[RP Libre] Sur la Route de Tylen

******* Bien que débutant bon enfant, ce texte peut choquer par la violence gratuite qui prend le pas à la fin ********


De nombreux villages pullulaient dans les grandes plaines de Franconie. Du simple hameau à la conséquente bourgade, tous prospéraient dans la paix relative offerte par l'Ordre du Coeur et sa Princesse Kuru. Son absence actuelle en inquiétait plus d'un et nombre de ses fidèles y voyaient là un coup du vil Nécromant.
Dans la paisible bourgade de Samatan, la vie allait bon train ce jour-là. Une >jeune femme<, appréciée de tous, allait de-ci, de-là, presque en chantant, un livre à la main :
"Bonjour ! Bonjour ! Bonjour ! Bonjour ! Bonjour !"
Elle salua le boulanger chargé de son plateau bien garni du pain de son fournil qui lui répondit aussitôt :
"Oh, bonjour Belle."
"Bonjour Monsieur."
"Où est-ce que tu vas ?"
"Chez mon ami le libraire. Je viens de terminer une merveilleuse histoire, à propos d'un ogre, du Roi, des haricots ..."
"Très intéressant ... Marie, les baguettes ! Et que çà saute !"
La tête ailleurs et un petit air audacieux d'un chat sauvage sous une ombrelle, elle restait toujours dans les nuages. Comme elle leur semblait étrange, cette Mademoiselle Belle ! Et pendant qu'elle allait ainsi, saluant et saluée :
"Bonjour !"
"Bonjour !"
"Salue la famille !"
"Bonjour !"
Une >sombre silhouette< approchait de l'entrée du village. Nul ne prêtait attention à l'étranger, absorbés qu'ils étaient par leur morne vie quotidienne et surtout les cabrioles de cette délurée qui avait, visiblement, oublié de mettre certaines pièces de vêtements, tant elle était dans la lune. Silencieux, l'homme, s'il s'agissait bien de cela, regardait les gamins soulever les jupons de la donzelle très absorbée par la lecture d'un vieux tome défraichi ayant visiblement bien servi.
Et bien ! Certains ne semblaient pas s'ennuyer par ici... C'était donc à lui d'entrer en scène alors que la folle finissait enfin sa tirade :
"Je veux vivre autre chose que cette..."
Les villageois ne comprirent pas immédiatement ce qui avait changé chez Belle ni pourquoi elle ne finissait pas sa chanson. Pourtant, l'éclaboussure de sang sur le décolleté largement ouvert aurait pu être une piste. Mais ils ne purent approfondir la question que le nouvel arrivant marchait dans ce qui passait dans le langage courant pour être la grand-rue...
"L'excitation m'étreint, je ne peux plus attendre. Du calme, je n'en aurai pas envers vos enfants, j'ai déjà déjeuné. Même si je sais que je suis du genre à tuer des trucs. Des trucs qui ne se défendent pas évidemment."
Il s'avançait d'un pas confiant. Les regards se braquèrent sur lui, associant l'attaque initiale sur leur idole au visage masqué et inquiétant de leur visiteur. Le spectacle pouvait commencer.
"A présent, je vois ce village. Que peut-il abriter ? Qui vais-je donc pulvériser avec du feu ou de la glace ? En effet, vous pouvez fuir en vous disant que je suis un psychopathe sanguinaire..."
L'imposant personnage semblait penser à voix haute alors que son regard inhumain parcourait l'assemblée. Des lames sortaient et rentraient de ses mains, de ses doigts. Sur les derniers mots, plusieurs habitants tombèrent, sans raisons apparentes, morts. L'étranger chantonnait toujours :
"Je tuerai chatons, chiots et lapins. Je mutilerai enfants, ados et même plus."
Alors que la foule commençait à fuir ce tueur sans pitié, celui-ci attrapa un jeune enfant, guère plus de 6 ou 7 ans et lui planta profondément ses dents dans la gorge. Sans plus de cérémonie, il jeta le corps dans la direction de la grande sœur qui avait assistée horrifiée à la scène, la faisant basculer en arrière, son frère mort en travers des jambes. C'est là qu'il vint l'attraper, elle aussi, découpant ses vêtements en quelques coups de scalpel, par pur sadisme, avant de l'éventrer d'un geste négligent. L'adolescente n'avait pas encore touché le sol qu'il avait bondi sur plusieurs mètres, attrapant une femme dans sa course. Il la tenait par les épaules et s'adressait au mari tombé à coté lorsqu'il entama la suite :
"Vous voyez une femme ? Je vois une veuve..."
Il planta son index dans le front du mari qui, à genoux, lui demandait pitié pour sa chère femme. L'opération ne dura qu'une seconde mais le corps de l'adulte bien en chair sembla se flétrir et se vider de toutes traces de vie. Puis, le Mage retira son doigt dans un bruit de succion immonde. Il relâcha la nouvelle veuve en poursuivant son chant funèbre :
Mais alors, ne pouvez-vous voir, pour quoi je tue ? Je veux incinérer et décapiter, je veux arracher vos faces ignardes ! Je veux voir des paysans qui sont... Comment dit-on déjà ? En deuil !"
Il partit dans un rire démoniaque et tua, sans bouger, encore plusieurs habitants, usant d'une sorcellerie aux résultats aussi odieux qu'inhumain.
Puis, le village parut désert. Bien qu'il n'y ait pas eu plus de 15 victimes, toute vie semblait avoir disparue. Avec un ricanement, le CyberMage ordonna :
"Morts, relevez-vous ! Je vous ordonne de traquer toute personne en vie et de me les amener ici. Et vous me les ramènerez mort ou vif !"
A ces mots, les victimes de tout âge se relevèrent péniblement en grognant. Des zombies ! Au service de leur nouveau maitre, ils entamèrent la traque, cognant aux portes et aux fenêtres guidés par un nouveau sens, leur unique perception actuelle : celle qui leur permettait de sentir la vie !

[hrp] Mangolds et Gerro ne se trouvent pas du tout au même endroit que le cyber-mage[/hrp]

''Le chemin était désert. Les cactus rouges bordaient cette route sinueuse, et le cheval avançait, sans éprouver la moindre fatigue. Le ciel, sans nuage était vert. Soudain, un gigantesque castor mauve apparut, ouvrit sa gueule béante, dévoilant deux belles rangées de dents, et....''

« AAAAAAAAAAAAAAAAAAHHH !!!!!!!!!!!!!! »

Dans un hurlement, Mangolds sortit de son rêve, et manqua de tomber de son cheval. Comme dans son rêve, ce dernier avançait, mais il était guidé par le tracé de la route qu'ils avaient pris en sortant de Tylen, et qui menait à Portlabor. Il faisait nuit, et la lune, quasiment pleine, permettait d'y voir très clair.
A côté du tueur émergeant, Gerro Grundwärd, se tenait sur son cheval, lequel était également au pas. Quand son compagnon de voyage se réveilla en hurlant, il tourna légèrement la tête pour voir de quoi il retournait :

« Un mauvais rêve ?
- Heu plutôt ouais. On....on est où là ?
- Sur la route qui mène à Portlabor. Comme vous vous êtes endormi, je me suis dit que vous deviez être fatigué et j'ai ralenti le pas des chevaux. J'espère que vous ne m'en voulez pas.
- Non, non. Ça ira. Je suis pas maniaque au point d'engueuler quelqu'un qui prend une initiative, si on peut en appeler ça une. »

Gerro se contenta de sourire.

