Si le tourmenteur y était... il nous mage leurerait!

Courant dans les couloirs souterrains, le noir personnage ne semblait pas ressentir la moindre fatigue. Etait-ce dù à la magie de ces lieux, ou à une modification de ses pouvoirs? Bonne question, mais cela ne le preoccupait absolument pas. Pour l'instant, une seule chose était presente dans son coeur: sa haine et son desir de vengeance. Et tout cela était dirigé vers un seul être. Une seule chose à la fois, pourrait-on dire: celle qui avait tenté de le mener à une mort certaine devait payer. Il ne la ramenerait pas vivante, il en était sur. Mais elle souffrirait longtemps avant qu'il lui fasse la grace de la laisser passer dans l'autre monde. Et après, il se tournerait contre son éternel rival enfin personnifié, s'attribuerait une puissance encore supérieure et reglerait ses comptes avec ce presomptueux nabot qui jusqu'ici lui faisait froid dans le dos.
Galopant vers une sortie probable, il s'aperçut que la paroi rocheuse s'était refermée derriere lui, le condamnant à avancer sans pouvoir rebrousser chemin. Bien, ça ne lui posait pas de probleme.
Il traversa la grotte sans un regard pour les creatures qui craquaient sous ses pieds, bien que sa nyctalopie lui ait permis de distinguer qu'il s'agissait des cadavres déjà desséchés de jeunes araignées géantes. Malgré son gout pour le carnage, il ne trouvait aucun intérêt à ce carnage et ne ralentit qu'à peine auprès du cadavre de la femme-araignée, lui décochant un seul coup de sabre pour s'apercevoir que ses poches a venin étaient vides et donc ne presentaient pas le moindre intérêt pour lui.
Sorti à l'air libre, il marqua une pause tandis qu'un sourire large marquait son visage: tout dans cette forêt lui semblait accueillant, comme si le trefond de sa demi-âme avait trouvé l'environnement qui le refletait. Mais une sensation déplaisante se faisait aussi ressentir, comme si la toile d'araignée de son 6eme sens vibrait de la presence d'un insecte trop heureux.
Il ne dit rien, ne fit qu'un faible geste, et disparut pour tous les yeux des mortels, s'élançant secretement vers la goutte d'eau qui troublait l'océan de ce paysage alter-ego.
Deux petites fées, mouches volant à tire-d'ailes vers un salut assuré pensaient-elles par la fuite, se prirent non pas dans la toile, mais directement dans les mandibules de ce féroce prédateur: cueillie dans sa trajectoire, la premiere se retrouva épinglée vivante à un arbre et prete à être étiquetée, tandis que le second diptère était plaqué au sol par le plat de la lame que le tourmenteur noir appliquait sur lui.

- Oh oh, des fées, n'est-ce pas? et vous vous pensiez autorisées à polluer mon espace vital par vos mievrerie? Vous êtes si.. Peuh!

La fée terrorisée ne pouvait répondre, paralysée par la terreur que l'aura maléfique de son interlocuteur exerçait sur elle. Elle aurait voulu se servir de ses pouvoirs, mais c'était comme si la lame de coke les absorbait.

-Tu es beaucoup trop vivante pour moi... Mais ça peut s'arranger. Des espions sont toujours utiles

Il prit alors une poignée de poussiere noire dans sa besace, et la tendit vers le malheureux être en recitant une formule. Alors la fée commença à se dessecher, sa peau à se rider, ses orbites se vidérent, tandis qu'elle hurlait de douleur. Alors, il la relacha, et elle s'envola quelques secondes avant de tomber en poussiere.

- Apparemment, votre physiologie n'est pas adaptée à ce genre de sorts.

Il s'approcha du malheureux papillon épinglé, et déchira sa tunique, laissant apparaitre son corps miniature de femme totalement nu. La fée lassion, bien que non pudique, aurait presque rougi si elle n'avait pas été presque exsangue

- Pourtant, vos corps semblent tres proches des notre... Tant pis.

Et saisissant une petite branche, il y tailla une branche, et lui engouffra entre les machoires, l'empalant a l'envers malgré ses gemissements étranglés..

Il se remit en route, cherchant maintenant la trace de celle qui était le veritable objet de sa quete...

Chapitre 25 : La fée Lyne

Gabrielle progressant dans la forêt sombre à sa vitesse, belle et élégante robe rouge sans capuche, chaperon de ses longs cheveux blonds et bouclés qui lui descendait agréablement en dessous de ses épaules dénudés.
Les bois n’étaient pas fait pour des balades d’une telle complaisance, les racines et les branches se fessaient violence de cette outrecuidante créature ailée qui progressait directement dans les pas de l’archère-mage.
Cependant l’aura meurtrière de l’archange brisait les feuilles les plus téméraires, qui osaient entraver sa balade forestière ; et comble d’une prière glacée, elle se mit à chanter sans accord et sans harpe une complainte d’une extrême beauté.
Dans la cacophonie ambiante du chaos vert et dense qui livraient son mystère à la moindre de ses dance, la voie pure de Gabrielle répondait sa présence, en rependant ainsi sa parfaite connaissance des mystères de ses bois.
En effet elle était déjà passée par là, et aucune créature qui criait son émoi invisible, ne pouvait l’inquiéter, au contraire, par son champs elle prévenait ses locataires de ne pas être trop empresser à la gêner s’il désirait vaincre, leurs combats étaient dés lors scellé.
Elle arriva enfin devant un petit buisson qui semblait s’agiter, plus qu’un simple mouvement, celui-ci tremblait de sa seule présence ; Gabrielle terminant sa chanson et l’arbuste stoppa net sa pamoison.

-« Lyne ma chérie, pourquoi donc te caches tu encore ici ! »

Le ton était tranchant comme l’eau, et le buisson ne fit que trembler finalement à nouveau ; puis sortit du végétal une fée aux ailes peureuse qui lançât très haut perché un : - « Bonjour ! » du plus mauvais effet.
Gabrielle sourit néanmoins et continua devant l’être des bois.

-« Epargnes moi ton incipit, je cherche une archère et un vampire hors la loi… »

-« Ils sont passés par là ! »

Indiqua la fée Lyne sans malice, et pourtant…

-« Ne me ment pas, tu triches là d’une lieue ! »

-« Vous connaissez vous aussi Trichelieu ? J’ai rencontré ce clerc devant ce buisson, j’avoue j’étais timide à son élocution, il était drôle et remplie de sa passion, c’est alors que je lui ai proposé de l’introduire auprès de la Fée Lass… »

-« Il suffit, je n’ai pas le temps de savoir combien d’êtres insignifiants tu as rencontré ici avant, il arrive ! »

Lyne tremblât encore plus fort que d’habitude, et ce n’était pas le ton sec de Gabrielle qui était responsable de cet effet, mais sa venue en ses lieux faisait l’effet d’une trainée de poudre qui agitait la pauvre créature pure et cents malices.
Gabrielle ne se fit pas avoir une seconde fois, elle planta son regard dans ceux de la fée et déclara.

- « Si tu ne viens pas à moi, il ne fera qu’une bouchée de toi, ou préfère tu que je te change directement en Dopplegänger, comme ta cousine Lonny avant toi ? »

Elle sourit méchamment.

-« Peut être que tu aurais plus de chance contre lui ainsi faite !»

-« Non par pitié, protégez-moi ! Le tourmenteur est là… »

Gabrielle se retourna interdite, elle n’avait pas prévue sa présence et sa connaissance du tourmenteur n’était en ses lieux que très récente, lorsqu’il était sortit de la terre qui murait ses pouvoirs sur cette planisphère.
Mais il n’y avait personne, comprenant qu’elle s’était fait avoir, elle revient à sa position initiale et voyant la fée s’enfuir à tire d’ailes loin d’elle, elle déclara.

