière cette porte et moi je ne serai pas loin. En cas de besoin... Chantez !"

Puis Ombre, Ombre ! Prends moi en ton sein et efface-moi, chantais-je tout en assenant trois coups à la porte du petit salon.

Après une pirouette, je disparaissais, camouflée, avalée par les sombres recoins du château, ne laissant que ma petite chandelle au sol.

Après avoir congédié le semi-ange estropié, le Seigneur Nécromant avait eu besoin de calmer sa fureur et s'était engouffré dans la première sortie de la grande salle qui s'était présenté à lui.

Tout semblait aller de travers depuis quelques temps. Par les enfers !

Un pépiement discret. Un Oeil...
Un grognement issue du fond de la gorge lui répondit, celle du Lord.

La visiteuse promise depuis quelques temps par la terrible angélique diablesse semblait enfin être arrivée. Bien !

Que les intrus...
Que les visiteurs soient conduit dans le petit salon de visite et que la Garde soit prête.

Dans un magnifique mouvement de cape, l'ex-druide modifia son itinéraire pour se rendre au salon en question par un chemin dérobé.

"Tout ne va pas si mal que ça finalement... La Trinité va enfin se rassembler..."

L'éclat de rire qui suivit aurait fait trembler le plus courageux des guerriers.

Flèche 33 : L'honneur ou l'amor...

Elle avait la grâce et la manière, la pureté de sa voix étrange et étranglée comme la cire dans un soupir de sa bougie, lentement de couler dans les tympans de ses hôtes, de venir se glisser insidieusement.
Invisible, Claudia n’en était pas moins présente, cependant plus qu’un doute sur les sens, Alia’ane entra indécente suivit du vampire écrasant l’incandescente fragile posée sur le sol, poétique dans une salle immense aux allures de cathédrale, où diverses statues cuivrées et argentées attendaient la prière d’une quelconque vestale.
Et au bout de cette immense salle, magnifique silence des armures et des armes, se tenait l’habitant de ses jumelles de décoration, le Lord Velvorn en personne, seul, et imposant.
Il semblait les attendre, ou l’attendre elle qui avait reçut la veille l’obscure prédiction d'une vieille folle, au sujet d’une prophétie verte et mûre.
Et perverse, l’archère-mage était rentrée dans leurs jeux, elle déclama sans effort tout en se rapprochant de plus en plus du trône, les mots d’un autre temps, qui se faisaient maintenant le présent…

L’un est vert comme la rage, aussi froid que l’hiver
Son masque de métal, cache un nouvel enfer

Le nécromant pour seule réponse l’observait activement, on sentait presque l’acquiescement à sa sombre espérance, sans surprise le destin s’avançait devant lui comme soumis par la pression des dieux, ou des archanges…

Eclaircira le mal, du troisième chevalier
La Franconie vivra le pire de ses âges, et sortant du charnier
Celle-qui-fait-les-liens, passera entre les mondes

Sur le tapis brodés de démons émasculés, Selath trainait du pied et de désarroi, lui seul des trois ne semblait pas comprendre de quoi il retournait.

Peste, mort et destruction, n’auront pour seule instruction
Que d’unir leurs desseins, dans le cristal des ombres

Un silence oratoire se fit entendre, froid, sans âme, brutal...

-« Je peux te donner ce que tu recherches ! »

Les paroles métalliques du Lord étaient teintés d’alliage dans les oreilles d’Alia’ane comme pour une machine trop parfaitement huilée dans laquelle un minuscule grain de poussière viendrait se glisser, et si elle était ce grain… de folie.

-« Par ce qu’on vous a fait croire que je venais chercher un pouvoir à mon cœur blessé… »

Alia’ane lui fit son plus beau sourire carnassier.

-« Mais non mon beau seigneur, je viens juste pour vous tuer ! »

Décochant le geste aux mots, elle tira une de ses nombreuses flèches sombres de son carquois enjolivé, tel un noyau d’olive fut cracher en direction du monarque de fer.
Le lord eut juste le temps d’allonger l’un de ses bras gantés, et du bois dont était fait la flèche, celle-ci régressât.
N’attendant pas le résultat, l’archère venait déjà de tirer une autre flèche qui en trois se scindât.
Elles connurent le même destin que la première, le Lord était nécromant mais druide à la base de leurs matières initiale il en avait fait de simples brindilles de bois, et la pointe de fer se détacha pour finir à ses pieds sûrs.

-« Mais comment ? »

Alia’ane étaient littéralement interloqué de son effet de surprise raté, ou du moins mis à mal par les pouvoirs immenses de la liche naissante et assise.

-« Une magie temporelle, il semble maitriser le bois… »

Les mots de Selath la rendirent encore plus impuissante, elle qui avait tout risqué depuis le départ pour son amour prisonnier de la tête de la sorcière Kuru, du plan qu’elle avait échafaudé à l’annoncer de cette prophétie qui lui permettait a coup sûr d’approcher l’ennemi séculaire à l’ordre du cœur dont elle faisait partie, sa fausse résignation, et maintenant son agonie…

-« Vous avez déchanté, je suis là comme promise… »

Claudia Pépita était réapparue derrière elle, sensuellement elle lui enfonça deux doigts dans les marques des crocs carotidiens que lui avait fait don le vampire derrière elle ; de ses fines phalanges porcelaines, coulaient d’une bague secrète un puissant poison narcoleptique dans ces veines.

-« Fait dodo, Alia’ane ma petite sœur… fait dodo, tu mourras bientôt… »

Chatonnait la prêtresse de sa voix douce.
Alia’ane eut le temps de se voir partir au pays des rêves, et sa dernière pensée embrumée fut pour un curieux ocs de mars consultant affolé sa montre, et maladivement en retard pour prendre une tasse de thé chez la sorcière de cœur.

-« Bien, maintenant la cérémonie peut commencer ! »

Se levant de son siège, le Lord scrutait imposant la moindre réaction du vampire de compagnie de celle qu’on lui avait prédit…
Il préjugeait de sa parfaite résignation, fidèle au sang qui l’habite ; il n’attendait peut être pas de rébellion de sa part.

Gigantesque, et pourtant écrasante. Majestueuse et horrible.
C’était tout ce que pouvais dire Selath de la salle principale du château aux allures de cathédrale. Elle était…

-Etrange... Cette salle est dérangeante.

