Un petit salon en extérieur.

Keredrin, remis de son étrange malaise, prit avec un certain agacement le fait de se faire, encore une fois, couper par Draal, l'ange silencieux, qui s'excusa d'un ton plat, avant de demander où se trouvait la tour des anges. Ceci ne faisait qu'ajouter à son air perdu et maladroit, pensa le dieu incarné avec dureté. Mais immédiatement vint sa déduction, car il réfléchissait sans discontinuer depuis le début du brunch :

*A l'évidence, cette tour des anges doit être le repaire de la dite Gabrielle. Mais il me semble assez paradoxal qu'un de ses envoyés ne sache pas où la localiser... Reste plusieurs solutions : soit, cette femme ne lui a pas révélé l'emplacement de son antre, ce qui était compréhensible si elle ne veut pas l'avoir dans ses pattes, soit il est partiellement amnésique, ce qui, je le regrette, lui donne un point commun avec moi, soit c'est du bluff et il résiste au serum de vérité. Mais dans ce cas, pourquoi avoir fait tant de manières à le boire ?*

Alors que le guerrier voulait reprendre sa discussion là où il l'avait laissé, le dénommé Sokuu sembla bondir à la mention de la tour des anges. Son air semblait crispé et il considérait l'ange aux ailes noires d'un air étrange, comme s'il venait de proposer en riant de mettre sa tête entre les crocs d'un dévoreur dimensionnel. Puis il commença à parler d'un air un peu plus calme, mais semblait toujours avoir quelque chose de coincé dans la gorge – un rat vindicatif, par exemple – et avait la voix légèrement étranglée. Il commença à le mettre en garde, mais semblait avoir plus peur pour lui que pour autre chose.

*Mais voyons... Visiblement, ce grand dadais mis à part, l'opinion générale qu'on a de Gabrielle n'est pas franchement excellente. Une coupe cassée, un infarctus qui n'est pas passé loin, je me demande ce que tous les anges semblent avoir contre elle... Cela crédite ma thèse de l'amnésie, si c'est un personnage si redoutable, il n'existe que deux personnes dans son monde : ceux qui la détestent, et ceux qui la servent... Même si les deux natures peuvent être mélangées. Lui est entièrement neutre, et semble pourtant être un de ses agents. Ces mortels me donnent décidément des maux de crânes...*

Keredrin se demandait toujours pourquoi ils agissaient avec si peu de... logique. Leurs actes étaient poussés uniquement par l'émotionnel. Des souris. Ils n'étaient que des souris. Un coup d'aiguille par là, ils allaient dans le sens opposé. Trop faciles à manipuler. La plupart d'entre eux, tout du moins. Certains mortels avaient vraiment été exceptionnels dans sa vie divine, même si celle-ci lui semblait plus distante et plus effilochée. Comment s'appelait-il déjà, cette mage de guerre ? Impossible de s'en souvenir, maintenant. A moins qu'elle n'ait aucun rapport avec ça... Il s'en inquiéta un bref moment, avant de s'apercevoir que Kuru était emmenée dans une pièce voisine par un coursier et le majordome, visiblement tous les deux porteurs d'un message important.

Elle revint quelques minutes plus tard, la peau pâle, visiblement choquée par ce qu'elle avait appris. Et d'une voix fluettes, la princesse commença à leur expliquer. Un certain prince Färvien avait été kidnappé, et elle leur demandait d'aller le sauver. Il s'agissait probablement d'un de ces dandys idiots, portant cape et épée et se croyant pourtant capable de se défendre face à tout. Des brigands l'avaient capturé lors d'une balade en forêt, et tout bouffi de son importance, il avait dégaigné son épée dérisoire de parade pour défendre la demoiselle à qui il contait fleurette. A moins bien sûr que cela n'ait un rapport avec les machinations du nécromant – Vorlver ? Velnvor ? – auquel cas cela était plus grave.