-« Tu ne m’échapperas pas ! »

-« Du moment que tu ne chantes pas… »

-« Silence, où tu n’auras pas cette chance Léviathan ! »

Partant de sa main un globe d’eau pure s’élançât vers notre fugueuse, la suivant comme un missile aquatique qui finit par la toucher et l’avaler.

-« Interdiction de la manger ! »

-« Ce n’était pas mon idée… »

Gabrielle avança vers la cible touchée, la petite fée Lyne était prisonnière dans une capsule de verre qui brillait comme un corail transparent, elle l'a ramassa.

-« Tu me remercieras en ton temps Lyne… »

-« Ce qui veux dire que tu ne vas plus chanter ? »

-« Mais tu va arrêter de me casser les oreilles, dragon ! »

-« C’est ce que je me tue à te dire, des fois on n’a l’impression que tu ne t’entends pas…»

-« Tu va voir qui je vais tuer, s’il continue ainsi ! »

-« Laissez moi sortir, je ne veux pas être changée en Dopplegänger ! »

La conversation nette se stoppa, il y avait comme un grand souffle derrière elle, et Gabrielle se retourna une nouvelle fois.
A une vitesse folle une ombre noire filait vers elle à toute allure, Gabrielle eut juste le temps de s’envoler vers le ciel inaccessible et de se poser sur une branche avec ses belles ailes couleurs coraux.
Mais déjà le tourmenteur avait sa piste, il allait foncer dans la direction opposée à celle indiqué plus tôt par la fée Lonny, mais le parfum trop fort de Gabrielle l’arrêtât dans sa traque, et il jeta un regard noir vers notre oiseau de proie.
Ils se jaugèrent un moment, puis finalement Gabrielle aussi distrayante de beauté qu’elle soit, ne l’intéressait pas forcement, à part à retarder son pas ; elle ne semblait pas éprouvée de peur à cette hauteur, mais vigilante elle le dévisageait à mi-hauteur, avant de lui dire simplement, comme pour une confidence entre deux vieux amants.

-« Poursuit donc ta route, tourmenteur ! Elle est passée par là celle qui guide tes pas… A m’affronter tu ne gagneras pas, ni repos, ni vengeance, ni éclat… Il arrive déjà celui qui est fait comme toi, d’une moitié d’âme il voudra te reprendre… Tu n’a plus vraiment le choix ni le temps, c’est elle ou moi ! »

Il sembla hésiter, il est vrai que Gabrielle était une adversaire de choix, mais les tourmenteurs sont guidés par la folie de vengeance...

-« J’arrêterais le mage pour toi, tu auras le temps d’accomplir ta vengeance… Mais contre ma bienveillance, je veux que tu frappes l’homme qui conduit ses pas… »

Elle sourit en regardant l’homme sombre.

-« Oui c’est cela, tue Selath le vampire pour moi ! »

Son rire emplit alors toute la forêt, et plus loin Alia’ane et son compagnon courraient, si proche de l’entrée du château, la nuit serait bientôt tombée…

L'atmosphère du lieu n'arrangeait rien à l'angoisse qui tenaillait le vampire, maintenant attisée par la course effrénée. Dans leur hâte, les voyageurs ne se préoccupaient que de leur fuite. Chaque bruit, chaque mouvement aperçu du coin de l'oeil, privé d'analyse, livrait l'imagination de Selath aux pires sévices. L'un comme l'autre masquaient leurs sentiments, mais tout deux savaient ce qui en était vraiment. L'ambiance était étouffante, les doigts tremblotant du vampires étaient tièdes, abandonnant leur habituelle fraîcheur. La sueur lui collait au front. Quand il ressentit des bouffés de chaleur et faillit s'évanouir suite à une nausée, l'albinos se força à se calmer. En moins de six minutes, il avait reconnu suffisamment de symptôme d'une angoisse pour inquiéter une armée de dispensaires. Il se décida à prier la Gardienne de faire une pause, mais celle-ci s'arrêta d'elle-même.

-« Ce n’est pas possible qu’il fasse aussi chaud, mon cœur est prit dans un étau ! »

*Pas mieux...*

-Vous trouvez?

Sans répondre, Alia'ane déboutonna son veston. La vue de la chaire fit naître quelque chose en Selath Vereïs. Guère de la sorte d'une pensée humaine, mais tout aussi pécheresse. En effet, depuis combien de temps le vampire ne s'était-il nourri?
Il réprima aussitôt son envie, s'efforçant d'assurer une contenance. Le regard intrigué de la Gardienne lui fit comprendre que son teint devait avoisiner celui d'un piment -enfin, tout de même pâle le piment. Alors l'albinos comprit quelle déduction avait pu faire sa compagne, attisant sa honte. Bien qu'il préféra qu'elle s'imaginât cela d'avantage que l'envie sanguinaire dont il avait été pris.

Ce répit tant désiré allait prendre fin, quand un buisson, perdu entre les arbres monstrueux, trembla.

-« Le buisson bouge…le buisson bouge… Ah mon dieu le buisson bouge ! »

Cette phrase suffisait à elle seule à résumer l'état des deux voyageurs.

-« Oui, bon ça va, ce n’est qu’un buisson ! »

Selath n'était pas agacé, simplement désappointé. Agréablement désappointé. Il était bon de savoir que sa compagne de voyage était humaine, elle aussi.

-« Bonjour ! »

*Mon dieu, mais quelle horreur! Vraiment, cette voix est atroce!*

Une fée était sorti du buisson en question, tout en accueillant les visiteurs de sa voix criarde.
Suite aux présentation, il s'avéra que la créature n'était autre qu'une fée nommée Lyne, et qu'elle venait leur annoncer qu'ils couraient un grave danger. Mais, pire encore, Selath dû déployer tous ses talents de comédien pour réprimer son hilarité devant la petite chose qui parlait de sujets importants avec une telle voix. Il songea un moment à lui coudre la bouche avec du fil de fer -Il avait beau être enclin à la non-violence, ça aurait été d'intérêt publique-, mais s'avisa que ce n'aurait été très reconnaissant envers cette... fée qui ne leur voulait que du bien.

-« Vous êtes donc la fée Lyne ! Et vous venez nous prévenir qu’un grave danger est actuellement à nos trousses… »

Tout en agitant les ailes d'une manière aussi ridicule que sa voix, la créature planta son regard dans celui de la Gardienne.

-« Nous l’avons ressenti, un mâle tourmenté bien plus grand que cette forêt est en approche, il en a contre vous, et cherche l’anicroche ! »

*Ciel, comme c'est palpitant... Dit ainsi, il est vrai que les événements perdent de leur superbe.*

Plus ennuyé qu'autre chose par le discours inutile de la fée, Selath, qui s'était d'avantage concentré à décortiquer le discours qu'à l'écouter, fit remarquer:

-Nous?

-« C’est que, vous ne connaissez pas toute mes consœurs ! »

Le vampire examina les alentours, puis prit un air entendu, tout en souriant faussement.

*La schizophrénie touche de plus en plus de personne de nos jours... *

Alia'ane, remarquant peut être l'ennui profond de son compagnon -enfin, d'un côté, cela lui avait permis d'oublier la sensation menaçante- abrégea la discussion:

-« Et bien merci, nous serrons donc sur nos garde, mais sachez que rien ne peux nous faire peur, pas même un Dopplegänger !»