Alia’ane ne releva pas. Non qu’elle était désintéressé, cependant… Selath ne pensait pas se tromper en la caractérisant d’angoissée. Il était sûr que la Gardienne avait quelque chose de plus préoccupant en tête, et décida de ne plus la déranger. Un picotement désagréable envahit soudainement la nuque du jeune vampire, et il observa la direction vers laquelle Alia’ane se dirigeait aussi résolument. Une silhouette noire se tenait debout, devant un trône à l’image de la salle. Sa seule présence coupait le souffle de l’assassin, rafraichissait l’air, ternissait la lumière.

-Alia’ane…

Mais celle-ci était toujours concentrée sur ses pensées. Enfin ses lèvres s’entrouvrirent, mais les paroles qui en sortirent n’étaient pas adressées à Selath Vereïs.

L’un est vert comme la rage, aussi froid que l’hiver
Son masque de métal, cache un nouvel enfer
Eclaircira le mal, du troisième chevalier
La Franconie vivra le pire de ses âges, et sortant du charnier
Celle-qui-fait-les-liens, passera entre les mondes
Peste, mort et destruction, n’auront pour seule instruction
Que d’unir leurs desseins, dans le cristal des ombres

Le vampire écoutait, interloqué. Les autres semblaient tout à fait comprendre de quoi il retournait, tandis que lui y voyait aussi clair qu’un aveugle en pleine tempête de neige.

-« Je peux te donner ce que tu recherches ! »

Cette voix ébranla le jeune albinos. Elle semblait émaner des entrailles même de la terre, avec un soupçon d’Amon Amarth.

-« Par ce qu’on vous a fait croire que je venais chercher un pouvoir à mon cœur blessé… »

Vereïs pressentit que quelque chose ne se passait pas comme prévu. C’était bien la seule chose qu’il comprenait, en vérité. Alia’ane décocha son fameux sourire carnassier, remémorant à Selath les conditions dans lesquelles ils s’étaient rencontré. Il dû se retenir pour ne pas éclater de rire et paraitre ainsi indécent dans un tel lieu. Alia’ane l’y aida.

-« Mais non mon beau seigneur, je viens juste pour vous tuer ! »

En effet, tout envie de plaisanter venait de déserter le vampire. Merci Alia’ane corporation.
D’un vif mouvement, la Gardienne banda son arc et tira. Cependant, en plein vol, le trait se disloqua. Le second connut le même sort. Le lord indemne, par sa puissance éblouissait l’albinos, à tel point qu’il entendit à peine le murmure d’Alia’ane.

-« Mais comment? »

-« Une magie temporelle, il semble maitriser le bois… »

Selath entendait les mots sortir de ses lèvres, mais sans pour autant reconnaitre sa voix. En l’occurrence, il n’était pas capable de reconnaitre grand-chose. Trahi. Il avait été manipulé. Il n’était rien d’autre qu’un vulgaire pion, lui qui s’était cru maître de son destin.

-« Vous avez déchanté, je suis là comme promise… »

Vereïs fit volte-face, surpris. Il n’avait pas entendu Claudia arriver, et doutait même qu’elle n’ait usé de quelconque magie pour se faire aussi discrète. Levant la main, elle s’apprêtait à agresser Alia’ane. Le vampire mit la main à son arbalète, mais s’interrompit brusquement . La Gardienne s’écroula sans raison apparente.

-« Fait dodo, Alia’ane ma petite sœur… fait dodo, tu mourras bientôt… »

*Une magie narcotique ?*

Mais en vérité, cela importait il vraiment ?

*Elle a peut être une explication… Elle s’est servie de toi, mais elle avait probablement une raison. Il faut la sauver*

Un soupir. Un silence.

*Cesse de te leurrer. Tu aimes tant ton monde d’illusion ? Tous les humains sont pareils*

Ces réflexions internes s’arrêtèrent en même temps que la décision de Selath. Il chuchota à Alia’ane, assez bas pour que personne ne l’entende :

-Tu avais raison. C’était bel et bien dans ce château que nos chemins devaient se séparer. Je ne te nuirai pas. Mais n’attends guère quelconque aide de ma part. Tu connais mon histoire. Tu sais à quel point je suis rancunier.

Au dernier mot, Alia’ane céda à la torpeur. Elle s’effondra silencieusement, et l’air se fit plus frais encore.
L’albinos se redressa, ne sachant même s’il préférait que son ancienne compagne de voyage vive ou ne meurt. Mais peut importait maintenant. Les humains ne l’intéressaient plus; contrairement à la silhouette qui se tenait devant lui. L’albinos était intrigué. Qui était donc cet être, si puissant ? Qui avait pu s’opposer aussi aisément à la Gardienne ? Le vampire fit un pas en avant, puis s’immobilisa.

-« Bien, maintenant la cérémonie peut commencer ! »

Le vampire attendit, sans réaction, la suite des événements.

Sortie à son tour des ombres des colonnes, Algarys, la seconde prêtresse du Culte, s'avança dans la lumière, suivie de près par une demi-douzaine de silhouettes encapuchonnées. Les sorciers, créatures voutées par les années et corrompues par un usage intensif d'arts mystiques, viennent se placer en arc de cercle de part et d'autre de leur seigneur et maitre. Au centre, le corps inanimé de la garde-chasse est placé au centre d'un tracé complexe mêlant courbes folles et lignes brisées agrémentées de symboles cabalistiques.

Les Prêtresses œuvraient rapidement et en silence, afin de compléter le pentacle et les différentes lignes de force autour du corps d'Alia'ane qu'elles avaient disposé d'une façon précise. Le Lord assistait aux préparatifs, silencieux à présent. Il se préparait mentalement et rassemblait en lui les énergies qui lui permettraient de débuter ce rituel qu'il avait mis si longtemps à préparer.

Une mélopée se faisait entendre. Les sorciers. De leurs voix cassées, haletantes, grinçantes, grognantes ou simplement sifflantes, ils entamaient la première phase.

"Il est temps. Temps d'ouvrir cette porte. Temps de retrouver ce qui a été perdu. Car ce qui a été perdu doit être retrouvé. Et ce qui sera retrouvé devra être complété. Car telle est ma volonté. Oui. Ma volonté est d'ouvrir cette porte. Cette porte qui m'empêche de réunir la Trinité. MA Trinité."