« Un problème ?
- Je sais que vous ne m'appréciez guère Mangolds. Mais je ne vous en veux pas.
- Je vous l'ai déjà dit, je peux pas vraiment vous faire confiance pour le moment. Et je ne suis plus habitué à voir ma soeur avec quelqu'un. Après vous ne m'avez rien fait en soi. Me faut juste un peu de temps, et en ce moment, j'ai pas le temps de me poser pour réfléchir. Au fait, vous aviez pas dit que vous alliez à Portlabor pour terminer un boulot ?
- Hum si mais, pourquoi cette question ?
- Mis à part votre sac de fringues, qui me paraît fort petit, vous n'avez rien. Pas de matos. Même pas d'arme.
- Le matériel est partit hier. Un de mes assistant et quelques gardes.
- Et comment vous avez de ses nouvelles, si ça tourne mal. 
- De cette façon. »

Gerro tendit un bras vers le ciel nocturne, et une petite créature ailée vint se poser délicatement dessus. Mangolds reconnu immédiatement l'animal, pour en avoir tué un grand nombre dans les égouts de Tylen.

« Faites gaffe à ces machins. Ça mord et c'est vicieux.
- Soyez rassuré, cette chauve-souris est apprivoisée. Elle ne m'a jamais mordu. Ces bêtes sont moins vicieuses et méchantes que vous ne le prétendez. Elles sont même très affectueuses par moment.
- Si vous le dite....En tout, c'est un drôle de moyen pour communiquer. Mais si ça marche....
- Bien plus efficace qu'un pigeon, vous pouvez me croire.
- Si si je vous crois. Bon c'est pas le tout, mais je trouve qu'on se traîne. Si on accélérait un peu ?
- Avec plaisir. »

Les deux hommes donnèrent un coup de talons à leurs montures respectives qui se mirent au trop. Ils parcoururent ainsi trois bons kilomètres sans se dire un mot, puis décidèrent de passer au galop. Les deux hommes ayant quitté Tylen en fin d'après-midi lorsque que le soleil se couchait, et Mangolds s'étant endormi très peu de temps après, la nuit n'était en réalité pas très avancée, et c'est pourquoi ils faisait encore nuit quand, après une dizaine de kilomètres passés à galoper, Mangolds s'arrêta brusquement, à la grande surprise de Gerro. Le tueur dégaina son arbalète et la mis en joue en direction de la forêt près de laquelle ils se trouvaient.

« Encore un problème ?
- Je sais pas, j'ai vu un truc brillant dans la forêt.
- Hum ? Je n'ai rien vu pour ma p....
- On aurait dit deux yeux rouges. Ça avait l'air si proche, et si loin en même temps. C'était très bizarre.
- Vous avez du vous tromper. Peut-être n'avez-vous pas assez dormi ? 
- Je sais ce que j'ai vu. Je suis pas endormi. Restons pas là, je n'aime pas cet endroit. On a encore de la route. Et j'aimerai arriver avant demain soir à l'auberge des Crabes Noires. Ça voudra dire qu'on aura fait la moitié du chemin. »

Rangeant son arme, Mangolds se remit en selle et les deux hommes repartirent au galop, vers leur objectif, toujours éclairés par la seule lumière de la lune. Mais le tueur, persuadé d'avoir vu deux yeux rouges, se sentit mal à l'aise quand il se remit à cheval. Quelque chose clochait, il en était persuadé. Cette impression ne le quitta pas quand ils arrivèrent en vue d'un petit gîte, et que les premières lueurs du jour se montrèrent....

Alors que les habitants déjà tombés traquaient à présent les vivants apeurés sur un fond de pleurs, de cris, de lamentations et de gémissements, le CyberMage s'attardait sur la tête tranchée ayant auparavant appartenue à la belle Belle... Perdu dans ses pensées, il la faisait tourner dans ses mains gainées de cuir, détaillant le regard à peine voilé par la mort, la bouche encore ouverte sur un dernier mot muet, un petite goutte d'un sang exquis perlant à la commissure de lèvres si joliment dessinées...

D'un main légère, il caressa les cheveux à peine ébouriffés mais surtout à peine brossés, encore décorés d'un brin de paille issu de quelques bottes ayant récemment accueilli la demoiselle. Il ne voyait pas les enfants et les vieillards qu'on avait trainé devant lui, il n'entendait pas les cris de ceux qui tentaient de s'opposer. Il était tout entier dans sa contemplation. La contemplation de ce visage jeune et semblant encore plein de vie...

Le dos de son index caressa lentement la courbe de la mâchoire, remontant depuis le menton jusqu'à l'oreille avant de frôler la tempe et de poursuivre en suivant la lisière délicate des cheveux fins... Avec un sourire, il regarda son doigt redescendre au milieu du front, toucher la naissance de l'arrête du nez avant de remonter lentement.

Son sourire se fit instantanément cruel alors qu'il plongeait littéralement le doigt dans le crâne de la pauvre décapitée sans plus de difficultés que s'il s'était agi d'une motte de beurre fondu. Le monstre d'acier poussa un soupir alors qu'il absorbait les forces vitales restées prisonnières de ce bout de corps. Rapidement les chairs se flétrirent, se tassèrent et se ratatinèrent, prenant la teinte et la texture d'une vieille pomme pourrie. En quelques secondes la beauté presque légendaire de Belle n'était plus qu'un vague souvenir alors que les chairs décomposées tombaient déjà en poussière.

D'un rire aux éclats inquiétants et sinistres, le CyberMage écarta les mains et laissa tomber au sol la poussière constituant les seuls traces de son méfait odieux. Il posa enfin son regard rougeoyants sur ceux qui lui avaient été amenés... Des jeunes, des vieux, des hommes et des femmes... Des paysans, fermiers, artisans... Aucun n'ayant jamais été formé au métier des armes bien sûr.

Les corps des villageois tués pendant la traque furent empilés sans ménagement, bras lacéré, morsures diverses, éviscération... Un carnage sans nom auquel le CharcuDoc ne jeta qu'un bref regard...

* Des pièces détachées peut-être... Pour plus tard... * pensa-t'il sans aucune trace de sentiments.

Il avisa un jeune garçon qui le toisait fièrement, fermement tenu par deux anciens concitoyens. Sa tunique déchirée était maculée de sang, celui du revenant qu'il avait massacré pour tenter de protéger sa petite soeur, affaissée à ses pieds. Plus imposant que jamais, le Cyborg s'en approcha d'un pas lent. A nouveau, il tendit l'index mais cette fois, dans la direction de la poitrine étroite du jeune homme. Alors qu'il approchait des côtes secouées par une respiration haletante, une lame effilée, semblant surgir du gant, laissa une longue estafilade sur la peau blafarde.

Réprimant un gémissement, le garçonnet tint bon. Il voulait montrer à sa soeur qu'il était fort, qu'il la protégerait même contre ce monstre sombre. Le CyberMage souriait de l'effort. La petite soeur... Le sourire grandissait alors que défilait en pensée différents moyens horribles de régler le problème... La lame pénétra la peau... Nouveau gémissement, dents serrées. La plaie suintait lentement d'un sang légèrement bouillonnant... Un homme âgé tenta de s'avancer, marmonnant quelques mots de sa voix cassée... Cassée... Comme sa colonne vertébrale lorsque le Cyborg le fit taire d'un violent revers du poing sans même le regarder. Il s'écroula dans un râle... Sous le regard horrifié des autres survivants. Ceux qui n'osaient plus bouger, pétrifiés de peur.

Le gamin n'a pas bougé. Droit comme un i sanglant, il est décidé à protéger sa soeurette guère plus agée de 7 ou 8 ans malgré ses blessures. D'un geste, le Cyborg ordonne qu'on le relâche et, dans le même temps, exhibe de nouvelles lames au dos de ses premières phalanges.

"On veut se battre petit d'homme ? Sais-tu au moins ce que tu affrontes ?" D'un sourire carnassier, il montre sa dentition monstrueuse au gamin... "Tu me plais par ton courage, je pense que tu saurais me servir utilement..."

De son regard inhumain, il détaillait le jeune homme des pieds à la tête... Ses différents capteurs et sens magiques lui permettaient d'en apprendre plus que ne lui auraient permis de simples yeux mortels... Intéressantes découvertes...