Evidemment, l'albinos ne comprit pas l'intérêt profond de cette phrase, mais avec la Gardienne, il avait apprit à ne pas chercher. Ils repartirent donc, reposés, et plus rapide que la dernière fois, l'impression de danger étant confirmée.

*Au moins, nous savons ce qui nous poursuit. Un danger millénaire pouvant nous anéantir en quelques claquements de doigts. Tout va bien. Tout va bien. Tout va bien, ai-je dit!*

Au fur à mesure du temps, l'angoisse reprit. Selath décida de détendre l'atmosphère en discutant, afin de s'occuper l'esprit.

-Cette fée était si pitoyable, la pauvre... Et schizophrène, qui plus est...

S'ensuivit un bruit pouvant traduire pitié/compassion/amusement/sadisme d'un vampire se réjouissant du malheur d'une créature féerique:

-Sigh.

-"...mund Freud?"

-Plait-il?

-"Nous parlions de schizophrénie, alors... Non, oublies ça."

Soudainement, une impression étrange étrangla quasiment le jeune albinos, et celui-ci ce retourna, scrutant la forêt. Evidemment, il ne s'attendait pas à voir quoi que ce soit. D'où sa surprise et son bond lorsqu'il aperçut une silhouette sombre, à moins d'une centaine de mètres.

-Alia'ane.

Cette dernière lui jeta un regard inquiet, puis suivit son indication. Prévenue, sa réaction fut moins prononcée, mais elle eut tout de même un rictus.

-Ce pourrait être lui?

-C'est probable. Si il est aussi puissant que la fée ne le disait, je propose de...

-Courir le plus vite possible en espérant que ce "Grand Mal" n'est pas endurant?

Ils se consultèrent du regard. Selath examina la silhouette, désireux d'entrevoir quelques détails pouvant le contredire. Mais au crépuscule, alors qu'il y avait conflit entre sa nyctalopie et sa vue humaine, son souhait était vain.
La chose se mit en marche. Ce fut le signal. Les deux voyageurs détalèrent plus prestement qu'un paysan devant un prospecteur. La Gardienne, connaissant leur destination, se trouvait devant le vampire, qui pour sa part courait aussi dignement qu'une crevette asphyxiée.
La nuit tombait, et Selath Vereïs pu enfin voir correctement. Suite à une course effrénée en sol hostile -il faut comprendre par là que l'albinos avait trébuché une bonne trentaine de fois sur des racines et que le couvert des arbres était si bas qu'il lui effleurait les joues- de plus d'une dizaine de minutes, et paraissant durer la nuit entière, le vampire jeta un coup d'oeil à leur poursuivant. Celui-ci tenait correctement la poursuite. En vérité, il gagnait du terrain.

-C'est inutile.

Ce cri, terminé par un râle épuisé, fit se retourner Alia'ane.

-"Nous devons atteindre notre destination! Elle n'est plus très loin."

-Et pourrons nous l'atteindre vivant?

La Gardienne le regarda dans les yeux. Elle ne voulait pas répondre, mais pas non plus lui mentir -dans une certaine mesure tout du moins.

-"Cours et tais-toi."

Elle reprit sa course. Selath jeta un regard en arrière. Leur poursuivant était presque sur eux. Le vampire se força à ravaler sa fatigue, et partir à la suite de son guide.

*Et amie?*

Filant comme une etoile noire dans la pale lumiere crepusculaire de cette foret, le fléau avait repris sa traque de la traitresse pecheresse aux oreilles pointues.A chaque foulée qui le rapprochait de sa proie, il pouvait sentir approcher de ses narines une douce fragrance , tant marine que musquée, qui irritait ses capacités olfactives d'une note poivrée bien que moelleuse.
Alors qu'il filait vers sa proie, l'archange apparut sur sa route, dame blanche fantomatique a la robe rouge qui s'envola comme un spectre vers une branche. S'arretant net moins pour eviter un telescopage que par un pervers intérêt pour ce qui semblait être une agréable victime, il leva vers elle ses orbites noires en une scene surrealiste, improbable tableau ou le corbeau guettait le renard réfugié sur sa branche, projettant sans doute de se faire un manteau d'hermine de sa fourrure albinos.

* Sa peau a l'air douce. Peut-etre qu'une paire de gants...*

Mais en la toisant, deux magnifiques ailes, plus devinées qu'entrevues parmi la richesse des etoffes, lui firent changer son jugement. Il n'aimait pas les anges, ces caricatures de volatiles n'étaient pas fiables, et niaient jusqu'à leur appartenance à ce noir chaos dont ils étaient issus. Ces hypocrites parangons de vertu qui ne révaient que d'assouvir les mêmes instincts sanguinaires que lui, mais qui préchaient la justice et n'osaient s'abandonner à leur nature. Il l'aurait bien ajouté à son tableau de chasse, car aussi puissante qu'une de ces creatures puisse etre, cela n'était rien en comparaison de ce que sa nature lui permettait, mais l'écarlate rencontre se decida à devenir son interlocutrice.

-« Poursuit donc ta route, tourmenteur ! Elle est passée par là celle qui guide tes pas… A m’affronter tu ne gagneras pas, ni repos, ni vengeance, ni éclat… Il arrive déjà celui qui est fait comme toi, d’une moitié d’âme il voudra te reprendre… Tu n’a plus vraiment le choix ni le temps, c’est elle ou moi ! »

Ainsi, elle avait des dons de voyance, ou était bien informée.La fixant de ses yeux noirs tandis qu'elle continuait sa tirade, il considéra la situation. Elle semblait savoir ce qu'il était. S'il n'en restait pas moins dangeureux, cela changeait la donne. Si elle se sentait capable de l'affronter, soit elle ne connaissait pas tous les détails de son état, soit elle connaissait un moyen de contourner la difficulté... prudence, donc.
La suite de ses propositions lui plurent nettement moins, ainsi, c'est d'une voix fort peu amene qu'il prit la parole à son tour.

- Pensez-vous réellement, Archange, que je puisse avoir besoin de vous de quelque maniere?

Sa voix pouvait faire frissonner un mort. Elle n'avait rien de ces voix bouillonnantes ou de ces rugissements que les fauves de l'ombre arborent généralement. Au contraire, elle semblait n'être qu'un chuchotement. Mais ce chuchotement semblait si fort que les fantomes du passé semblaient tous s'etre miss a l'unisson pour le produire. Et si le ton n'était pas excédé, l'air devenait plus froid à chaque son, comme si le plus fort des blizzards devait découler de la brise qui franchissait son espace inter labial.

- Pensez-vous réellement que je craigne celui qui est me ressemble mais incarne toute la faiblesse de l'homme? celui dont l'âme est incomplète parce qu'il nie le chaos qui est en nous? Pensez-vous réellement quej'ai besoin de sa permission pour exister ou de la votre?
Tandis qu'il parlait, il semblait se rapprocher de l'écarlate volatile, malgré la hauteur, tandis qu'autour commençaient à se former des cristaux de givre et une buée imperceptible autour du nez des êtres vivants présents.
- Vous avez peut-etre raison en pensant que je suis incomplet, mais j'y remédierai bientôt. Vous me connaissez peut-etre assez pour savoir comment?

Imperceptiblement, il se hissait dans l'arbre, presque sans mouvement

- Je n'ai que faire de votre marché, si vous voulez ce vampire, payez le prix avec cette pierre ou priez pour qu'il me barre la route.

Il pointait maintenant son doigt dans la direction du pendentif de Gabriel. A moins que ce ne fut son coeur. En moins d'un souffle, il se trouva à sa hauteur, son visage face au sien

- Si tu tiens tant à m'aider, belle enfant, tu n'as qu'à te fondre en moi...