Il a parlé calmement, posément. Comme s'il expliquait à Selath resté là ce qu'il allait faire et pourquoi. Mais sans le regarder, sans même se tourner vers lui. Il était là, au bord d'un précipice métaphorique entre la réussite du rituel et sa victoire sur la Vie ou un échec et la victoire de la Vieille Harpie.

A cette pensée, Velvorn grimaça derrière son masque... Gaby... S'il échouait, là, maintenant, que viendrait-elle lui proposer cette fois ? Elle avait décidé de reprendre celui qui avait été un hôte forcé de ces lieux pendant si longtemps qu'il faisait presque partie des murs. Pourquoi ? Et le Phylactère...

Le nécromant devait se reprendre, il sentait ses pensées s'éparpiller... Il fit un pas en avant en levant les bras, attirant à lui les énergies que le chant préparatoire à accumulé autour du groupe. Les yeux fermées, il commença à réciter à voix basse les formules durement élaborées, bras toujours levés.

Les sorciers psalmodiaient toujours, le Seigneur récitait et les Prêtresses guettaient toutes imperfections de l'ensemble, maintenant l'équilibre d'une note claire et gracieuse pour l'une ou d'un mot juste et chargé de pouvoir pour l'autre.

Le corps de l'inconsciente commença à irradier lumière et énergie magique. A cet instant, l'accumulation dans la pièce était telle qu'un non-initié aurait pu voir de ses yeux les volutes magiques tourbillonnant sous le haut plafond, parcourues de l'intérieur par des décharges de mana issue de toute la contrée environnante.

Un vent à l'origine inconnue se mit à souffler dans la pièce, balayant les invocateurs de ses bourrasques. Mais ils tinrent bon.

Les torches furent soufflées et des débris variés volaient dans la pièce. En différents endroits, on entendaient les Yeux pépier et caqueter, complètement terrifiés. Mais ils tinrent bon.

Lentement, le Maïtre Sorcier se mit à brandir un cristal devant lui, LE Cristal. Il récitait toujours, à voix basse, mais ses yeux étaient désormais fixés sur celle qui lui permettrait d'accomplir le transfert vers cet ailleurs incertain.

Du Cristal de l'Unicité, un arc électrique jaillit subitement, semblable à la foudre, pour aller frapper la Gardienne en plein cœur. Sous un tel assaut, elle se cambra, électrisée, mais son visage serein n'arborait nulle trace de souffrance et garde au contraire ce petit air surpris qu'elle avait au moment où le poison fit effet. Un halo commença à naitre. De cette aura bleue électrique, une déchirure de l'espace sembla apparaitre peu à peu. La noirceur au-delà de l'ouverture aurait pu venir du plus profond des tombeaux ou d'abysses abyssaux si ce n'avait été cette sensation de vide qui en émanait.

"Viens à moi ! Viens ! Je te l'ordonne ! Que ce Cristal réunisse ce qui a été désuni ! Que ce Cristal rende unique ce qui a été dispersé !"

L'appel du Nécromant sembla se matérialiser lorsque, du Cristal, surgit un long tentacule aussi fantomatique que prismatique qui se tendait mollement vers la déchirure qu'il pénétra sans un son.

Les sorciers scandaient à présent leurs paroles, continuant à amasser et à attirer le mana. Alia'ane continuait à se contorsionner, toujours frappée par la foudre qui la liait au Cristal et au portail. Et les Prêtresses se tenaient désormais derrière leur Seigneur, l'assistant de leurs arts.

Flèche 34 : La dernière porte.

Aux rythmes envoutants et entrainants des psaumes scandés, l’inconsciente créature frappée par le cristal de l’ombre, s’avançait dans des couloirs terrifiants...
La représentation spirituelle de la jeune femme se trouvait dans un dédale de pièces étranglées et de portes totalement identiques qu’elle ouvrait pour échapper à ladite clameur.
La dissociation entre cet atmosphère qu’elle attribuait à tord aux rêves et le réel ne lui était pas accessible ; et alors que sa chair s’ouvrait en d’étranges contorsion, cette dernière restait prisonnière de cette nouvelle dimension dans laquelle elle ouvrait et refermait sans but une miliaire d’ouvertures.

-« Tout est identique ici, cent serrures et toujours ce bruit qui me suit. »

Les rêves d’Alia’ane ont de cela d’étrange qu’ils ne gagnent jamais à être expliquer clairement, et comme lui avait dit le grand lapin blanc qu’elle avait croisée tantôt :

-« Au troisième top, il sera exactement 19 heures, 12 minutes et 26 secondes ! »

Mais alors pas moyen de se souvenir ce qu'elle avait fait après… ou avant !

-« Rattrapez la, et qu’on lui coupe la tête ! »

Alia’ane prit ses jambes glabres et dénudés à son cou où la marque spirituelle des crocs de Selath son vampire de compagnie ne s’était pas tout à fait éteinte…
Aucun repère de temps, aucun signe pour orienter sa cacochyme progression ; mais elle en était sûre, une horrible reine au cœur ensorcelée avec une armée de carte de Taro à sa tête, cherchait à la rattraper.
C’était des impressions de déjà vus, des poursuites dans cette forêt de couloirs, empire des fées aux noms destinés.

-« C’est l’heure exacte de ta mort, petite cochonne ! »

Ombre innommable, pauvre chevalier divisé en deux entités contraires ; non pas cette porte, vite, fuir encore son passé…

-« C’est toi qui de ma tête aura tranché ! »

Alia’ane referma immédiatement la mauvaise porte où se tenait le cauchemar du paladin Tallyon avec son chef sanglant entre ses doigts.

-« Pour un millier de flèches, j’ai voulut te protéger… mon amie ! »

Fuir le saint Sébastien ; Missal recouvert de flèches noires et qui la condamnait de sa gentilesse par l'ouverture d'une autre porte où elle pensait s'enfuir...
Un claquement de porte puis le silence… et des larmes sur les genoux du dallage aux carreaux manichéens.

-« Ne me torturez plus, je me rends… j’ai perdu ! *sanglot* J’ai perdu, vous qui ne connaissez pas l’amour qui tue… »

Son pendentif en forme de cœur se rompit sous le coup de la pression psychique et s’ouvrit en deux.