Une éternité. Cela devait certainement faire une éternité qu'elle marchait. Marchait. Marchait sans cesse. Sans relâche. Des années à tenter de trouver sa trace sur les autres plans, des années à le pourchasser dans ces plans, trop d'années à attendre qu'il reparaise pour enfin le dénicher dans un monde dont elle ignorait jusqu'au nom.
Mais elle avait trouvé le monde où il était... Mais un monde, c'est une planète, un système planaire, trop de choses... Elle avait tenté de cibler son arrivée. Mais elle s'était retrouvée nulle part en fin de compte. Enfin si, sur une planète, habitée, vivable. Elle abritait des êtres vivants, humains et autres. Mais dans cette masse de vie, d'âmes, de magies, comment retrouver une personne en particulier?
Elle connaissait son odeur, son aura, mais ce n'était pas chez elle ici. A Erode, sa ville natale, sans nul doute elle l'aurait trouvé aussi vite qu'elle y aurait pensé. Mais là... là c'était autre chose. Elle devait chercher, seule, sans aide. Sans aide autre que ce qu'elle était. Alors elle marcha. Jusqu'à trouver une forêt. De la vie non humaine, non destructrice, pure et simple...
Alors pourquoi ce climat? Ce climat de peur, cette tension, cette impression de mort?
Cette odeur de sang...

Une odeur qu'elle n'avait plus sentie depuis si longtemps. Du sang innocent, du sang comme on en faisait à Erode... avant...
Erode... son Erode...sa ville... C'était bien à Erode. L'ambiance, le bruit, l'atmosphère, les cris, la nuit omniprésente, le jour blafard et couvert, le petit matin qui voyait retourner chez eux les prostituées, les maquereaux, les drogués... Et qui laissait sur le pavé les alcooliques, ceux qui avaient un rapport sang/drogue dans les veines ne leur laissant plus aucune chance. Et aussi ceux pour qui la nuit avait été dure. Ceux qui ne se relèveraient jamais, tant physiquement que mentalement. Morts, traumatisés,... Et cette odeur... Cette odeur qui enivrait la jeune Cetra. Une odeur rouge carmin, une odeur noire, lourde et apaisante pour elle... L'odeur du sang et de la mort. De la peur et du désespoir. De la résignation et de la supplication.
Elle s'arrêta alors pour savourer ce souvenir. Là dans cette forêt qu'elle ne connaissait pas le moins du monde, dans ce monde étranger. Tranquillement, savourant, elle s'adossa à un arbre, ferma les yeux et soupira. Il fallait absolument qu'elle soit tombée sur la bonne planète. Si elle s'était trompée... Elle devrait recommencer, encore et encore, jusqu'à ce qu'elle le trouve. Jusqu'à ce qu'elle puisse venger Erode...se venger, retrouver sa paix... même illusoire. Mais elle était si lasse. Lasse de parcourir les plans et les mondes. De ne trouver sur son chemin, dans le sillage des MagiTeks et du CyberMage, que ruines fumantes et désolation. Pas que cela la touche profondément, mais elle revivait sa ville à travers tout ce qu'elle voyait. Chaque nouvelle ruine était une copie de son propre échec...
Échec dut uniquement à cet être, Ce... CyberMage, HyiHyil, CharcuDoc, ou qu'importe son nom. Il était arrivé et depuis... tout avait basculé à Erode. La ville avait changé, les dirigeants avaient changé, l'âme d'Erode avait changé... Mais elle... elle était restée la même. Et elle était déterminée à le tuer, à enfin finir ce qu'elle avait commencé.

Soudainement elle se reprend, ouvre les yeux et se lève. Elle doit le trouver, le trouver et lui faire payer... pour tout ce qu'il a fait, tout ce qu'il lui a prit. Il va payer, le prix fort.
Elle est debout, droite, fière. La jeune Cetra sort alors un violon de l'étui qu'elle a en bandoulière sous sa veste. LE bois est sombre, il semble presque vibre dans les mains de la jeune femme. Elle, elle sourit. Airin sait parfaitement qu'affaiblie comme elle l'est sa magie ne portera pas loin, alors elle commence une douce mélodie. Une mélodie simple, ni lente ni rapide, juste calme. C'est une mélodie qui normalement s'utilise lorsqu'on cherche un objet perdu. La mélodie est propre à l'objet qui, dès que les ondes sonores le touchent, renvoie des vibrations dans les cordes et dans l'archet. Ainsi sa position est, vaguement connue. Mais ce qu'elle cherche elle, est vivant et magiquement puissant, les ondes trouvent plus facilement mais il y a un problème. Airin se concentre. C'est plus difficile qu'avant. Elle n'est plus à Erode, mais dans un autre monde. Elle n'est plus en plein forme mais épuisée par ses voyages incessants. Elle n'est pas calme, mais brûle de rage.
Elle le sent, la mélodie se finit et elle range le violon. Elle le piste. Rapidement elle se met en route. Sans penser à sa fatigue elle traverse un bout de forêt pour arriver devant un spectacle qui la ravit et qui à la fois fait bouillir son sang.
Un village. Gentil village, petit village. A feu et à sang le village. Les cadavres jonchent le sol, certains sont debout et entraînent ceux qui vivent encore. Vers où? Elle ne le sait pas.
Sitôt qu'elle a posé le pied dans l'enceinte du bourg ces morts maintenus en vies viennent vers elle. Elle fait un pas en arrière, sortant ainsi des limites du village. Et les morts-vivants repartent dans un autre sens.
Bien... C'est assez clair... Elle respire, se calme, inspire un grand coup et s'élance. Ces morts ont beau être emplis de magies ils n'en restent pas moins d'anciens humains. Si elle est assez habile et qu'elle court assez vite, il se peut qu'elle leur échappe. Alors elle court. Jamais elle ne gaspillerait ses réserves pour combattre ces... choses.
Airin entend des cris. Des plaintes. Des supplications. Elle s'approche du centre du problème. Le centre du village.
Dès qu'elle a mis un pied sur la place elle se fige. Là, au centre, cette silhouette, si familière, si haïe.

Lui...

Elle l'a trouvé, enfin, ses errances prennent fin aujourd'hui. Commence aujourd'hui le combat, Celui dans lequel elle vaincra ou mourra... Elle préfèrerait franchement vaincre, se venger, recouvrer ce qu'elle a perdu. Ceux qu'elle a perdu...
Tranquillement elle s'avance. Pas au centre de la place, il y est, entouré de cadavres et de personnes apeurées, donc pas là. Non elle s'avance jusqu'à être en face de lui... mais toujours à bonne distance.
Il semble occupé. Un garçon, retenu par deux morts. Il porte l'odeur du sang, du sang frai, doux, innocent et fier. L'autre lui parle, lui dit qu'il l'intéresse. Et elle se rappelle. Lui revient en mémoire une petite fille semblable, pas beaucoup plus âgée, une poupée du marionnettiste qu'est le CharcuDoc. Il a perdu l'autre? Oui c'est vrai... il l'a oublié à Erode... Elle est morte en l'appelant... C'était presque triste...
HyiHyil semble passionné par l'enfant. Le sera-t-il toujours après qu'elle s'en soit mêlée? Peut-être... Peut-être pas... Il aime la magie non? Elle s'en souvient. Alors elle l'utilise, elle veut revoir ces yeux sanglants, elle veut l'attirer à elle une dernière fois...
Elle lève une main blanche, trop fine, paume vers le ciel. De ses doigts naissent cinq petit faisceaux de lumière verte, ils se rejoignent en un point au milieu de sa main. Un autre rai de lumière nait de l'union des cinq autres et monte sur quelques centimètres pour finir par retomber en une fine pluie d'étincelles.
Ce n'est pas du tout ce qu'elle voulait faire... elle pensait à quelque chose de plus puissant, de moins inoffensif... de plus chargé en magie quoi... Ce doit être la fatigue liée aux nombreux voyages planaires certainement, à n'en pas douter une seconde..oui c'est cela...la fatigue...
Elle soupire, lui n'a pas bougé ne serait-ce que d'un millimètre sous la misérable faiblesse du sort... Bon, essayant autre chose elle ressort son violon et entame une nouvelle mélodie, celle là est dissemblable de celle qu'elle a joué plus tôt dans la forêt. Bien sûr elle contient un peu de magie, une infime parcelle, mais c'est surtout un ancien chant de chez elle, elle l'a déjà joué en présence du CyberMage... tellement longtemps plus tôt... Airin doute fortement qu'il se rappelle cette musique, c'était il y a bien longtemps et à l'époque il était bien trop occupé avec quelqu'un d'autre pour s'intéresser à sa musique. Mais bon peut-être réagira-t-il sous la magie qui vie à travers le violon, qui sait?
Une fois qu'elle a commencé, elle se sent moins sûre d'elle-même. Elle est fatiguée, sa magie ne répond plus bien. Et lui...il aime et sent la magie... Elle sait que si l'envie prend à cette masse de l'attaquer elle ne tiendra guère longtemps. Elle a peur, mais doit se venger... Alors elle tente...