Ses lèvres laissèrent alors sur celles de 'archenge un souffle glacé semblable à celui de la mort, et il sembla disparaitre, tant les ténèbres l'entouraient alors qu'il filait comme le vent, parti a nouveau vers un massacre projeté.

-Nous y sommes presque.

Selath regarda dans la direction indiquée par Alia'ane.

-Je ne vois...

Le vampire se tût. En effet, à travers le couvert des arbres, qui se parsemait légèrement en ce lieu, on pouvait apercevoir une tour lointaine.

-Voici le donjon du château en question. Nous sommes presque arrivés, répéta t-elle.

Selath eu un rictus traduisant sa fatigue autant que son anxiété. Il se retourna, apercevant leur poursuivant. Celui-ci s'était arrêté en même temps qu'eux, et les observait à quelques dizaines de mètres.

*Pourquoi ne bouge t-il pas? Il donne l'impression de de déguster ce moment...*

En effet, le Tourmenteur semblait prendre un vicieux plaisir à traquer ses proies. Sur une consultation silencieuse, les deux voyageurs repartirent en courant. Le terrain était plus plane qu'auparavant, et une route sinueuse et boueuse se distinguait parmi les arbres. Alia'ane s'engouffra dans cette voie. Tandis qu'ils parcouraient le chemin, une ombre se distingua sur le bas-côté. L'angoisse inextinguible le reprit immédiatement. Lorsque d'autres silhouettes sortirent des profondeurs de la forêt, Selath comprit.

*C'est un illusionniste. Il s'amuse avec nous...*

Alia'ane ne semblait guère en douter, et ne prit pas même la peine de contourner une des ombres, qui se dissipa à son passage dans une traînée noire.
Selath s'essaya à haleter quelque mots:

-T'copfieu s'tom... some?

Toute personne, comme Alia'ane, comprenant le langage de celui qui court depuis quinze minutes, réussit à interpréter:

-Tu connais cet homme?

Elle hocha la tête, sans s'arrêter ni expliquer d'avantage. Un léger sourire fit remarquer au vampire que la Gardienne avait saisi le tutoiement. Même dans de telles situations, elle arrivait encore à être détendu. Ca faisait partie de ces défauts de l'humain dont Selath était exempt. Ses mains tremblaient tant qu'il doutait de pouvoir tenir sa dague. Mais la tension avait ses avantages, notamment de crisper les muscles de l'albinos, qui était d'ores et déjà prêt à se battre.
Soudain, une nouvelle ombre surgit sur le côté. Ne sachant comment, le vampire était persuadé qu'il était en face de l'original, et non d'une illusion. Le Tourmenteur ne lui jeta nul regard, ce qui confirma que sa cible était la Gardienne. L'albinos aurait pu le percuter, s'interposer entre lui et Alia'ane. Mais ses réflexes d'assassin revenant, il n'en fit rien. Il était stupéfiant de voir à quel point un être -car maintenant, Selath pouvait le distinguer clairement- aussi frêle en apparence pouvait être rapide. Le Tourmenteur alors, apparemment enfin à portée, débuta une incantation. Ce fut ce moment que le vampire choisit pour bondir sur sa victime, qui se trouvait de dos. Dague au clair, son bras se détendit comme une flèche pour frapper. Cependant, prévenu par quelconque magie ou perception surnaturelle, l'être se retourna vivement et stoppa net Selath Vereïs en apposant une main sur son épaule, l'autre agrippant le poignet armé. Durant la seconde où l'albinos restait en apesanteur par la force impressionnante du Tourmenteur, il ne pu s'empêcher de river son regard sur les moindre détails de celui-ci. Sa pâleur n'avait que peu à envier à celle du vampire, et, associée à ses yeux luminescent de cruauté, il semblait d'avantage à un cadavre ambulant qu'à un humain. De même, il était grand. Très grand. Selath s'en aperçut alors que ses pieds étaient à une trentaine de centimètres du sol. L'être huma l'air un instant, puis déclara:

-Tu pues la mort, humain. Tu es donc ce vampire. Ma pitié n'était pas gage persistant. Tu t'es mis devant moi, ton sang décorera mon sillon.

Avant que le vampire ne rétorquât, l'air se mit à vibrer tandis que les illusions se dissipaient. Instinctivement, l'albinos reconnut la déflagration commune à la magie, une seconde avant que la douleur ne parcourût son corps. Tandis que Selath se tordait sans un bruit, la souffrance l'empêchant même de parler, le Tourmenteur s'approcha de son oreille et murmura:

-Ce ne sera plus long. Être complet m'aurait permis de te faire endurer des sévices plus performants, mais peu importe. Ton corps a assez d'humain en lui pour que je puisse m'amuser.

Il sembla songer un instant, puis reprit:

-Ton silence m'ennuie. Hurle, petit vampire, hurle.

La souffrance fut un instant relativement soutenable, juste assez pour libérer sa voix. Mais l'albinos se fit un devoir d'honneur de rester silencieux. Il riva son regard dans celui du Tourmenteur. Ce dernier eu un rictus, qui paraissait être un sourire vicieux. Selath comprit alors que ses yeux devaient traduire ses sentiments, la peur tenace et intense qui l'envahissait à ce moment. S'apercevant que la douleur ne suffisait pas à son plaisir sonore, l'être s'appliqua à augmenter l'intensité de son sort. Le vampire comprenant que la situation ne s'arrangerait pas sans coup de pouce -ici d'arbalète-, il se saisit de l'arme de trait qui pendait à son dos et assena un coup latéral, qui fut, bien entendu, bloqué par un vif mouvement de bras. Cependant, la douleur s'était atténué, peut-être par manque de concentration de la part du lanceur. Selath Vereïs pu ainsi reprendre ses esprits quelques secondes, et décider de la marche à suivre. Il assena un coup de genou dans les côtes du Tourmenteur afin de détourner son attention, puis fit pivoter violemment l'arbalète, tout en percutant le menton de l'être pâle. Le trait était alors dirigé vers sa gorge, et le vampire tenta de faire jouer le mécanisme. Mais son bras gauche, déjà en mauvais état lors de la course poursuite, et dont la peau était à moitié arrachée, n'avait plus assez de force. La maigre lueur d'espoir disparut du regard de l'albinos. Quand il réalisa enfin ce qu'il devait faire, et pressa le levier contre son corps afin de faire partir de trait, le Tourmenteur l'avait brutalement repoussé sur le côté. Piètre tireur, Selath parvint tout de même à atteindre l'épaule de sa cible, qui ne sembla pas s'en inquiéter outre-mesure.

Sans même retirer le carreau, la moitié d'être dégaina ses deux fauchons tandis que l'albinos se relevait. Il laissa son arbalète à terre, mais récupéra sa dague. Ses jambes flageolaient, et Vereïs éprouvait du mal à se tenir debout. Ce qui ne s'arrangea pas lorsque son adversaire incanta, et que l'esprit du jeune vampire fut comme compressé par un étau. Il tituba, incapable de coordonner ses mouvements. Il mit trois bonnes secondes à retrouver le contrôle. Lorsque cela arriva, le Tourmenteur se trouvait juste en face de lui, s'apprêtant à le décapiter. Selath se baissa juste à temps, de telle sorte qu'une mèche de ses cheveux blancs fut tranchée net. Mais l'apport de vitesse qu'apportait les deux armes se fit sentir, et aussitôt, un deuxième coup porté horizontalement blessa le jeune vampire au bras droit. Un troisième fut dévié par la dague, et emporté sur le côté d'un vif mouvement.
L'albinos profita de l'ouverture dans la garde de son adversaire pour bondir une fois de plus. Une fois de plus, l'être pâle fut assez prompt, et interposa ses lames.