-« Raphael mon âme sœur que je ne reverrais un jour, que je… »

Les larmes de la jeune elfe finissaient de se rassembler prêt du portrait de l’elfe blond et souriant qu’elle chérissait ; se cristallisant et convergeant contre les lois de l’apesanteur, prirent la forme d’une petite bouteille en cristal de la taille d’un magnifique bibelot et sur laquelle un petit pennonceau était accolé.



L’ex gardienne de la forêt enchantée le portât à ses lèvres avant de finir de déclamer sans suites et sans méfiances à l’encontre de l’étrange phénomène :

-« Je bois à toi Roméo, faite que la mort nous rejoigne bientôt ! »

Le liquide glacé secoua sa gorge sub-luxée par le geste d’ingérence offerte au breuvage qu’elle voulait fatal ; son charisme se souleva dans la même inspiration, mais rien ne se produisit.

-« Cruelle, tu n’a trop entendue ! »

Dit-elle à la bouteille alarmée qui finit par la rage du désespoir au fond du couloir pour venir se brisée en d’autres armes décevantes.
Mais lorsque la chasseuse-mage se redressa, la pièce était immense et elle avait rétrécit à mesure qu’elle s’ascensionnait ; Alia’ane petite souris avait les deux pieds posés sur le même petit carré de sol blanc.
Regardant les parois du couloir occulté par de nombreuses portes gigantesques et multiples, elle s’avançât non loin de l’endroit où elle avait jetté la bouteille rapetissante, un toute petite porte en bois rouge et à sa taille celle fois apparut dans son champs de conscience.
La porte était fermée, mais elle avait l’impression qu’il y avait quelqu’un de l’autre coté !
Et c’est en pensant à Missal et Tallyon quelle posa une oreille discrète sur le revêtement du bois en ce demandant si par malheur le cadavre de la fée Lyne ou une autre d’ailleurs n’allait pas lui sauter à la figure en criant :

-« BONJOURS ! »

Mais comme elle n’entendait rien, elle se risqua un œil dans la serrure et oh surprise, elle vit un œil à l’iris rouge qui faisait pareil !
Alia’ane se recula en panique de la petite porte, elle avait eut grande peur du vitré inquiétant de l’organe mateur.

-« Qui est là ? »

( . . . ) *silence*

-« Alia’ane ? »

Elle n’en crut pas ses longues oreilles, la voix exacte de son amour Raphael était derrière cette porte, mais pourtant, cela semblait impossible…

-« Raphael ? C’est… c’est toi ? »
-« Oui ! »
-« Mais comment à tu fais pour sortir de la tête de la sorcière Kuru ; je croyais que les fragments d’âmes implantés pour la protéger de la prophétie orange lors du grand recensement par Frère Evanescent ne pouvaient pas être retirés ! »
-« J’ai réussit à m’enfuir, mais fait vite, ouvres moi ! Je suis poursuivit par une araignée géante ! »

Elle était si contente, si irrationnelle qu’elle ne prêtât pas attention à l’écriteau suspendue à la poignée de la porte en essayant de l’ouvrir, qui tomba que le sol, et où était inscrit les mots suivants :



-« Je n’y arrive pas… elle… elle semble fermée à clé ! »
-« Vite mon précieux, elle est sur moi ! »
-« Attend, rhaaa ! »

Alarmée et imprudente, Alia’ane souleva un des morceaux de la petite bouteille qui en miette aurait fait actuellement sa taille : se blessant aussi bien spirituellement que émotionnel avec le verre, elle en introduit la pointe musclée dans la vieille serrure.
On entendit un déclic.

-Je crois que c’est bon !»

Dit-elle en entrouvrant la porte, mais alors que la commissure fut à peine baillée, une odeur détestable de mort et de désolation emplit tout le couloir où elle se tenait… Elle voulut refermer de suite la porte mais… trop tard !

-« Enfin libre, Milles ans déjà que j’attends çà ! »

Tel le génie de la lampe, un être d’une taille colossale et d’une puissance sans nom se matérialisa de l'ouverture qu'elle poussa complètement, en un instant devant elle, si petite.

- « Où… Où est Raphael ! Quand avez-vous donc fait !!! »

Cria-t-elle lorsqu’elle eut retrouvé l’usage de sa stupeur, mais pas de sa raison.
Le colosse la sonda de toute sa hauteur, avec des yeux envieux.

-« Voilà donc l’être inapte qu’il faut remercier, je suis le 3ième avatar de la trinité, et comme tu m’as libéré, je t’accorde tout ce que tu souhaites, mais fait bien attention à ton vœux ! »

Alia’ane était t’elle interdite devant ce mauvais feuilleton animé, du moins elle ne le montra guère car son espoir déçut une fois de plus la rendait obstiné et imprudente envers la divinité de la guerre et de la tromperie.

-" Je veux voir celui que j'ai entendue... "
-" Raphael, où est tu ? "»

Fit t’il semblant de chercher autour de lui.

-« Je l’ai entendu tout à l’heure, j’exige d’être avec lui ! »

Le troisième chevalier répliqua froidement, tandis que des cercles infernaux commençaient à s’ouvrir de son corps pour lui permettre de s’échapper de cette dimension où Velvorn avait conduit « celle qui fait les liens entres les mondes » et sujette de la prophétie émeraude pour libérer son plus infidèle sujet.