Advienne que pourra.

Gonflé de puissance magique, le Cyborg se dressait face à l'enfant, le surplombant de façon menaçante. Dans son esprit retors une pièce s'ajoutait au puzzle déjà en place... Mais d'abord, il fallait le briser, anéantir sa volonté consciente... Et pour cela, s'occuper de la soeurette réfugiée au sol.

La petite se ratatinait tant et se serrait si fort contre les jambes de son aîné que c'était un miracle qu'il ne soit pas tombé à la renverse. La tête de la petiote n'arrivait même pas aux genoux de leur agresseur... Le sourire du borg devenait sadique alors que le moyen de torture lui semblant idéal lui apparaissait. D'abord, l'attraper.

Magie ? De la magie... Il en avait senti ! Qui, parmi ces bouseux, pouvait ainsi produire une magie même aussi infime ? Il leva la tête et la vit... Elle ! Un souvenir ressurgit alors dans sa mémoire à la vitesse d'un Béhémoth lancé en pleine charge... Elle... Ici...

"Toi !" grinça-t'il, oubliant momentanément les deux enfants tétanisés devant lui... "Par quel... moyen... ? Comment as-tu pu... survivre ? Et comment as-tu pu me suivre... jusqu'ici !!!???"

La surprise se mêlait à une colère frustrée... Il ne se serait jamais attendue à revoir surgir son passé... Son passé mourrait toujours avec chaque monde traversé. Mais pas cette fois. Cette ville... Erode... Le blond... Il se souvenait... Les Autres... Le combat sur la place, ce débordement de pouvoirs, ces flots de sang, ces morts... Un bon combat. L'arrivée prématurée de l'escouade de ses poursuivants avait gâché sa journée. La ville n'était pas prête et lui non plus. Les MagiTeks avaient tout rasé à sa recherche et il n'avait changé de plan d'existence qu'in extremis.

Il se souvenait...

"Je n'ai pas le temps de m'occuper de ton cas... Airin !" Le nom tombait avec un ton tranchant, il voulait qu'il se rappelait d'elle... Totalement... Toutes les données enregistrées lors des combats précédents basculèrent sur ces processeurs de combat. "Tu n'as pas ta place ici, Cétra, que viens-tu donc y chercher ? Ta mort ? Demande à un autre, un piètre Sorcier dans sa Forteresse Noire pourrait t'aider pas loin d'ici."

Son regard ardent, jusque là braqué sur la nouvelle venue, se détourna lentement pour revenir aux deux enfants. Il s'occupera d'Airin plus tard... Plus tard ? Sa présence mettait à mal l'exécution de son plan. Il lui fallait régler l'affaire au plus vite. D'un geste pensif, il ordonna à ses marionettes de tout cesser et de se saisir de l'inopportune... Son sourire revint, adressé à la petite.

"A nous deux donc !"

Alors que les zombies convergeaient vers la violoniste, le Mage se pencha et attrapa violemment la petite par le col de sa tunique trop grande. D'une pichenette de sa main libre, il envoya bouler le grand frère qui tentait de s'interposer. Le malheureux fut envoyé rouler dans la poussière en geignant sa douleur et sa frustration : il était trop faible pour affronter pareil adversaire.

La tunique craqua, la fillette sembla flotter un instant entre la main levée et l'autre bras encore tendu alors qu'elle tombait, un instant libre. Mais les réflexes inhumains, améliorés par une technologie d'un autre monde lui permirent de la rattraper au vol, à demi-nue, mais sans dégâts. Il la tenait à présent à deux mains, presque à bout de bras, par le cou et un genou. Elle se remit à pleurer doucement...

Sans un mot, il la levait, toujours tenue à bout de bras. Les autres villageois, dans ses dos, s'entre-regardaient. Plus aucune créature ne semblaient les garder, ils étaient potentiellement libre... Attaquer ? Fuir ? Sauver la fillette ?

Le moyen, sa survie, sa façon de le traquer quelle importance...? Ce n'était pas important n'est-ce pas? Airin ne comprenait pas du tout pourquoi il s'étonnait de sa présence.
Elle fit cesser la mélodie de son violon puis rangea l'instrument. Si elle devait se battre ici autant utiliser sa magie, sa faux si vraiment elle était d'une utilité quelconque contre le CyberMage.
Se concentrant elle fit apparaître sa faux. Ce simple tour de magie, lui laissa un vide immense. Elle se sentait faible, atrocement faible et vulnérable. Un froid puissant l'envahit soudainement. Mais excepté un très léger tremblement elle n'en fit pas montre. Pas besoin de s'humilier devant lui. C'était inutile.
C'est alors qu'il parla de nouveau.
Pas le temps, pas sa place... Oui c'était certain. Elle n'avait plus sa place nulle part excepté sur les traces de cet être jusqu'à sa mort. Ou jusqu'à son propre échec... Airin ferma les yeux secouant la tête. Elle ne devait pas penser à cela. L'échec était une solution inacceptable, impardonnable. Elle savait, dans ses tripes, dans son cœur, que si par malheur elle ne parvenait pas à ses fins, elle ne pourrait jamais mourir paisiblement. Et pour le moment c'était tout ce à quoi elle aspirait. Accomplir sa tâche et ne plus rien avoir à faire avec les mondes...quels qu'ils soient. Elle avait perdu ce qui lui était le plus cher, sa seule raison de vivre à présent résidait en l'exécution de son ennemi. Rien de plus, et rien de moins.

Il avait continué de parler pendant qu'elle pensait et qu'elle livrait une bataille entre son esprit harassé et sa conscience qui lui disait de continuer. Il avait parler d'un sorcier, d'une forteresse peut-être...vaguement. Et il avait bougé. Un signe vague, mais nullement destiné à elle. Pourtant dans un sursaut elle s'était mise en garde. Ne pas sentir sa propre magie irradier d'elle comme à Erode était proprement horrible. Mais elle devait faire avec. Ce n'était que de la fatigue due à ses nombreux changements de plans après tout... rien d'autre...
Airin ainsi placée regarda alors attentivement celui qui avait ruiné sa vie. Mais rien de lui n'indiqua quoi que ce fut en rapport avec elle. Il...avait reporté son attention... sur les deux enfants. Le garçon avait été mis hors de porté. La petite fille à moitié dénudée. Cela lui rappela un souvenir...le souvenir funeste de son arrivée à Erode... Cette enfant, dans ce bar...il l'avait violée, tuée, enchantée puis utilisée avant de l'abandonner... Il allait refaire la même chose? Mais la gamine n'avait qu'à peine l'âge de comprendre ce qu'il se passait, cela n'avait aucun sens...