Selath feinta avec son arme sur un coup de droite à gauche, manqua de se faire trancher la main par la parade du Tourmenteur, qui malgré son talent s'était laissé prendre, et frappa en vérité sur la seconde arme afin de déplacer la garde. Les deux fauchons ne risquant plus de le trancher en trois, le vampire laissa choir son arme, s'agrippant à sa victime afin de planter ses crocs dans sa gorge. S'apercevant que la proie en question n'allait pas le laisser sucer à son gré, il préféra retirer violemment ses canines de façon à arracher la gorge du Tourmenteur. Le sang gicla, aspergeant entièrement Selath Vereïs. Celui-ci prit une jouissance non contenue à sentir le fluide coulant sur son visage, laissant place à son instinct animal.

S'affaissant pour boire ce sang si appétissant, le vampire remarqua que sa proie n'était pas morte. Loin s'en fallait. Les crocs ne s'étaient pas enfoncés assez profondément, et la jugulaire avait été épargnée. La main pâle du Tourmenteur, miraculeusement propre alors que tout son corps était maculé de sang, se saisit de l'albinos pour l'envoyer en l'air sans efforts. Le rictus de l'être traduisait toujours de l'amusement, mais de la haine c'était logée au coin de son sourire. Avec un peu de sang, soit dit en passant. Ses deux fauchons tourbillonnant, il reprit le combat. A peine Selath était il redressé que la lame le désarmait. D'un adroit mouvement du poignet, le Tourmenteur enfonça son arme dans la cuisse du vampire, la ressortit dans un filet pourpre, tandis que de son deuxième ivoire il transperçait le bras gauche, faisant éclater l'os. D'un coup de pied dans la mâchoire, l'être retourna le bref avantage du vampire comme le vampire lui-même. Les deux fauchons auraient dû décapiter le jeune albinos si celui-ci ne s'était pas laissé tomber face contre terre dans la boue. L'air se déplaça, et Selath su que son ennemi s'apprêtait à l'achever. Il roula à terre soudainement, évitant de justesse l'offensive. Faute d'arme à portée, le vampire se saisit du crochet qu'il utilisait habituellement pour les serrures, et en planta l'extrémité pointue dans l'os naviculaire de son ennemi. Profitant de la brève surprise produite par la douleur, l'albinos replanta son arme près de l'articulation fémoro-patellaire, tout en assenant un coup d'épaule pour faire chuter le Tourmenteur. Ensuite, le vampire se releva et tenta de courir à toute vitesse vers Alia'ane. A mi-chemin, il s'effondra. S'appuyant des mains, il se redressa et poursuivit sa route péniblement. Pendant ce temps, l Tourmenteur s'était relevé. Selath se crispa, attendant la déflagration magique qui annoncerait son trépas -le véritable, pas le simili qui l'avait rendu vampire.

Mais quelque chose de plus imposant, une puissance aussi grande que le Tourmenteur se fit sentir. Quelque chose de totalement opposé, mais pourtant tout aussi maléfique. Selath Vereïs observa les alentours, notant que le soleil déclinant était en train de se coucher, et mit plusieurs secondes à localiser la présence. Une chose était sûre: L'être pâle l'avait aussi sentit. Peut être restait-il un espoir.

Le combat était pour la créature noire un vrai bonheur. A aucun moment il n'aurait pu imaginer que ce petit vampire serait un adversaire si amusant, si tenace. Les membres disloqués, le jeune albinos tentait encore d'attaquer et de combattre. Tout cela était fascinant. Oui, fascinant.
Mais à s'amuser ainsi, il perdait la notion du temps qui lui était compté. Et fortement compté, cela-dit en passant. A tel point qu'alors qu'il s'appretait a mettre fin au combat, une violente douleur lui traversa le corps, laissant a sa proie le repit nécessaire pour une attaque dont il n'eut même pas conscience. Il arrivait. la pression qui venait de balayer la foret ne laissait pas de doute, il venait de sortir du miroir. Un éclair zebra le ciel. Puis, plus rien. Sauf une pointe de peur dans son coeur. il fallait finir, et vite.

- Tres bien, il est temps d'arreter de jouer, mon jeune ami. Il y a plus intéressant que toi ici.

Il arracha le trait toujours fiché dans son épaule, puis porta la main à sa gorge. Il prit un peu de sang sur ses doigts, qu'il gouta.

- Tu as bu de mon sang, pas vrai? Alors j'ai une bonne nouvelle pour toi, tu seras bientot capable de faire ça...

Ses yeux scintillérent alors d'une lumiere noire qui sembla l'envelopper un court instanc comme une trainée de goudron fugace. La premiere chose qui frappa les yeux du jeune vampire fut sa gorge, qui était maintenant intacte.

- ...dès que tu seras venu en moi.

Alors, il lança un sort plus noir que les autres, qui put faire sentir au vampire son parasite s'activer en lui: comme répondant a l'être de ténèbres, il s'agitait et prenait possession de son hôte.


- Vous, les vampires, vous êtes des goinfres. Oh, vous êtes capables de puissante magie, la preuve, cette malediction qui te mine, mais vous restez des goinfres. Si tu n'avais pas lappé ainsi ce fluide qui te paraissait vital, je n'aurais jamais été capable de toucher si failement ton ombre...

il s'approcha un peu de sa victime, se tordant de douleur alors que sa chair se décomposait comme jamais auparavant.

- J'y serais arrivé, sans doute, mais après t'avoir coupé un bras ou deux, fait subir quelques experiences fort deplaisantes et des rituels fort douloureux.

S'accroupissant au près du vampire, il ramassa le crochet tombé un peu plus tot, et lui enfonça à son tour dans la cheville.

- C'est agréable? Je pense que tu merites tout de même une explication, ce sera un rien plus angoissant pour toi

Il s'eloigna alors un peu de l'albinos condamné, et continua tandis qu'il se regalait de cette souffrance d'un type inconnu.

-Je suis un absolu. C'est-à dire que je ne possede strictement aucune part de lumiere, et qu'aucune reflexion ne vient donc diminuer mes pouvoirs comme chez vous autres pathétiques mortels. Mais je suis aussi un partiel, un être dont l'unité posséde une petite faille, laquelle peut être utilisée pour absorber l'énergie vitale ou les caractéristiques d'un autre être. La procédure n'est jamais facile, sauf dans ton cas, puisque tu possédes cette ombre qui te mine. Tu comprends, petit vampire? Je ne te tue pas seulement de la plus horrible des manieres, je vais carrément t'absorber, te digérer!!

Le processus était ineluctable, et il ne lui restait qu'à prendre son mal en patience. S'occuper de sa deuxieme proie, ou attendre son vis-à-vis?

- Alors, Alia'ane, on abandonne son mignon? Lache, ou chienne?



Du fond de la grotte de la femme-araignée, une détonation avait retenti. Un rai eclatant de lumiere avait gagné tout l'espace, tandis qu'un personnage blanc traversait le mur apparent. Maintenant, sa course devait l'amener a un endroit, et un seul. Celui ou il devait intervenir avant que l'histoire ne prenne un tournant. Celui ou il devait sauver son âme, et peut-etre beaucoup plus.