-« Raphael est un être qui n’existe pas ! Ce n’est qu’un fragment que je t’ai volé dans ton inconscient pour mieux te tromper, il n’a pas de réalité dans ce monde !»
-« Non, je... *sanglot* ...je l’aime, c’est suffisant pour exister ! »
-« Tu aimes le néant, ce qui n’existe pas et gouverne toutes choses, de ton souhait maintenant voici la close… »
-« Ne dites pas qu’il n’existe pas… ne le dites pas, ce n’est pas vrai… »
-« Tu va me servir de pont pour rejoindre celui qui se croit mon maitre, et ainsi j’exaucerais ton vœux, tu ne seras plus rien ! »
-« Ce n’est pas vrai… Evanescent pourquoi n’êtes vous là pour le lui dire… »
-« Oh cercle infernal, que mon chemin suive le fils d’Alia’ane pour préparer le pire ! »
-« Je l’aime ! »
-« Je suis ta haine ! »

De l’autre coté du monde, à Mander-Alkor, un autre miroir venait de se briser…

…

Dans le réel à présent… le troisième avatar aidé par les incantations perpétuelles des mages noirs, des chants des prêtresses et du lord nécromant commençait de sortir par les voies génitales de la victime, et par tout les autres orifices…

Alia’ane, Gardienne de la forêt enchantée, Archère-mage de l’ordre du cœur, Chimère d’une force qui a finit par la dépasser et la détruire totalement que l’on nomme amour ; tombait dans un coma mortel, que nul ne pourrait réveiller autre que par le baisé sanglant d’un prince de la nuit…

Le froid. L'obscurité. Un isolement sensoriel quasi-complet si on considérait l'absence de chaleur comme une sensation. Combien de temps s'était-il écoulé ? Des heures ? Des jours ? Des années ? Des siècles ? Impossible de le savoir...

Tout ce qu'il restait pour occuper l'esprit de celui qui était devenu le CyberMage était de repenser à ses voyages précédents... Et à ce qu'il avait fait à chacun de ces arrêts...

Évidemment, il n'avait jamais envisagé de se retrouver coincé dans un piège inter-dimensionnel. Il fallait croire que la technologie n'était pas au point et qu'il n'existait aucune protection pour l'en préserver.

Dans la noirceur qui l'entourait, un trait de lumière apparut soudain. Une déchirure lumineuse semblait apparaitre dans le vide qui lui faisait face et se mit à grandir au même rythme que son sourire sinistre mais ravi. Une porte de sortie ?

Non, un trou de serrure... Un trou de serrure ! Qu'est-ce donc que cette folie ? Il s'en approcha et mira... Un oeil ! Oui...

-« Qui est là ? »

L'Être sonda alors cet esprit innocent qui s'offrait à lui tel un livre ouvert. Il lut dans ses pensées de façon étonnement claire... Mieux qu'il ne l'avait jamais fait.

"Alia’ane ?"

Il imita à la perfection la voix de celui qui occupait le centre des pensées de la jeune folle, ce Raphaël. Il savait ce qu'il devait faire à présent. La forcer à ouvrir cette porte dont elle était la maitresse involontaire. La charmer, la séduire, l'envoûter...

Ce fut ainsi qu'il put regagner un peu de liberté mais tout ne s'arrêtait pas là. Alors qu'il regardait avec satisfaction le cadre de la porte de sa prison se découper, s'ouvrant sur le monde imaginaire créé par l'inconscient de l'inconsciente, il explorait plus avant ce nouvel environnement. Il n'était pas encore totalement libre malgré son premier cri de victoire. Il restait encore à faire.

Il était encore sur le seuil d'une autre porte mais un monde plein de vie et de lumières l'attendait... De vie ! De vies !!! Il lui restait si peu de ressources à présent.

Magie ? De la magie !?

Bien sûr. Nulle technologie pour le tirer de là mais une magie... antique ? Cétra ? Faerye ? Psionistes ? Non, un pouvoir proche du sien, à la nature identique... Nécromancie !

Il avait gagné à présent, il savait ce qui l'attendait et à qui il devait sa libération. Qu'il était bon de se gausser des rêves de cette idiote ! Qu'il était plaisant d'imaginer son futur "Maître". Mais il devait d'abord quitter cet endroit, suivre le fil...

Une main fantomatique pénétra alors son univers et se glissa sournoisement vers lui. Par les Milles Enfers Pourpres ! Seule cette chose le mènerait à la sortie ! La main évanescente l'attrapa par le col et l'attira fermement vers l'ouverture. Qu'y avait-il donc au bout de ce membre intangible à la poigne si solide ?

Un écho lui parvint...[/i]

"Viens à moi ! Viens ! Je te l'ordonne ! Que ce Cristal réunisse ce qui a été désuni ! Que ce Cristal rende unique ce qui a été dispersé !"

* Me l'ordonner ? A moi ? Hum... Un Cristal ? *

A l'idée de s'approprier un artéfact puissamment chargé, il ne pouvait s'empêcher d'imaginer l'énergie qu'il en tirerait certainement...

C'est sur ces pensées que l'Être le plus malfaisant que l'homme puisse créer mis le pied en Franconie et s'y dressa de toute sa taille, pour le moment plutôt modeste et moyenne. Sans un regard pour celle qui l'avait amené dans ce monde, il posa ses yeux de braise sur l'autre seul homme de fer vêtu de la salle, indifférent aux éclairs de mana qui craquaient au-dessus de leurs têtes et au vent qui sifflait à leurs oreilles.

Sa voix s'éleva, puissante, couvrant le tumulte qui ne s'était pas encore calmé :

"Es-tu le chef de cette contrée, Sorcier ?

Attendant la réponse, il regarda rapidement les autres personnes présentes : les sorciers mineurs, les deux donzelles étrangement vêtues en arrière plan et, complètement en retrait, une aura vitale étrange, mi-vivante, mi-morte... Ce qui le ramène à la forme inanimée allongée au sol derrière lui... Une flamme presque éteinte...

Sans quitter des yeux le masque de fer de son vis-à-vis, il lève la main gauche au-dessus de sa tête, semblant apprécier la morsure des éclairs de mana qui la frappent.

Cela ne se pouvait. Elle était réellement morte ? Toute la haine, tous les sentiments contradictoires de Selath s’étaient envolés.

*Morte ?*

Le jeune vampire se précipita sur le corps qui s’écrasait à terre, des étincelles de magie crépitant encore, tandis que l’étrange lord s’attelait à la suite du rituel. Dérapant sur les pavés, qui étaient glissant malgré l’atmosphère lourde et sèche, il plaça ses bras juste à temps pour empêcher la tête de la gardienne d’heurter le sol. Avant même d’apposer les doigts sur la gorge de l’archère, Selath savait ce qu’il en était. Aucun poult. C’était fini.

*Tu désirais sa mort.*

S’il n’était pas horrifié par ce qui venait de se dérouler, le jeune assassin aurait éclaté de rire devant sa propre contradiction.