Une douleur sourde explosa dans son crâne sans qu'elle se rende compte d'où elle venait. Sous la force du coup la Cetra tomba à genoux. Lorsqu'elle ouvrit les yeux pour voir ce qu'il s'était passé elle avisa les jouets du CyberMage. Autours d'elle. En un cercle serré. Un air franchement peu amène sur les traits.
Alors c'était ça? Il n'avait pas l'envie de lui faire face alors il envoyait ses chiens pour s'occuper d'elle. Une rage sourde monta en elle. Outre son idée de vengeance elle avait aussi une idée précise de l'honneur. Ne pas être répondre à une provocation de combat était pour elle une preuve flagrante de lâcheté en plus d'être une insulte grave.
Alors qu'un autre ancien citoyen de la ville s'avançait sur elle, la jeune femme ramassa sa faux, son arme, un des seuls vestiges d'Erode avec elle, et assena un coup puissant à celui qui s'approchait. Le coup partant du bas, la lame courbe accrocha toute la partie abdominale. Les vêtements, la chaire, les os, tous se déchira. Le son, les odeurs, tout revint à l'esprit d'Airin, frai, clair, apaisant presque. L'être qu'elle avait renvoyé à un repos plus calme, c'était une femme... elle était belle... Pourquoi s'arrêtait-elle sur ce genre de détail insignifiant?
Comme elle put elle se fraya un passage au travers de ses assaillants. Avec du recul elle saurait mieux riposter à cette attaque.
Airin se faufila, entre les jambes, entre les gens, arrachant au passage certaines pièces d'étoffe, certaines pièces de chaire, certains goûts de sang. Elle n'en avait cure. Seule importait sa survie.
Assez loin elle put voir. Voir le nombre, rapidement une quinzaine, peut-être moins. Cela ne serait pas difficile. Si seulement elle n'était si fatiguée. Son corps perdait en vigueur. Jamais elle n'aurait dut se lancer stupidement dans ce combat. C'était perdu d'avance...
Non, elle devait sortir vivante de ce bourbier, quel qu'en soit le prix tant qu'il n'était pas la mort. Il fallait qu'elle pense et vite, une solution devait venir. Et vite parce que les zombis présents commençaient déjà à s'avancer , et elle ne s'était écartée que de quelques mètres à peine. Une idée...vite... pour l'amour d'Erode...vite...
Elle inspira profondément, fermant les yeux. Elle devait se calmer, elle n'était pas dans son état normal, pas en conditions normales, pas dans son monde normal... Mais les morts restent des morts, même si on les ramène à un semblant de vie.

« Toute chose, naturelle ou artificielle, quelle qu'elle soit, doit prendre fin. Pour les êtres vivants, la mort signifie la fin. Si un mort est ramené à une existence, il doit être rendu à son repos. Ainsi vont les choses. »

Des paroles émergées de sa mémoire. Une mélodie et des mots, précis et tellement lointains à la fois. Les mains quelque peu tremblantes elle lâcha sa faux qui toucha le sol dans un bruit de métal. Elle se recula loin de ceux qui l'approchaient, ce faisant elle sortit une fois de plus son violon. Elle devait respirer. Elle posa l'archet sur les cordes. Mais ses mains tremblantes firent naître une note discordante. Une flamme prit vie entre les branches d'un arbre proche et embrasa le feuillage.
Les yeux grands ouverts Airin regardait cela stupéfaite. Cela ne pouvait être elle... jamais une fausse note n'avait eu ce genre de résultat. Son regard se reporta à nouveau sur les morts-vivants. Elle respira une fois, profondément, puis avec des gestes vifs et précis joua une nouvelle fois.

La mélodie était mélancolique, presque triste. Les premiers à avancer furent ceux qui tombèrent en premier. Toute vie les ayant quitté.
« Vie recréée doit retourner à la terre. Ainsi va le monde et ainsi se fait l'existence. »
La mélodie funèbre de repos des morts. Une sorte de requiem, de second requiem. En quelques minutes ce fut finit. Les corps sans vie, de nouveau, jonchaient le sol. Jamais le spectacle de la mort n'avait autant affecté la musicienne. Elle tremblait... de peine. Sa respiration était chaotique, saccadée et sans rythme.

« Qu'ai-je fait...? »

Ce murmure se perdit dans le léger vent qui s'était levé. Puis un mouvement lui fit reprendre pied dans la réalité. Un mouvement, ceux qui étaient agglutiné à côté de cette erreur de la nature. Ces gens qui empestaient la peur et l'horreur. Ces gens en vie pourtant...
Aussi vite que l'angoisse avait prit place en elle, le calme revint. Puis ce calme céda la place à une rage sourde. Contre le CyberMage, oui c'était évident. Mais surtout contre elle-même. Elle avait lâché sa proie de vue, s'était distraite de son objectif. Et pour quoi? Pour s'apitoyer sur le sorts de personnes déjà mortes et sans conscience aucune. C'était misérable de sa part, elle se haïssait pour cela. Elle ne devait avoir en tête qu'un seul objectif... la mort de cet être.
Il avait toujours les sens braqués sur les enfants.

'' N'est-elle pas claire la raison de ma venue Cyber Aberration? Ta mort me guide, elle m'appelle et elle va bientôt frapper. Tu as réduit à néant tout ce qui faisait ma vie, tu dois en payer le prix. Aujourd'hui, plus tard, dans ce monde... dans un autre qu'importe. Je te suivrais et te chasserais jusqu'à ce que l'un de nous deux meurt. ''

Sa voix était calme, froide. Un sourire à la fois déterminé et cruel étirait ses lèvres. S'il fallait quoi que ce soit pour attirer ce regard sanguin elle le ferait. Quitte à tuer ces enfants de ses mains, à exterminer le village entier. Elle écumerait les mondes pour le tuer. Ce serment était gravé dans sa chaire comme toutes les cicatrices qu'il lui avait fait.

"Elle" lui parlait... Comment était-ce possible ? Elle avait paru tant épuisée que ses poupées de chair auraient dû pouvoir le débarasser d'elle. Décidément, il fallait tout faire soi-même ! Le CyberMage reporta son attention sur la Cétra. Sa déclaration, telle une promesse, lui fit pousser une exclamation de surprise dédaigneuse.

Il en avait oublié la petite qu'il portait, les crétins derrière lui et sa victime potentielle, prostrée à terre à rechercher son souffle égaré dans la poussière. Plus rien ne comptait plus que cette joueuse de flute au violon grinçant. Il ricana.

"Ma mort !? Comme tu y vas, petite prétentieuse ! J'ai beau avoir perdu l'appui des Magicites depuis longtemps [ HRP : une petite baisse des pouvoirs d'origine, vite fait, en passant ] , mon corps reste virtuellement indestructible pour toi ! Tu as su échapper aux MagiTeks une fois, je doute que ce soit à nouveau possible..." Il posa son regard sur le garçon toujours à ses pieds... "Quand à toi... Tu sembles beaucoup tenir à ta soeur, n'est-ce pas ? Regardes bien..."

Ses mains levées au-dessus de sa tête se refermèrent avec force sur leurs prises, enserrant le cou fin et la jambe délicate. La gosse laissa échapper un long gémissement de douleur parmi ses pleurs. Les villageois semblèrent se resaisir à ce cri déchirant et s'avançèrent d'un seul homme, protestant et suppliant à la fois que le monstre de métal laisse la vie sauve à la petite.

Le mage tourna la tête vers ces importuns. Ils n'étaient rien pour lui, son plan prévoyait déjà leur mort totale. Un afflux d'énergie magique parcourut son corps et atteignit son masque, se concentrant autour de ses yeux luminescents. Il en naquit un faisceau d'énergie qui balaya la troupe agitée dans un souffle macâbre. Tous s'arrêtèrent. Subitement muets, ils s'entreregardèrent, stupidement stupéfaits.

Au niveau de leur taille, une ligne noire semblait former un disque parfait, semblant les couper en deux. L'un d'eux leva son poignet et regarda fixement l'absence d'extension palmaire, remplacée par un jet carmin répondant à d'étranges pulsations, bouche ouverte d'incompréhension.

Le moment de flottement ne dura pas plus d'une seconde avant que le portail transdimensionnel ne se referme... Entrainant avec lui quelques millimètres d'épaisseur de tous ceux qui s'y trouvaient ainsi que tout ce qui avait pu y tomber... Le sang coula, abondament des corps coupés en deux, des membres sectionnés, amputés... Les villageois s'écroulèrent en désordre, tombant sur leurs propres jambes subitement dissociées de leur tronc...