Chapitre 26 : Le cavalier blanc

Le tourmenteur l’avait quitté comme dans un dernier baiser froid et lustré de ses ombres endiablées de verts au sommet de la branche d’un vieux chêne…
Les volutes ambrées de cet air déséquilibré ajoutaient à la scène toute la frustration de telles promesses, ce non-contact était ainsi presque aussi intense en puissance qu’avec le lord orange ; même si la différence de niveau tenait plus de leurs natures que de la conjecture d’un quelconque combat envisagé par notre archange en déconfiture.
Sa dextre quittant le rubis étrangement muet, venait déjà se perdre sur le lobe de son oreille où jouait avec la ténèbre une boucle d’oreille unique en or représentant une harpe toujours prête à reprendre sa taille musicale.
Gabrielle souriait, alors même que l’ambiance qu’elle venait juste de quitter ne rendait pas cet exercice facile, tellement le tourmenteur aspirait à lui le bonheur pour en faire sa confiture dégoulinante d’horreur ; mais la prévision d’une rencontre plus galante se fit entendre dans le creux de son pavillon gauche, sortant déjà des entrailles de la terre où elle n’avait cure et de ses pouvoirs les limites fragmentaires, indisposait sa vision en dessous d’un certain horizon, venait de surgir le mage blanc, qui contournant l’hybride se rendait déjà dans sa direction.

Elle descendit donc avec une grâce certaine la branche du grand-père comme un gland qui aurait des ailes ; et posant les deux pieds par terre, elle retira sa boucle dans sa main droite qui brillait dans la nuit d’une étrange couleur rose avant que l’instrument ne prenne sa place contre les racines du vieillard.
Cela manquait cruellement de lumière, allongeant le bras en direction du plafond, Gabrielle recréa le ciel déclinant vers une prochaine nuit d’un jet d’eau puissant, le soleil timide se fit l’écho dans ce ventre maudis de forêt.
Elle se mit en place contre les racines du mâle, et se mit à jouer une mélodie à la fois triste et tendre dans le plus parfait des silences.

*Ouf, elle ne chante pas*

Passé la latence convenable, un être blanc surgit comme un fou pressé à sa course dans ladite clairière particulaire, devant ce tableau charmant il ralentit le pas progressivement, son but était tout pour lui, mais l’incongrue gênait son allure de marathonien, car la jeune femme sans ailes était d’une incroyable beauté, et sa musique enchanteresse un plaisir traitre qui le ralentissait de plus en plus.
On sentait qu’il avait envie de passer son chemin, mais plus il transgressait à ce désir, plus son allure décantait sous l’effet d’un charme musical jusqu'à ce que statue il n’avance plus d’un pas.
C’est alors que l’archange qui n’avait plus ses ailes visibles, releva un œil interrogateur et au combien faussement naïf sur le double du tourmenteur.

-« Vous aimez ma musique, beau chevalier blanc ? »

Femme fatale et pure comme la pire des sirènes, elle ne quittait pas sa proie d’un battement de cil extrême, pour se lever à sa hauteur avec emphase alors que quittant l’instrument, ce dernier jouait encore son drame.
Elle lui souriait Cybèle, et vient à sa hauteur, lui prenant une main immobile et posant l’autre sur sa taille elle lui dit.

-« Tout chevalier se doit d’être un excellent cavalier, dansez avec moi s’il vous plait… »

Son parfum remplissait tous les pores de l’homme immaculé, et dans un mouvement ils se mirent à tourner dans une valse charmante et endiablée.
La harpe continuait à jouer malgré sa cavalière abandonnée au bras du double-mage qui se leurrait, son but n’était que de le ralentir alors que Selath rampait sur le sol en ce moment dans une danse bien pire…
Gabrielle en jeune femme charmante, rosit légèrement au contact de l’homme manipulé par son parfum et sa musique de sirène ; elle repensait étrangement à sa partie d’échec avec l’ange de la mort, sans se rendre compte dans les flots rouges de sa robe chantante, que son action en était déjà une, car d’un échec le mage semblait progressivement résister au charme, mais elle trop confiante, commençait déjà à le laisser guider la dance…

Soutenant l'allure de sa course d'un pas assuré, l'être blanc de lune courait avec une grâce aerienne. Mais devant ses yeux lumineux, les ténèbres de la forêt s'entrouvrirent devant ce qu'il n'aurait jamais pu imaginer: la clairière du jour en une si sinistre foret.
Tandis que devant lui une damoiselle d'une grande beaauté jouait d'une harpe cristalline, les cris des prédateurs nocturnes semblaient avoir laissé place aux chants des oiseaux, et la paix régnait dans la petite clairière. La musique envoutante l'apaisait, effaçait ses craintes au fur et à mesure que la mélodie aquatique s'élevait des cordes comme une légère brume embuant son esprit.
Il ne se trouvait plus dans cette clairière maudite, mais dans une forêt printanière, ou les hauts arbres tamisaient la lumière du soleil tandis que des fleurs tapissaient le sol. Devant lui, une jeune femme lui souriait tendrement. Elle avait été son amie, enfant, elle avait été son premier amour, adolescent, et dans quelques jours, elle serait sa femme.
Qu'elle était belle, a ses cotés, tandis qu'elle l'invitait à cette danse. Prenant sa main, il tournoya doucement, tendrement avec elle, tandis que le temps n'avait plus d'importance. Serrés l'un contre l'autre, ils executaient des pas d'une lenteur calculée, tandis que leurs bras étaient noués en une ferme et douce etreinte, ses muscles durs se faisant si doux dans cette position qui pouvait porter sa cavaliere tout en amortissant chaque secousse possible.

"Je suis si heureux d'être ici, avec toi..."

Sa phrase se finissait dans un souffle, tandis que ses levres se rapprochaient de celles, offertes, de sa partenaire, qui, doucement, inclinait la tête en une gracieuse courbe, lui permettant de lui offrir son amour dans un élan qu'elle simulait reciproque.
Mais lorsque le contact parût inévitable, les deux bourrelets charnus peints et parfumés avec tant de soin lui firent sentir l'echo du souffle glacial de la mort.

" Il vous a embrassée!"

La transe s'effaça immediatement, tout comme les sortileges de ce lieu, tandis que l'etre se degageait non de ses bras mais par un violent eclair de lumiere, qui laissa l'archange choir sur son fort aimable posterieur, et renversa la harpe et quelques arbres morts.

" Je ne sais pas ce que vous êtes pour avoir encore la force de jeter ce genre de sorts, mais sachez que si vous avez subi le baiser d'Harezza, une partie de votre énergie a été drainée. Il faut que je vous soigne..."

- Laisse-là et cours vers ton destin. Il faut à tout prix que tu évites la catastrophe qui se deroule.

Une ombre se tenait derriere lui, et l'ouverture de ce qui ressemblait à un capuchon vide se tournait vers eux.
Comme si le chevalier blanc avait reconnu là un maitre absolu, il reprit à grandes enjambées son parcours.
L'ombre, alors, se rapprocha de la jeune fille.


- Pourquoi faut-il toujours que les anges se mélent de ce qui ne les regarde pas. Grace à votre intervention, vous allez gagner le droit de reigner sur un royaume mort.

Flottant vers elle, sa voix qui n'était qu'un chuchotement semblait prendre un timbre plus humain.

-Comment se fait-il qu'une pythonisse s'amuse à jouer avec des êtres dont elle ne peut rien savoir? Le serpent ne vous a-t-il pas mis en garde sur ses limites?

Deux yeux verts semblerent apparurent, tandis que cette voix qui n'avait plus été entendue depuis des années reprenait son timbre naturel

- Archange de l'eau, je suis l'archimage Aesir. Et vous une andouille. Car si je reviens du royaume des morts brievement, vous venez de mettre le monde des vivants en peril durablement.

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Devant le corps se tordant de douleur du jeune selath, Le tourmenteur noir eut un rire de plaisir.