*Je ne voulais plus rien avoir à faire avec elle. Mais pas sa mort*

Cependant, Vereïs s’en rendait bien compte, c’était lui qui avait causé ce décès. Si il avait agit, il aurait peut être pu la sauver. Mais il n’agissait jamais. Selath Vereïs se contenait de suivre, de trouver un meneur capable de le guider.

*Je suis coupable*

De nouveaux, des sentiments indicibles émergèrent en lui. Il resta là, hésitant à lâcher ou non le corps. Mais, mettant une trêve à ses réflexions, Il vint.

"Viens à moi ! Viens ! Je te l'ordonne ! Que ce Cristal réunisse ce qui a été désuni ! Que ce Cristal rende unique ce qui a été dispersé !"

Le cristal, d’où les éclairs prenaient leur source, devint immédiatement un lieu de conflit magique. Un picotement parcouru la nuque du vampire, s’amplifiant rapidement pour avoir l’effet d’une crise de tétanie. Selath ignorait ce qui se passait, mais cela puait la sorcellerie. Et pas la meilleure. Non que l’assassin ait quelconque préjugés sur la nécromancie –les préjugés en question s’étendaient à toute forme de magie, c’était bien plus simple- , seulement, son malaise était si violent que sa source ne pouvait qu’être malfaisante.
Puis un portail se créé, et Il fut là.

"Es-tu le chef de cette contrée, Sorcier ?

Sa voix était puissante, et, malgré le vacarme assourdissant de la magie, Selath distingua le moindre de ses mots. Cet être entier était maudit, il était une abomination, l’abomination même. Que le Lord l’ait convoqué effraya le vampire, et le poussa à réfléchir plus avant sur lui. Mais son esprit était bien d’avantage concentré sur le nouveau venu que sur son allégeance. Il songea un instant à fuir, et jeta un regard vers la porte massive. Mais soudain, quelque chose le retint. Un détail avait changé. Selath Vereïs analysa alors les alentours, sans rien remarquer de particulier. Nulle nouvelle magie, nul altération de l’air ne l’affectait.

*A moins que ce ne soit trop infime pour que je puisse m’en apercevoir*

A cette pensée, il regarda le corps de la chasseresse. Peut être aurait elle pu discerner ce qui le gênait, elle…

C’est alors qu’il comprit. Une légère pression, infime, s’exerçait sur son doigt apposé sur la gorge d’Alia’ane. Elle était ridicule, et même en tant que vampire, il eut du mal à la percevoir. Mais pourtant, elle était bien là : C’était la respiration irrégulière de la Gardienne, mince souffle de vie. Cependant Selath ne s’en réjouit guère. Les intervalles entre les expirations étaient beaucoup trop saccadés et irréguliers pour qu’elle s’en sorte. En vérité, il n’existait presque personne qui aurait pu survivre à ce qu’endurait Alia’ane.

*Moi*

Lui-même aurait subsisté. L’assassin, par sa régénération accrue, pouvait subir de tels maux sans séquelles.


*Mais pas elle. A moins que…*

Une idée folle traversa alors son esprit. Une pensée brève, mais qui pourtant était si tentante…

*Elle m’a trahie. Je ne peux pas lui donner le Don de la nuit. Ce serait si illogique, un tel présent pour elle ! Et pourtant, je suis responsable de sa mort*

Selath jeta un regard au Lord. Que penserait-il, s’il sauvait la Gardienne ?

*Au diable le Lord. Au diable Alia’ane. Le vampire en ce jour s’émancipe*

Ainsi, il prit une double décision. Oui, il s’intéresserait à Velvron jusqu’à ce qu’il trouve les informations qui lui permettront de se venger de sa sœur. Mais l’assassin sauverait son involontaire victime auparavant. Et peu importait la réaction du druide déchu. Dans le pire des cas, si vraiment le Lord désirait sa mort, Selath parcourait de nouveau un bout de chemin avec la Gardienne, afin de trouver une nouvelle piste. Si elle s’en sortait, tout du moins.
Le tremblement de sa nuque revint alors que le Cybermage fit un pas, le ramenant à la réalité. La situation pressait. Attirant alors Alia’ane vers lui dans une étreinte presque passionnée, le vampire enfonça profondément ses crocs dans la tendre gorge. Immédiatement, le narcotique de Claudia s’infiltra dans sa bouche, et il tituba. La substance était sans égal. Malgré sa résistance naturelle aux poisons, Vereïs manqua de s’effondrer au pays d’Alice. Mais il se força à continuer cette symbiose, et cette fois sans interruption. Le jeune albinos ressentit la même sensation d’union que la première fois. Cela faisait une éternité qu’il n’avait jamais trouvé de refuge, d’endroit où il se sentait aussi bien. Alors, le vampire se laissait aller, buvant le nectar vital. Mais, se souvenant qu’il ne devait pas non plus tuer Alia’ane, il s’efforça de rompre la fusion. A peine ses crocs quittaient ils la gorge que l’assassin s’effondra sur le pavé. Maintenant, lui et sa compagne de voyage étaient inexorablement liés. Et, plus rien n’avait d’importance. Une impression de vide se fit dans l'esprit de Selath. Il apprécierait tant de reprendre cette sanglante étreinte...

L’archère exsangue ne bougeaient toujours pas, mais, le vampire en était certain, elle s’en sortirait. Elle pouvait le faire, elle le devait.

-Pour Raphaël, pour moi, survis, je t’en prie.

Flèche 35 : Celle qui rompt les liens

Un long couloir blanc, immense, presque sans fin et à son bout une clarté merveilleuse, chaude, qui offrait le réconfort à la tenue plus que légère de l’archère-mage.
Alia’ane s’avançait sans peur ni heurt, enfin en paix avec elle-même ; elle le savait, mais quelqu’un l’attendait au bout de ce couloir, quelqu’un qui lui avait beaucoup manqué.
A mesure qu’elle avançait, elle redevenait progressivement une enfant ; pour enfin se précipiter à la sortie en criant.

-« Mère! »

Une femme aux longs cheveux blond et radieux portant une longue tôle immaculée, l’accueillit les deux grand bras ouvert, comme lorsqu’elle était petite dans leurs cabanes au fond de la forêt enchantée, où elle lui contait de si belle histoires.