Rapidement, ne restaient que plus deux survivants à ce village : le garçon et sa soeur... Mais pour combien de temps ?

Le dédain...Encore. Cela commençait à être lassant. Oui, on avait compris, elle n'était qu'une petite chose fragile, diminuée, face au CyberMage... Oui c'était vrai, mais elle était encore en vie, et cela...cela seulement devait inquiéter cet être. Juste ce faire, qu'elle respire encore, tienne debout, parvienne encore à tuer, il aurait dut réagir plus tôt.
Échapper aux MagiTeks....oui déjà une fois. Une seconde alors? Cela devait être possible non? Elle les avait suivit sans qu'ils la remarque pendant si longtemps... Elle pouvait recommencer. Et puis, sur ce monde elle n'avait rien à perdre. Plus de ville, plus d'âme, juste une motivation. Alors il pouvait détruire ce monde sans aucun scrupule, ce n'était pas elle qui viendrait s'en plaindre.

Puis comme il avait tourné son regard vers elle il se désintéressa de la Cetra... Encore une fois. Oui ça l'énervait. Jamais, même lorsqu'elle ne savait rien de son destin, elle avait toujours détesté qu'on l'ignore. C'était un fait. Et cette chose jouait avec ses nerfs en la mettant de côté, lui préférant ces...enfants.
Toujours le violon dans une main elle ramassa sa faux de l'autre et la passa dans son dos la passant dans une sangle pour la faire tenir en place. Puis lentement elle s'avança, traversant la place sans s'inquiéter des morts, ni des vivants. Puis d'un coup elle se stoppa. Les yeux grand ouverts puis se fermant, les paupières tremblantes.
Tremblantes...de plaisir. Qu'importe ce qu'il avait fait c'était bourré de magie. Et cela mettait les sens de la jeune femme dans tous leurs états. Cela faisait si longtemps qu'elle n'avait sentit tant de magie, de flux...
Ses mains en tremblaient légèrement.

Lorsqu'elle ouvrit les yeux le spectacle lui arracha un frisson. Certainement pas de peur, ni de dégoût, mais un frisson des plus agréables. Elle voyait devant elle ces gens, morts, ou agonisants, baignant dans leur sang. Ils étaient coupé en deux, au moins, et certains cherchaient encore leurs jambes ou leurs bras, qui étaient à quelques centimètres du reste de leur corps.
Sa vision devint floue un peu, elle vacilla avec un sourire aux lèvres.
Cela faisait longtemps. Mais lorsque son regard vague se posa sur l'imposant carrure de son ennemi son esprit changea du tout au tout. Ses pensées se focalisèrent de nouveau sur lui.
Qu'est-ce qu'il avait avec ces enfants à la fin?

Enfin...elle avait une vague idée... Il s'intéressait au garçon non? Sinon il ne torturerait pas ainsi la fille. Il avait besoin d'un corps viable un minimum... Alors elle s'approcha de l'aîné des deux enfants. Durant le court chemin jusqu'à lui elle rangea l'instrument et repris son arme. Il s'était relevé et fixait sa sœur avec impuissance. Sa volonté était très forte. Il aurait voulu aller l'aider, ne plus la voir souffrir, la sauver. Déjà qu'avoir vu le reste des habitants de son village se faire tuer devait être traumatisant... perdre sa sœur en plus sans rien avoir put faire...
Mais peu importait. Elle posa une main calme et pourtant forte sur l'épaule du garçon et d'un mouvement passa la lame courbe sous sa gorge.
Si elle le tuait et qu'elle le rendait inutilisable, même dans une après vie, où il serait ramené, s'il lui manquait ses bras, ses jambes, si sa tête était dissociée du reste du corps il serait inutile non?

-Vas tu enfin me prêter un minimum d'attention ? Je n'ai pas traversé tous ces plans pour me heurter à un mur d'obstination et d'indifférence. Nous avons des choses à mettre au point toi et moi tu te rappelles?

Sa voix était cajoleuse et douce alors que la pression qu'elle exerçait sur la gorge du garçon qui se débâtait. Cependant ces mouvements n'étaient pas constructifs, elle avait fait en sorte de coince l'épaule droit de l'enfant de façon à ce que chaque mouvement lui fasse mal, histoire de l'inciter au calme.
Elle fixait désormais le CyberMage. Il lui fallait une réponse. Il lui fallait son duel, son combat, sa raison de survivre. Il devait répondre. N'importe quoi mais répondre. Elle ne supporterais pas son indifférence une fois de plus.

[HRP : Mangolds, pourquoi avoir squatté le post si c'est pour agir dans ton coin sans aucune interaction avec l'action initiale ? Faudra m'expliquer un jour... :roll [/HRP]

Airin a écrit:

-Vas tu enfin me prêter un minimum d'attention ? Je n'ai pas traversé tous ces plans pour me heurter à un mur d'obstination et d'indifférence. Nous avons des choses à mettre au point toi et moi tu te rappelles?

Sa voix était cajoleuse et douce alors que la pression qu'elle exerçait sur la gorge du garçon qui se débâtait. Cependant ces mouvements n'étaient pas constructifs, elle avait fait en sorte de coince l'épaule droit de l'enfant de façon à ce que chaque mouvement lui fasse mal, histoire de l'inciter au calme.
Elle fixait désormais le CyberMage. Il lui fallait une réponse. Il lui fallait son duel, son combat, sa raison de survivre. Il devait répondre. N'importe quoi mais répondre. Elle ne supporterais pas son indifférence une fois de plus.

Bien loin du tueur et de son acolyte, un regard rouge et inhumain se posait sur une non moins humain voleuse de proie. Décidément, elle se mettait toujours là où le CyberMage ne voulait pas la voir. Il montra les dents, grognant une désapprobation flagrante. Le gamin, pris entre deux feux, ou plutôt entre deux lames, ne savait plus finalement si la jeune femme venait les sauver ou les achever, sa soeur et lui. Sa vessie se relâcha dans un long jet chaud et odorant. Indifférent à ce fait, le mage grogna :
"Et que comptes-tu donc faire ? Il doit bien y avoir un autre village avec un autre garçon similaire sur cette terre, le tuer ne fera que retarder mes desseins et tu le sais. Tu voulais mon attention, très bien, je te l'accorde quelques instants..."
Les bras toujours levés, infatigables, il semblait parler avec désinvolture à la Cétra menaçante. Il ne doutait pas de trouver une autre poupée ailleurs mais il n'avait jamais eu la patience de la recherche... Et cette lame sur sa proie le contrariait donc au plus haut point. Négligemment, il serra légèrement les doigts, faisant gémir la petite et réagir le frère qui, pendant une brève fraction de seconde oubliait sa position immédiate. Il tendit le bras et essaya de s'avancer, son cou frôla la lame où le sang perla aussitôt.
"Alors, petite Cétra, que veux-tu ? Mourir, ici, maintenant ? Si tu faisais un peu de tourisme quelques jours ?"
Se faisant sarcastique, il titillait son adversaire de cette joute verbale et psychologique. Elle avait ce qu'il voulait et il n'avait que ce que sa proie voulait, cruel désavantage... Airin ne voulait que la vengeance et rien ne l'arrêterait avant qu'elle n'aie vengé cette ville moribonde qu'il avait contribué à achever il y avait de cela bien longtemps et bien loin d'ici...

[HRP] : désolé de faire court, j'ai les idées mais du mal à taper en ce moment et je manque de temps[/HRP]

[HRP] la qualité n'a pas besoin de quantité pour s'affirmer ^^ Tu sais que je me satisfait d'un rien, surtout en Rp ^^ [/HRP]

Stupide gamin... Pas qu'elle ait toujours détesté les enfants, loin de là, mais à Erode ils n'étaient pas si faible, à s'apeurer d'un rien. Là as...il y a longtemps, une lame sous une gorge de dix ans était si fréquente que c'était devenu banal! Alors qu'un enfant de cet âge se souille alors qu'elle ne faisait pas grand chose la dégoûtait. Ce n'était pas...normal, pour elle. Mais qu'importait. Du moment où il n'avait mouillé que ses chausses et non pas ses vêtements à elle, ce n'était pas si dramatique. Et puis... c'était fait une fois, il ne recommencerait donc pas.