- Bien, tu es a point, maintenant. Je n'ai plus qu'à te tuer...

Prenant une de ses lames d'ebene ivoirien, il la leva, pret à séparer la tête et le corps de sa victime qui ne bougeait plus que ses lèvres se tordant en un rictus, peut-etre même attendant cette mort comme une delivrance.

Sans hesiter, il abatit sa lame qui heurta avec un bruit metallique une autre lame aussi dure qu'elle.

une paire d'yeux blancs repondit aux yeux noirs étonnés du bourreau

- Alors, je t'ai manqué?
- Pas trop, en fait

Et des deux paires d'yeux sortit un intense flux d'energie pure, qui les projeta tous deux au loin.
La creature noire ne s'etait pas encore relevée que pointant ses deux sabres vers lui et lança un sort puissant, une barre de lumiere s'établit entre eux deux, dont la clarté aveugla les spectateurs. Lorsqu'elle se dissipa, ils purent voir le tourmenteur, a genoux, qui s'etait protégé de ses sabres aux lames croisées, et n'avait même pas une egratignure.

- Eh bien, aurais-tu peur? On dirait que tu mets le paquet dès le début. Mais tu devrais oublier les flux d'énergie pure... Mes lames noires les absorbent comme les tiennes les catalysent.

Pour toute reponse, le paladin sans nom envoya un second flux, plus fin, qui lui heurta un arbre derriere lui qui lui tomba dessus.
L'evitant promptement, le tourmenteur riposta en envoyant une onde noire, comme une lame de tenebres, que l'autre devia sans difficultés.

- d'accord, tu serais presque valable comme adversaire. Mais je reste le meilleur.

Sur ces mots, il disparut, immédiatement suivi par son jumeau. pendant un certain nombre de secondes, le calme revint, jusqu'à ce qu'une gerbe d'étincelles jaillissent au-dessus du vampire, suivi immédiatement par une explosion. Les deux combattants se jeterent à nouveau l'un sur l'autre, dans un mortel ballet de lames projetant à chaque rencontre des myriades d'étincelles. Soudain, les deux protagonistes sautérent en arriere, Et resterent là, dans des positions identiques, leurs regards se cherchants.

- Soit. Tu es fort. Mais j'ai encore des atouts.

Modifiant delicatement sa position, il pointa un bras vers selath. Un faisceau noir trancha sur les tenebres de la clairiere et alla l'embrocher. L'etre malfaisant avait créé un vecteur qui servait de drain.

- Tu vois? tu ne m'empecheras pas de l'absorber.

Mais ses yeux changérent, car il remarqua que dans sa position miroir de la sienne, son opposant avait à son tour lancé un vecteur, blanc celui-ci, vers la victime expiatoire.

- Qu'est-ce que tu penses faire? Moi seul peut absorber cet être de la nuit?

Soudain, le vecteur blanc entoura le noir, et commença à le tordre. les deux flux energétiques ne touchaient plus le petit corps albinos, mais se debattaient dans tous les sens, tels deux enormes serpents qui seseraient livrés à un mortel bras de fer. S'entremelant et cherchant à se frapper de leur extrémité, ils luttaient tandis que leurs propriétaires continuaient à s'epier. Soudain, les deux têtes se rencontrérent et les vecteurs se desintégrérent, remplacés immédiatement par une orbe blanche projetée par le mage blanc, qui atteignit le vampire de plein fouet.

- Le parasite ne peut pas survivre à ça. Ou alors, il devra sacrifier la plus grande partie de son extension. Ses pouvoirs de régénération feront le reste. Tu n'as même pas réussi à le tuer.
- Bravo. Je n'en attendais pas tant de toi. mais je crains que ce soit trop tard.

Il eut un sourire découvrant de superbes crocs.

- J'ai déjà copié le plus intéressant.

Chapitre 27 : Un archimage nommé désir

La danseuse de glace regarda éperdue le papillon blanc fugace qui s’arrachait à sa vue.
Assise sur l’herbe mortelle de la clairière accidentelle, la jeune femme sans aile se mise soudainement à pleurer toutes les larmes de son corps jusqu'à se décomposer du visage d’abord en une lourde vague fatiguée sur le sol cupide et aviné par ce précieux liquide.
De derrière un arbre, Gabrielle toutes ailes dehors sortit du décor après cette savante mort de son double aquatique, elle parvient sans effort d’une main chargée sur la boule contenant la fée Lyne et l’autre triturant gentiment son collier serpentaire, à maintenir ses effets même si elle était solitaire.
Elle déconsidéra le reflet sur le sol au dessus d’elle.

-« Narcisse m’a faite plus belle… »

Devant elle se tenait l’archimage du désir, aux yeux verts, le bel Aesir venu de quelques royaumes sous terre contemplait le travail soigné de l’archange.

-« Le serpent comme vous dites devait faire une sieste lorsque du péril mon double s’est offerte… »

-« Je ne vous permet pas, je ne ronflait même pas ! »

-Sortez moi donc de là ! »

L’être encapuchonné restait impénétrable, ses pensées pour l’ange paraissaient insondables.
Mais comme pour être sure d’avoir bien été comprise par l’être incarné et fumeux, elle continua sans le quitter des yeux.

-« Je n’ai pas besoin d’un baiser, pour savoir que ce monde va s’empirer…»

-« Je soupire à l’idée que cela soit expiré… »

-« Au secours… je… je n’arrive plus à respirer ! »

Dans sa petite boule de verre, Lyne minait à la perfection une dyspnée aigue en portant à son petit cou des mains mortifères d’une alpiniste éteinte, avant que…

-« Il y a des trous pour que l’air puisse passer… »

… la tragique finisse sa comédie qui ne prenait pas sur l’insolente archange.
Elle termina d’une voie pleine de conviction, alors que Lyne boudait son plan qui en avait manqué.

-« Je me bats pour mon peuple, pour qu’il est enfin une terre, nous les exilés du paradis, sur notre rocher en l’air, nous ne demandons rien de plus. »

Elle se détourna de l’archimage, lui présentant une joue rose.

-« La mort ne me fait pas peur, je l’a côtoie mon cher, entourée de précieux alliers… »

-« Qu’elle traite plus bas que terre ! »

-« Qu’elle enferme dans des prison de verre… »

-« Où plus profondément glacé en enfer… »

-« Il suffit misérable ver de terre ! Je n’ai pas à rougir de mes choix, ceux qui croisent ma voie et qui ne me comprennent pas, s’endorment parfois…»

Puis face à Aesir.

-« Ne dites rien, suis-je condamnée à mourir ? Peut importe si le destin se joue de moi comme le vent d’un cerisier en fleur ; même si je ne peux lire ma fin, je partirais vainqueur ! »

Elle s’éloigna avec grâce et négligence de l’engeance qui s’était déplacée pour rien… mais elle avait eut besoin de se confier et cela elle le savait, ce n’était pas bien…

*Trop fragile pour affronter seule son destin, méfie toi du verre à demi plein, ton eau bientôt sera versé à mon dessein… *

[Le psychopathe schizophrene aux commandes]

Le discours de l'archange ne risquait pas de faire frissonner son interlocuteur déjà mort. Quoique sa stupidité put l'impressionner. Stupidité? Plutot arrogance, pour penser ainsi pouvoir defier des puissances plus anciennes qu'elle-même, des forces immemorables. Folie, même, que de pretendre cotoyer la mort, face à quelqu'un qui ne doit sa présence ici qu'à la bonne volonté de la mort elle-même. Le départ de l'archange lui était indifférent, et au fond, bon débarras. N'importe quoi, du moment qu'elle ne touchait plus à ce combat qui était autrement plus dangereux. Son souffle était presque indistinguable, tandis qu'il reflechissait à voix haute.