-« Mon enfant… »

Elle caressait la petite tête blonde d’Alia’ane comme elle le faisait autrefois, avant sa chute mortelle lors d’une chasse à cour donnée par feu le roi de cœur.

-« Je suis si contente, vous m’avez tant manqué ! »
-« Il n’est pas l’heure encore pour toi de venir me rejoindre...»

L’enfant regardait inquiète maintenant l’icône maternelle.

-« J’ai été bien vilaine, et je dois payer enfer et encens !»
-« Ce n’est pas comme cela que çà marche ma chérie, mais je crois qu’il y a des gens derrière toi, qui ne veulent pas te voir partir…»

La petite elfe blonde se retourna peu rassurée, se tenait derrière elle une ombre et une poupée qui s’approchaient de plus en plus d’elle.

-« Je ne veux pas, non ! Laissez-moi tranquille ! »

L’ombre la saisit du bras droit, elle incarnait toute ses peurs cristallisée dans l’enfance et que sa mère habituellement chassait.
Elle avait toujours eut très peur de l’ombre, la nuit elle regardait plein de fois en dessous de son lit pour mieux se rassurer ; des méchants garçons lui avaient racontés qu’un jour l’ombre la prendrait pour en faire sa fiancée, et elle, elle ne le voulait pas.
Sa main gauche tomba entre les doigts froids et articulés de la poupée vivante.
Alia’ane n’aimait pas non plus cette poupée au sourire figé qui semblait vouloir l’attirer à l’opposée de l’ombre, pour jouer des heures avec elle à la dinette.
Les deux forces s’affrontaient pour la garde de l’esprit d’Alia’ane, aussi bien l’ombre vampirique que Selath avait inoculé dans son sang, que la poupée chercheuse de spectre guidée par les imprécations australes de Cascendre.

-« J’ai bien peur ma fille, que jamais plus, tu n’arrives à viser le soleil… »

Sa mère accroupie derrière elle posa une main triste sur la joue de sa fille tiraillée, et Alia’ane soudain se mit à pleurer.
Son âme se scinda en deux bords déchirés, l’un sombre, l’autre épais, tout deux reliés par un fils invisible par celle qui faisait les liens entre les monde ; emportés loin de l’autre par la poupée et l’ombre…

…

Le fragment sombre réintégra le corps initial étendue devant le vampire, puis après une courte seconde, elle rouvrit des yeux anémiés.
Ces dents lui faisaient mal, comme si elle voulait s’allonger, et de sa bouche entrouverte un faible écho s’échappa.

-« J’ai… J’ai soif ! »

Une prière que seul ici Selath compris, comme il l’avait vidé de son sang, elle lui réclamait le sien ; alors que le parasite la maintenait faiblement en sursis, sa poitrine se soulevait avec effort.
La partie la plus sombre de l’ancienne gardienne était ici, en attendant sa résurrection complète par le sang du vampire.
Ce n’était plus Alia’ane qui se tenait encore fragile ici bas, dans cet esprit là scindé il n’y avait plus de place pour Raphael.
Car maintenant elle recevrait le nouveau nom de son baptême : elle serait Aria’ane, celle qui rompt les liens…

Flèche 36 -->

L'écho de la question encore restée sans réponse résonnait contre la voûte perdue dans les ténèbres. Puis, dans un souffle :

"J’ai… J’ai soif !"

La partie humaine du visage d'acier du cyborg bougea légèrement... Un sourire... Ou, du moins, ce qui pouvait passer pour un sourire sur sa physionomie peu engageante.

La petite chose était bien "en vie" en quelque sorte. Et sans son intervention ou celle du sorcier... Intéressant... Elle avait eu la force d'absorber le sang de l'hématophage... Elle s'en sortirait.

"Puissant guerrier, toi qui nous vient de loin. Grâce à ton aide, je serai prochainement et rapidement le dirigeant incontesté de ce royaume !" Répondit le Seigneur Velvorn "Allié aux deux autres facettes de ton âme immortelle, tu deviendras le plus puissant de tous, craint et respecté. Joins-toi à nous..."

* Mon aide ? Pourquoi la donnerai-je ? Et je n'ai nul besoin de ces deux autres pour être suffisamment puissant. * Pensait l'inconnu en entendant de tels propos. Ce n'était pas exactement ce à quoi il s'était attendu...

Mais avant, il avait besoin de se refaire une santé. Il sembla glisser de coté sur le sol, plus vite que l'oeil ne pouvait le saisir et saisit d'une poigne puissante le premier des assistants sorcier qui était là.

"Permet-moi de profiter de ton hospitalité le temps de me restaurer je te prie, Sorcier-sans-terres"

Le cynisme et l'ironie dont il faisait preuve à cet instant était sa façon de dire que sa participation était compromise. Il ne comptait jouer ni pipeau ni tambourin pour le premier malandrin venu, fut-il même un puissant adepte des arcanes interdites. Il n'avait nul à temps à perdre avant l'arrivée de ses poursuivants.

Mais pour le moment, il avait un besoin urgent.

Il plongea la main dans la poitrine du sorcier, l'enfonçant jusqu'au poignet, saisissant dans sa main de métal gainée de cuir le coeur du malheureux qui n'avait osé bouger. Dans le même temps, le Mage ouvrait une bouche démesurée aux dents triangulaires caractéristiques des requins et se penchait sur la gorge de la victime.

Fluides vitaux et magiques furent aspirés par la main et la bouche du monstre de cruauté qui jeta le corps sans vie tel un pantin désarticulé...

Pointant un doigt sur Selath et sa jeune "fille" nouvelle-née à la vie nocturne, il leur proposa, encore tout barbouillé de sang.

"Je vous propose de me suivre et de devenir puissant ou de rester ici à tenter de le devenir..."

Sur ces mots, il tourna simplement les talons et prit la direction de la porte. Chaque pas lourd faisant résonner un nouvel écho. Devant un tel refus et une violence de la part de l'ex-prisonnier, les sorciers s'entre-regardaient, inquiets de la réaction du Lord.

Caché derrière son masque de fer, celui-ci semblait pétrifié. Mais que cachait réellement son manque de réaction ? Colère ? Frustration ? Colère ? Peur ? Colère ?


Colère ! Le crissement de métal de ses gants de fer démontrait la force avec laquelle il serrait les poings...