"Et que comptes-tu donc faire ? Il doit bien y avoir un autre village avec un autre garçon similaire sur cette terre, le tuer ne fera que retarder mes desseins et tu le sais. Tu voulais mon attention, très bien, je te l'accorde quelques instants..."

Trop aimable...décidément il était d'une gentillesse à toute épreuve... Un autre village? D'autres enfants? D'autres morts? Le retarder? Elle comprenait oui... dans un sens. Mais tout n'était pas clair. Ses desseins? Lesquels? Détruire ce monde aussi? C'était inacceptable pour elle, pas normal. Trop similaire à ce qu'elle avait elle-même vécu.
Puis vint un geignement, le garçon devant elle se débâtit encore une fois. Mais ce coup là il se heurta à sa lame. Il saigna. Peu, mais tout de même. L'odeur enivra la jeune femme jusqu'à lui faire tourner la tête. Les souvenir se bousculèrent dans sa tête, créant un chaos inapprécié.
Le CyberMage parla. Une fois. Une question? Du sarcasme? Peut-être, peut-être pas. Quoi d'autre? Elle n'avait rien entendu. Quelque chose à propos de mourir non? Pas bien original. Du tourisme? Pourquoi faire? Elle n'avait qu'un objectif : se venger... Se venger en le tuant, le plus lentement possible et en pourrissant sa vie avant le plus possible. Lui faire regretter de l'avoir attaquer, et surtout de n'avoir pas vérifié qu'elle était morte avant de fuir.
C'était tout...tout ce qu'elle voulait. Se venger et pour ce faire, le tuer.

-Ce que je veux HyiHyil? Mais tu le sais ça non?

Elle reprenait peu à peu ses esprit, les effluves de sang (des quelques gouttes de sang) se dissipant dans l'air. Airin pencha la tête sur le côté, comme un enfant qui pose une question à laquelle il voudrait une réponse. Et d'un coup sec, net et sans bavure, elle égorgea l'enfant qu'elle tenait contre elle. Il se débâtit encore quelques secondes avant que son cors ne meurt définitivement, le noyant et l'étouffant dans son propre sang dans un gargouillis peu gracieux. Puis lorsqu'elle le lâcha, le corps s'effondra à ses pieds, sans vie, répandant son sang encore, sur les pavés autrefois propres de la place du village.

-Mais ce que je veux, c'est te pourrir tellement la vie que tu viendras me demander de t'achever. Je n'aurais de répits qu'une fois ma vie vengée. Et pas avant. Alors... quoi que je puisse faire pour t'empêcher de réaliser tes vœux, crois moi HyiHyil... je le ferais.

Sa voix était calme, presque éthérée, comme ailleurs. Comme lorsqu'on parle en dormant. Lointaine et pourtant si froide. Si sûre d'elle-même. Et accompagnée d'un sourire presque innocent, juste un sourire doux et calme. Puis elle releva la tête vers son adversaire qui tenait toujours la petite fille, la petite sœur, qui criait et pleurait la mort de son grand frère, le dernier rempart de sa vie.

Donc, il en serait ainsi... Presque précautionneusement, le géant de chair et d'acier reposa l'enfant qu'il torturait quelques secondes plus tôt. Il tourna lentement son regard vers celle qui avait été le grain de sable dans son plan du jour.

* Par le.... * pensa-t'il, amer... * Ne peut-elle aller mourir ailleurs sur l'épée d'un autre ? *

Lui-même ne pouvait plus invoquer son arme fétiche, une lame buveuse de sang et de forces magiques, arme idéale contre une créature imprégnée de magie pure telle que cette casse-pieds de Cétra.

"Tu m'as privé de ce jouet, soit, j'en trouverai un autre." A la petite, il glissa rapidement : "Tu es libre, sauves-toi et va prévenir que les forces de Velvorn le Nécromant sont en marche. Sauras-tu le faire ?"

La gamine, terrorrisée, ne pouvait guère plus qu'opiner vigoureusement mais en tremblant. La réponse sembla satisfaire le mage qui lui lacha le bras avant de faire face de toute sa hauteur à la Cétra. Poussant un profond soupir, il poursuivit :

"Je suis tout à toi, Cétra. A toi l'honneur du premier coup, honneur aux dames, parait-il... Si tu en es toujours une en tout cas..."

Un peu d'humour mesquin et le voilà prêt. Ses processeurs étaient calibrés pour le combat qui se préparait, les données des combats précédents chargées depuis sa mémoire phénoménale. Il avait l'air détendu mais il était prêt. Sur ses rétines artificielles défilaient les différents scénarii de combats probables avec les contre-offensives conseillées par ses programmes tactiques. Elle ne pouvait le vaincre, il en savait trop.

Il attendit.

Peu de choses attiraient en général l'attention de la Cétra lorsqu'elle s'était fixé une mission. Mais là...plusieurs choses l'avaient frappée.
Trouver un autre jouet. En soi ce n'était pas quelque chose de vraiment nouveau. Elle avait vu le CyberMage souvent accompagné d'une de ses créatures, à croire qu'il ne pouvait se débrouiller seul,... Mais ce qui avait fait réfléchir la jeune fille était que... elle se trouvait dans un monde dont elle ne connaissait absolument rien. Rien de rien. Tout ce qu'elle savait, c'était qu'il était chargé de magie, qu'il était habité, après ça... Elle ne savait rien.
Ensuite, autre chose qui l'avait interpelé. Un nom, Velvorn. Cela ne lui disait...Strictement rien. Mais si lui prenait la peine de faire prévenir que ce... Velvorn, ou du moins ses armées avançaient, c'est qu'il devait plus ou moins travailler pou lui à l'heure actuelle. Donc... Lorsqu'elle en saurait plus il fallait qu'elle trouve le meilleur moyen de lui barrer la route et ainsi enrayer pour quelques temps les plans de cette cyber abération.

Il lui avait envoyé tant de doutes en simplement deux pauvres phrases. Elle n'était pas ici à sa place. Rien n'était ce qu'elle connaissait... Sauf le sang, lui reste immuable. Avec une certaine délectation et un sourire tout ce qu'il y avait de pus doux et naturel elle fit passer lentement sa langue sur sa lame, récupérant ainsi le sang du garçon qu'elle venait de tuer. Mais à peine une seconde après elle recracha le fluide sanguin. Il n'était pas normal.
Ce n'était pas un sang qu'elle pourrait alors se faire une joie de faire couler. Il ne lui appartenait pas. Il n'était pas... pas ce qu'elle pouvait chasser, elle n'en avait donc pas le droit.
Tout ce qu'elle pouvait faire, c'était se venger alors...? Soit. Elle allait le faire. Avec un regard empli de mélancolie et des gestes lents elle repris son arme comme un faucheur se doit de le faire. Elle se mit en garde. Garde simple, faite pour l'attaque et la défense.

-Je n'ai jamais été humaine, je ne suis qu'une idée HyiHyil, alors la galanterie n'est pas nécessaire. Et puis... le premier coup je te l'ai déjà donné. Cet enfant l'était. Oui je te tuerais, mais il ne me sera pas nécessaire de le faire grâce à un combat. Si je parviens à te réduire à néant sans cela, je le ferais. Alors, maintenant, c'est moi qui t'attends.

Elle était calme et résolue. Du moins elle le montrait. Ce monde agissait trop sur elle, sur sa magie, elle s'en sentait vide. Tout ce sur quoi elle pouvait compter c'était son habileté au combat régulier. Au combat à la faux, et surtout aux esquives. S'il attaquait physiquement elle avait une chance de pouvoir y faire quelque chose. S'il lançait une attaque magique, là ça serait autre chose...
Advienne que pourra comme dirait l'autre...