Puis la jeune femme, troublée, ajouta qu'elle ne pourrait pas les accompagner – et quoi encore ? Une princesse de sang royal n'était pas un agent de terrain ? – car elle devait se rendre s'occuper d'une affaire qui ne concernait qu'elle, précisa-t-elle d'un ton qui ne précisait pas grand chose. Mais elle semblait étrangement déterminée, malgré sa frébilité. Visiblement, il s'agissait d'une énième décision prise sur le coup de l'émotion... Les humains n'apprendraient donc jamais rien. Surtout pour une régente... Quant elle fut partit, Keredrin ajouta finalement sa décision à celle de Sokuu et Scribs :

« Eh bien, je suppose qu'il ne me reste qu'à y aller moi aussi. Ce sera toujours une bonne façon d'en apprendre un peu plus sur cette partie du monde... »

Scribs se leva après avoir fini sa grappe de fruit, tous l'accompagnait.

« Bien, je pense qu'il est logique que je prenne les 'commandes' pour cette mission, la recherche d'information étant ma principale qualité... En tout cas, vu les récent évènement qui se sont déroulés pour moi à Tylen, il vaut mieux que je paraisse sous un autre jour... Je vous rejoins dans quelques minutes au portail du château, sauf si l'un de vous à quelque chose à dire ? »

Voyant qu'aucun d'entre eux ne désiraient prendre la parole, Scribs sortit de la pièce, pour se diriger vers la chambre qu'il occupait en ce château.

*

Scribs parcouru les couloirs, en train de réfléchir comme toujours, il se demandait par où il fallait commencer les recherches... Les tavernes sont souvent emplies d'informateurs zélés, mais comme il le savait, leurs informations étaient rarement correctes. Tout en parcourant les couloirs, les idées de Scribs jaillissaient et dieux sait qu'elles avaient le temps de jaillir puisqu'il s'était encore perdu...

*La vache, je suis vraiment un boulet...*

Il fit donc plusieurs fois le m^me couloir avant de se rappeler ou était sa chambre. Il y entra, elle commençait à sentir le renfermé... Enfin, il avait demandé à ce que l'on n'ouvre pas la fenêtre en son absence et cette odeur était la preuve que sa demande avait été respectée. Il se dirigea droit vers une malle au fond de la chambre et l'ouvrit, il fouilla un instant sortant parfois un vêtement.

*Pile ce que je voulais...*

Il posa les différentes affaires choisie sur son lit et les observa un instant... La tenue était féminine, mais restait quand même celle d'un aventurier.

*Enfin, dans le cas présent ce sera d'une...*

Scribs ferma la porte et enleva ses vêtements. Une fois qu'il fut nu comme un ver il commença à imaginer l'apparence de son prochain lui...

*Une femme, elfe avec les cheveux longs. Couleur des cheveux blonds...*

L'anneau qu'il portait au doigt commença à briller., puis ce fut ensuite tout son corps qui s'illumina, une fois que ce fut fini à la place de l'ancien Scribs se tenait une jeune femme elfe aux cheveux blonds. Elle aussi nue comme un ver. Elle enfila les vêtements qui étaient sur le lit.

« Ah, voilà qui devrai être parfait ! Par contre, Scribs ne fait pas trop féminin comme nom... J'aurais tout le temps d'y penser sur le chemin pour Tylen... »

La jeune femme, qui était donc Scribs, sortit donc de la chambre de ce dernier, d'un pas lent et avec un air plutôt fatigué...

*Efficace l'anneau, mais crevant...*

La jeune femme se dirigea vers le portail, vu la vitesse à laquelle elle allait et surtout le nombre de fois qu'elle allait se tromper de route, ses autres compagnons avaient encore quelques minutes devant eux...

[A partir de l'étoile, il est logique que les autres ne puisse voir ce qui se passe. De plus, la nouvelle Scribs ressemble à ça : https://i.servimg.com/u/f27/11/80/23/86/elfe1110.jpg Je mettrais la fiche de Scribs et son avatar à jour une prochaine fois, je n'ai actuellement pas le temps...]