Alors, c'était ainsi ? Le transplanaire ne lui reconnaitrait aucune forme de gratitude ou de remerciement !

Et il se permettait de vampiriser sous ses yeux l'un de ses meilleurs sorciers ! Oubliait-il donc d'où il venait et comment il en était sorti ?

Les yeux du Lord s'étrécirent sous l'effet de la colère alors que le CyberMage se détournait.

Non, il n'était pas le seigneur de cette contrée ! Mais ce n'était qu'une question de temps avant que sa volonté s'y étende et le temps était ce qu'il avait le plus à profusion.

Son regard courroucé se posa alors sur le vampire et sa protégée, dans l'attente du choix qu'il ferait... qu'ils feraient... L'ex-garde-chasse avait joué son rôle et il ne lui en connaissait pas d'autres. Mais il aurait bien confié une mission à ce Selath pour éprouver sa bravoure et sa loyauté.

Qu'allait-il choisir ? Comment allait-il se décider ?

Et surtout... Sans le Troisième, comment allait-il compléter sa Trinité ? La Harpie avait-elle prévu un tel revirement de situation ? Par les Mille Pestes Pourpres !

"Je... ne... saurais... tolérer... un... tel... AFFRONT !!! CyberMage ! Je t'ordonne de revenir ! Je t'ai libéré de ta prison et tu me dois désormais un peu de reconnaissance ! CyberMage !"

La voix du Nécromant avait enflé peu à peu, gonflé magiquement de façon inconsciente. Chargée de colère, elle emplissait tout l'espace dans des échos innombrables qui répercutaient les ordres péremptoires de l'elfe vêtu de fer à l'homme fait de fer.

Peu à peu, des étincelles verdâtres de magie nécrottique naissèrent au bout de ses doigts et remontèrent le long de ses bras, prêts à se déchainer d'une seconde à l'autre...

Il avait décidé de partir et s'y tiendrait. Le discours du sorcier avait été on ne pouvait plus clair : il n'était pas le maitre de ce monde et le CyberMage n'avait que faire d'un Napoléon de seconde zone rêvant d'empire et de conquêtes.

Une alarme silencieuse résonna dans son crâne alors que la première décharge d'énergie fusait dans sa direction. Tous les systèmes en alerte, celui qui n'était plus totalement humain se mit en mouvement à une vitesse qui n'avait plus rien d'humaine.

Dans sa colère, dans sa rage, le nécromant faisait appel à la puissance brute qu'il avait à sa disposition pour attaquer celui qui n'avait pas su lui montrer le respect qu'il attendait. Il envoyait salve après salve sur une cible lancée dans des déplacements trop rapides pour être touchée. Il fallait changer de tactique.

D'abord discrètement glissés en retrait, les acolytes survivants prenaient maintenant la poudre d'escampette par les voies empruntées à l'aller, ne laissant derrière eux qu'un corps sans vie, un vampire éploré et une morte revenue à la vie.

Avec un rire tonitruant, le Cyborg s'arrêta enfin de danser et de tournoyer au milieu des tirs de magie pur et se mit à les arrêter A MAINS NUES !!! Plus terrifiant encore, ses mains semblaient absorber l'énergie interceptée. Le tir cessa.

"Un grand merci à toi, Sorcier ! Ton sbire m'a rendue ma force vitale et tu me rends à présent la force magique dont j'avais besoin. Tu ne sembles pas être la personne que je servirai et tu ne peux rien y changer... Je pars..."

Pendant ce temps, Lord Velvorn avait su reprendre ses esprits et préparer une attaque plus subtile, que la créature de métal et de chair ne pourrait absorber. Une fissure apparut subitement entre eux d'où surgirent des branches vigoureuses qui assaillirent et tentèrent d'enserrer le fieffé fiélon félon. Celui-ci avait beau se débattre, rien n'y faisait.

"J'ordonne des excuses immédiatement ! Ou je te réduirais en bouillie sans aucuns scrupules..."

"Tu ne peux me détruire, Sorcier... Gnnnn... Seule une MagiTek... Une MagiTek le pourrait... Arrh... Et tu n'en n'as pas le pouvoir !"

Tant bien que mal, le CharcuDoc brandit l'index en direction du Nécromant, se concentra un bref instant et incanta rapidement :

"Cursed Nails of Yesus !!!"

Quatre clous d'acier noirs se matérialisèrent aussitôt, filant à vive allure vers leur cible qui n'eut d'autre choix que de se jeter à l'abri, n'ayant aucun contrôle sur l'acier maudit dont ils étaient fait. Ce court répit permis au transplanaire de se libérer de l'étreinte végétale dans un nouvel éclat de rire.

"Dis-moi, Sorcier, que comptais-tu faire contre moi ? Es-tu seulement capable de te défendre ?"

La remarque ironique cachait des mots en son sein que les sens aiguisés du Lord lui permirent de détecter, un sort. Plus précisément, une animation de mort. La garde-chasse ? Impossible, elle n'était pas morte. Qui ?

Un souffle rauque lui donna la réponse, ou plutôt la réponse émis un souffle rauque en tentant de frapper son ancien maitre. Le sorcier réanimé, la poitrine ouverte, se dressait devant lui, uniquement capable d'attaquer avec ses griffes et ses dents. Dans un geste impatient accompagné d'un juron irrité, Velvorn le renvoya dans les limbes. Il était bien idiot celui qui pensait l'attaquer par le biais de morts-vivants, lui, le Maitre de la Mort.

"C'est tout ce que..."

La fin de la phrase se perdit dans les échos du juron et de la malédiction qui suivirent : CyberMage, vampire et garde-chasse avaient disparus... Une diversion... C'était si simple et à la fois si inattendu. Cette... chose n'était pas un simple lanceur de sorts. Son Karma en disait long. Un guerrier, un assassin, un exterminateur, un véritable boucher sans aucune compassion, il était "le CharcuDoc" et à la fois, si bon diplomate, artisan de la défense de nombreux mondes, il avait rallié des peuples... Pourquoi ?

En attendant, il était partit et la colère du Lord était toujours là. Son cri s'éleva comme une promesse :

"CyberMage, CharcuDoc, ou quelque soit ton nom, je te retrouverai et tu pliera le genou devant ma toute puissance !!!"

HRP : La suite ici "For Another Dimension"