La voilà prête à l'affronter, prête au combat. Bien, c'était une chose auquel il ne pourrait pas échapper de toutes façons, bien qu'il ait d'autres plans en tête. Mentalement, il suivit la progression de la petite fille qui semblait avoir trouvé de nouvelles forces dans ses jambes maigrelettes, celles de la peur, voire de la terreur. Normal après ce qu'elle venait de vivre : le masacer intégral de son village et celle de son cher frère sous ses yeux, lui qui ne semblait vivre que pour s'occuper d'elle.

Sans un mot, il dégaina ses lame digitales qui sortirent de leur fourreau de métal sans un son. Trois courtes lames recourbées à chaque main, courtes mais tranchantes comme des rasoirs et bien plus dures que l'acier, capable d'ébrécher le diamant. C'était l'avantage d'avoir un corps fait des matières les plus dures de la création, adamantium et vibranium.

Il s'approcha, en garde, sourire aux lèvres. Ses processeurs lui proposaient toujours de nmbreuses solutions, il avait tellement de choix : attaques frontales diverses, magiques sous de nombreuses formes ou déchaînement indirect. Il pensait à un sort en particulier mais il lui faudrait du temps pour le mettre en place. Et même si elle l'attendait, il n'était pas sûr qu'il puisse agir à sa guise. Ses yeux se mirent à luire, puis ses mains. Il y avait tant de magie ici que ça en devenait grisant et gênant à la fois : aucune action magique n'était forcément discrète.

Le sort attendrait, il lança une routine d'incantation en tâche de fond et se décida pour sa première attaque : la plus directe et la plus frontale possible. Il bondit en avant, porté par les pistons incroyablement puissants de ses jambes cybernétiques et un soupçon de magie. Mains levées, poings serrés, il chargeait la Cétra de toute sa masse, atterrissant lourdement devant elle en abattant ses lames de haut en bas. Elle ne pouvait qu'esquiver une attaque si puissante ce qui la découvrit largement pour le coup de tête qui suivit.

Reçu en plein sternum, c'était pour la Cétra, comme l'impact d'un boulet de canon qui la frappait de plein fouet. Le coup la fit voler de plusieurs mètres en arrière avant qu'elle ne retrouve son aplomb.

"Alors Airin, tu me voulais et me voici. Pourquoi te défiles-tu donc de la sorte ? Allez, viens donc te battre !"

Le coup porté avait été puissant...et douloureux avec ça. Sous l'impact et le léger vol plané qu'elle avait fait, elle avait lâché sa faux qui se retrouvait alors entre elle et le CyberMage... Trop loin de toute façon. Inateignable sans se mettre sciemment en danger. A Erode elle l'avait fait...mais là c'était autre chose. Elle se releva doucement, se rendant compte qu'un côte, peut-être deux, avait été brisée. Ça faisait très mal... Trop pour qu'elle tienne. Et sa magie interne qui ne fonctionnait pas. D'habitude elle aurait déjà commencé à travailler pour la soigner afin que cela ne l'handicape pas pendant son combat. Sauf que là...là il ne se passait strictement rien. Et ça faisait mal. Se relevant sur ses jambes un peu flageolantes elle toussa, recrachant du sang par la même occasion.
Là il se produisit quelque chose d'étrange...même à ses yeux. Son sang, répandu sur le sol changea de couleur, passant d'un rouge profond à quelque chose dont la couleur s'approchait plus du vert que du rouge... Son sang était attaqué par l'air et l'atmosphère de ce monde. Il y réagissait fortement...et pas bien en plus de ça. C'était pour ça que sa magie l'avait déserté alors...

Quelque chose se bloqua dans son esprit. Elle tomba presque, mettant un genoux en terre, une main sur la bouche, l'autre au sol. Si elle ne pouvait plus se battre de façon plus ou moins égale avec lui...avait-elle encore une chance de le vaincre? Chez elle c'était...la réponse aurait été « oui » sans hésitation. Mais là, maintenant qu'elle ne possédait plus de magie que dans son seul violon. En serait-elle capable?
Oui... Il ne fallait... il en allait de sa fierté, son honneur... sa vie simplement. Mais lorsqu'elle voulu bouger pour se relever ses muscles étaient tétanisés, ne lui répondant plus du tout. Elle commença à paniquer. Si... elle ne pouvait pas perdre déjà, pas si vite, pas maintenant qu'elle avait traversé les mondes, les plans et les âges à la suite de cet ennemi... C'était trop...trop facile. Trop douloureux aussi.
Il fallait qu'elle se concentre sur son combat, par sur sa petite personne. Seul comptait l'issue de leur affrontement.

Bon...si elle ne pouvait utiliser sa propre magie en revanche elle sentait parfaitement sentir celle qui l'environnait. C'était déjà ça... C'était bien. Il y avait quelque chose qui planait dans l'air. Lointain, mais qui prenait forme. Une langue inconnue de la jeune femme, une langue psalmodiée, quelque chose d'indistinct mais qui était tout de même là. Bien... Comme à son habitude, un coup d'avance... Il fallait qu'elle trouve quelque chose. Même si ses réserves de magies étaient au plus bas, elle en avait encore. Et puis...et puis son violon catalyserait le flux qu'elle y mettrait. C'était bien ça. Une idée, pas forcément la meilleure, mais une idée quand même.
D'une main tremblante elle vint saisir l'étui de l'instrument, le posa devant elle et en sorti le violon. Elle sourit doucement. Inspira une fois. Une grande fois, renouvelant totalement l'air de ses poumons.

L'air c'est la vie. Une nouvelle vie donc.

Bien... Commençons... Restant à genoux, elle cala le violon, penchant la tête dessus, puis posa l'archet sur les cordes. Pas de fausse note, c'était tout ce qui importait. Il fallait que la trame soit parfaite... parfaite... intégralement, totalement...parfaite.
L'air se rempli peu à peu d'une sorte de vibration. De près on pouvait voir que, doucement, l'archet bougeait. C'était des tremblements...Mais des tremblements intentionnels. La musique doit être parfaite...sans accroc aucune...D'aucune sorte.
Puis le violon gémit, la musique commença. Douce, presque comme chuchotée. Rapidement on put voir une sorte de sphère envelopper la jeune femme, une sphère bleue tranparente, comme si elle était électrique.
La musique s'accéléra, l'archet bougea plus vite, plus brusquement sans être agressif. Le paysage commença à se distordre. A changer. Par endroit il devint flou. D'autre part le sol se gondolait, à d'autre endroit il se creusait. Les pavés de la place commencèrent à se craqueler sous l'effet de la distorsion.

Airin sourit. Calmement. Puis elle ouvrit les yeux regardant HyiHyil.
Distorsion.
Le nom du sort. Cela pouvait sembler n'être qu'une illusion. Le genre de procédé utilisé pour déstabiliser son adversaire. Oui... ça y ressemblait fortement... tellement... c'était le but aussi un peu du sort. Mais cela ne faisait qu'y ressembler. Cela troublait l'esprit.
Que le CyberMage soit de chair ou non, cela pouvait le troubler... C'était possible. C'était le but recherché. Mais cela pouvait totalement échouer. Elle se souvenait des capteurs...Des senseurs, de tous les... processeurs dont il était bourré. Pourrait alors s'opposer deux choses. Sa connaissance des sorts qui, de prime abord ferait penser à une illusion, et ce qu'il verrait...la réalité.

Et puis... Distorsion était aussi une illusion, certain changements étaient faux, d'autres vrais. Des frais se cachaient sous des faut d'une nature complètement différente.
Une sorte de labyrinthe d'illusion et de réalité en fin de compte.
En quelques secondes de musique la place avait totalement changé et ne ressemblait plus en rien à ce qu'elle avait été.

Durant tout ce temps, elle n'avait rien dit. Ne voulait rien dire... respirer lui était déjà difficile à cause du coup qu'elle avait reçu, ce n'était pas non plus la peine de lui montrer que...oui il avait fait mouche en la frappant avec une telle force.