Keredrin écoutait, toujours avec cette perplexité qui le caractérisait. Car l'ange étrange semblait danser entre réponses évasives et réparties futiles, effleurant un sujet puis virevoltant jusqu'à un autre, toujours ambivalent et impassible, le visage inexpressif, les expressions troubles et les vagues annonces ; comme s'il parlait au fil de ses pensées, n'explicitant pas ce qui allait de soi, dérivant d'un sujet à l'autre sans transition, juste par la simple envolée d'une sensation volatile. Mais son discours n'était que fine rhétorique et minces allusions, vide d'informations pour ses auditeurs ; mais il ne semblait pas s'en soucier, parlant comme on marche, sans faire vraiment attention à où on va, bien souvent perdu dans son esprit à démêler des fils invisibles, avant de s'esquiver sur une dernière pirouette et un rire décalé, qui tenait autant du jeu de mot que de la fine constatation évanescente.

Le dieu incarné avait pu se faire instantanément une idée de ce qu'étaient les invités, tissant un portrait mental en arrière-plan. La fameuse princesse Kuru, pour commencer. Il n'avait guère pu se faire d'opinion tranchée d'elle, mais elle était visiblement gentille de nature. Une faiblesse peu pardonnable à un tel rang de puissance ; mais elle semblait pouvoir se faire obéir, bien qu'elle semble se guider plus aux sentiments qu'à la raison. Toutefois, étrangement, d'elle émergeait une certaine aura indéfinissable qui tranquillisait et encourageait une certaine sérénité. Draal, lui, n'était qu'un guerrier balourd, du genre à préférer la force à la réflexion. Il était réfugié derrière le silence prudent des idiots, et n'intervenait que quand il s'agissait de parler de Gabrielle. Un esprit faible, cible aisée des puissants qui les influencent comme on fait virevolter une marionnette en une danse pantelante et mécanique au bout de fils malhabiles ; Il n'avait aucune autorité, aucune présence, était inutilement ombrageux et ne méritait aucunement son estimé.

Sokuu, lui... difficile de le cerner. Il ne parlait pas beaucoup, mais semblait plus ou moins raisonné. Même s'il ne semblait pas avoir acquis beaucoup d'expérience et avait cette étrange marque des anges, une indéfinissable distraction. Scribs était à contrario apparemment le membre le plus fiable du groupe. Ce dernier venait d'ailleurs juste de quitter la pièce, après avoir sommairement pris la tête du groupe. Keredrin n'avait pas grand chose à objecter, même s'il se demandait si le jeune homme fluet aurait réellement l'étoffe d'un chef. Mais il serait toujours temps de prendre les choses en main en cas de problème, et le maître du déguisement était probablement le moins incompétent de tous. En attendant, il venait de s'éclipser pour préparer quelque chose.

Le guerrier décida de faire de même en emportant quelques données non périssables. Il héla ainsi le majordome, qui, serviable, s'approcha de lui et demanda :

« Que désirez-vous, Monsieur ?
-J'aimerais pouvoir m'équiper. Non en armes, mais en équipement divers. Sac, boussole, briquet à amadou... Tout ceci me fait défaut pour le moment, et il ne me semble pas vraiment prudent de nous lancer dans une aventure qui pourrait bien nous conduire plus loin que nous ne le pensons sans avoir pris les précautions élémentaires.
-Votre bon sens ne peut être que loué, Monsieur. Veuillez me suivre, je vous prie. »

Le serviteur, avec une efficacité remarquable, cala son pas sur celui de Keredrin et commença à s'enfoncer dans les couloirs, vérifiant par de discrets coups d'oeil que le dieu incarné le suivait toujours. Le trajet mit quelques minutes, passant par des couloirs dérobés et s'enfonçant visiblement sous le château en lui-même, dans de minces coursives plus ou moins désertes éclairées toutefois de façon fort convenables par des torches disposées régulièrement. Finalement, l'homme s'arrêta devant une porte et précisa, certes inutilement, que leur destination était ici. Il se proposa pour aider le guerrier à récupérer son matériel, une proposition qui fut rapidement acceptée. Quand ils pénétrèrent dans la pièce, Keredrin fut bluffé. Tout était très bien organisé et propret pour un simple débarras d'équipement au sous-sol. Même si le rangement n'était pas irréprochable et que l'endroit semblait un peu trop « plein » pour sa taille, il était aisé de s'y déplacer.

Ainsi, le dieu incarné prit rapidement un manteau, suspendu dans un coin obscur. Il était adapté à la marche, truffé de poches aussi bien intérieures qu'extérieures. D'un coup d'oeil fureteur, il repéra d'autres instruments utiles ; une boussole, un couteau, une corde robuste... Il les fourrait rapidement dans une poche ou une autre, et signala finalement d'un signe de la tête au majordome qu'il était prêt. Ils remontèrent prestement et le guerrier se dit finalement qu'il n'aurait jamais pu retrouver son chemin et se demandait bien comment l'homme, même fort de son expérience, se repérait avec tant d'aisance. Finalement, pour la deuxième fois de sa nouvelle vie de mortel, Keredrin entra dans le salon rouge...

Il commençaient décidément tous à s'esquiver, d'abord le nouveau chef autoproclamé, maintenant la sous-divinité qui n'eut point fait palir un le bibliothécaire divin de par sa suffisance et sa répartie...
sokuu attrapa un caramel dur dans l'immense édifice que constituait l'amas de nourriture posé sur la curieuse table tournante et commença à le suçotter discètement tout en interpelant un majordome:

mon brave, auriez-vous l'extrême amabilité de m'indiquer la salle d'arme (pour peu que ce chateau en ait une qui serve à affuter autre chose que les fourchettes et les griffes des bisounours que j'ai vu errer dans cette forêt maudite)? je suis quelques peu rouillé, n'ayant pas eu l'occasion de me faire la main sur un véritable adversaire depuis plusieurs semaines et mes poignards ont bien besoin d'être réaffutés, pourriez-vous m'indiquer l'endroit?

certainement monsieur, suivez-moi.

Juste avant de sortir de la pièce, le fallen se retourna un bref instant et ajouta à l'intention du dénommé draal:

Viendriez vous? j'ai bien envie d'un adversaire autre qu'un pantin de bois (bien que -si le fallen ne se trompait pas sur le compte de cet individu, sa seule différence avec ces derniers étaient qu'ils n'était pas en bois).

Puis, sans même vérifier si l'ange le suivait, il partit avec le majordome.

"Monbrave" prit alors une série de chemin compliqués, Sokuu lui emboitant le pas d'une démarche fluide jusqu'à arriver dans une immense salle au parqué ciré et où des dizaines d'armes et armures s'alignaient sur des rateliers, des mannequins d'entrainement étaient disposés un peu partout et quelques duos de soldats joutaient dans un coins sous l'oeil autoritaire d'un vétéran.
dans un coin sombre, des enclumes et des pierres à aiguiser étaient entassées en compagnie d'autres outils destinés à l'entretien des outils de morts.

Magnifique! Merci bien, mon brave, c'est ce que je voulais.
prenez ça pour votre peine, vous en aurez besoin pour le reste de votre dure journée

Sokuu lança un caramel au majordome, si il y avait un truc capable de le faire décompresser c'était ça. Le majordome le prit et sortit de la salle, puis le replaça sur la grande table en se demandant si tout les invités de sa vénérée princesse étaient aussi remuants et fatigants que celui là.

Pendant ce temps, Sokuu entrait dans la salle et se retourna pour voir si Draal était toujours là.