- Comme si j'avais quoi que ce soit à faire de vos minables petites intrigues. Tuez tout ce que vous voulez, emparez-vous de la terre. Aucune importance. La partie qui se joue ici parait tellement anodine, par rapport à vos intrigues savamment tissée. Et pourtant, je ne vous parle pas de conquérir un monde, mais de détruire la trame même de cet univers. Amenez donc les anges ici, qu'ils voient la terre avant de disparaitre. Je ne suis même pas sûr que le dragon d'eau connaisse l'existence de la prophetie du crepuscule...

un buisson bougea, d'où sortit un individu de sexe incertain, dans un complet noir.

- Seigneur Aesir, il est temps.

- Elle ne s'est même pas rendu compte qu'il avait prélevé une partie d'elle-même a travers ce double. Elle y était pourtant reliée. Si elle n'avait pas usé de ce stratageme, il aurait pu la vider comme on vide une orange de son jus. Penses-tu qu'il ait acquis beaucoup de puissance?

- Je ne connais pas grand-chose à ces choses-là. Mais d'après mon maitre, il a du aspirer une partie du flux vital de la copie, ce qui est negligeable, et copier une partie de ses pouvoirs a travers ce clone. Mais il faut partir, maintenant. Le passeur nous attend.

- Si jamais il arrive a prélever assez d'énergie, il pourra utiliser ces pouvoirs. Pourvu que l'Heldrer puisse le vaincre avant. Allons-y, je te suis, mon jeune amis.

Tournoyantes lumières, sombres clartés en pleurs, Alia’ane admirait impuissante comme une sœur, les délices de souffrances de son vampire de frère, qui scellait son destin à ramper sur la terre, œuvre de mystère des deux opposés qui jouaient alors à d’autres jeux musclés.
Elle ne le reconnaissait pas l’ombre inanimée, lorsque celle ci semblait l’adjoindre à son calendrier mortifère, la catin ne comprenait pas bien ce qu’elle avait pu lui faire.
Il faut dire qu’Harzaeldrel ainsi était bien changé, et ce n’est pas à l’apparition de sa douce moitié, que la belle blonde au large charisme décolleté, put en faire l’inventaire…
Profitant que le sombre était bien occupé, elle s’approcha de Selath qui colmatait de ses gémissements bénis au culte de Shamrodia.

-« Viens vite, ne restons pas là… »

Elle le prit épaule contre épaule, et en train de le soulever, le double noir en passe avec le chevalier blanc, siffla lorsqu’il en eut l’occasion.

-« Déjà encline à t’enfuir, si tu n’étais pas si pressée, nous pourrions discuter de cette habitude chez toi, d’abandonner les gens lorsque ta peur du noir s’en ressent ! »

Alors qu’elle venait juste de se mettre debout et chargeait le vampire comme un baluchon dans son dos perçant, la gardienne eut soudain une révélation.

-« Harzaeldrel est ce bien toi ? »

-« Oui ! »

Firent les deux en échos, puis gênés de cette réponse jumelle, ils se turent au combat comme s’ils n’aimaient pas n’être que la moitié d’eux même.
Alia’ane avait t’elle peur du noir, dans cette grotte bien sombre au régnait la mère des tombes, l’Ocs capiteuse de Tallyon.
Comme lorsque sa mère, lui racontait des histoires pour prolonger le jour bien au-delà du tard.

-« Et c’est alors que le beau chevalier blanc enleva la reine des elfes, qu’ils se marièrent et eurent pleins de demi-elfes… »

Alia’ane secoua la tête.

-« Je n’ai plus peur du noir, si je suis ici c’est pour affronter ma terreur, car au fond de mon cœur il n’y a plus de place pour toute cette aigreur… »

Elle cala mieux le frêle vampire contre son dos, imprudente à sa tête tombante sur son jolie cou, elle termina seule aux deux combattants qui avaient bien mieux à faire…

-« Je m’en vais, mais je ne m’enfuie pas… »

*L’un est vert comme la rage, froid comme l’hiver… *

Le chevalier blanc lui fit un geste dans ce sens, son action avait t’elle sauvé Selath du tombeau, mais l’autre affreux cracha son effervescente verve.

-« C’est encore de la ruse ? »

Elle l’écoutait à peine, et courrait maintenant tiède, vers le château du druide nécromant, où s’accomplirait la prophétie verte.

Déjà d’autres êtres étaient en mouvement vers le château, aussi bien le véritable ange de la mort Azrael, que la stupide archange qui contournait la scène, indifférente à ce qu’elle ignorait et croyait futile, qui contribuerait plus tard, à lui signifier sa perte…

Les derniers souvenirs de Selath remontaient au sort du tourmenteur, au voile de ténèbres qui lui avait masqué la vue. Ensuite, son esprit s’était retiré dans son refuge, l’inconscience, afin de limiter la souffrance. Mais malgré cela, le vampire avait pu sentir les effets du sort. La douleur afflua tandis que le parasite croissait à une vitesse impressionnante. Pendant ce temps, le corps de l’albinos convulsait misérablement pour le bon plaisir du Tourmenteur.

Le supplice s’estompa pourtant. Malgré l’obscurité totale des tréfonds de son esprit, Selath Vereïs sentit une douce lueur l’irradier. Puis l’ombre se rétracta violemment, causant une souffrance semblable à celle de sa croissance. Ce fut cette même douleur qui le ramena à la conscience. Sa vision était particulièrement flou, mais il aperçut tout de même les deux silhouettes en train de se livrer à un duel acharné.
Le vampire tenta de se lever, mais s’effondra lamentablement. Il resta ainsi au sol, jusqu’à ce qu’un poigne solide le saisisse pour le porter. Bercé plusieurs minutes par le pas irrégulier de son porteur, il resta longtemps immobile, n’offrant que quelques gémissements pour signe de vie. Son instinct de survie le poussa pourtant à réfléchir sur son état. Selath était mal en point. Très mal en point. Le peu de médecine qu’il avait apprit lors de son éducation lui permettait de diagnostiquer une hémorragie critique, et un minimum de déduction lui révéla que son bras gauche, sa jambe droite, une partie de la mâchoire et sa clavicule gauche étaient brisés. Une de ses côtes était déplacée. Une douleur à l’abdomen l’inquiétait particulièrement, mais il était difficile d’en localiser la source. Si la côte avait perforé le poumon, il ne lui restait plus énormément de temps à vivre. Le vampire pria un dieu qu’il reniait pourtant pour que ce ne soit pas le cas. Quoiqu’il en soit, il allait mourir s’il ne faisait rien.

-Alia’ane.

Plus silencieux qu’un chuchotement, à peine un murmure. L’albinos n’était plus capable de maitriser sa voix, ce qui l’inquiétait au plus haut point, et sa mâchoire ne l'aidait en rien. Son porteur frémit, ce qui indiqua à Selath qu’il ne s’était pas trompé. C’était bien la Gardienne qui se trouvait en dessous de lui, même si sa vue embuée de sang était incapable de la reconnaître.
Honteux, le vampire hésita à continuer.

*Ce n’est pas le moment de faire le fier. Il y a plus que l’honneur en jeu*

-J’aurais besoin… de toi.

Alia’ane acquiesça, bien que le vampire sût qu’elle n’avait pas comprit ce qu’il attendait d’elle. Il ouvrit la bouche afin de reformuler sa demande. Mais un voile noir passa sur ses yeux. Selath n’avait plus le choix, et dû écourter les explications. Il se redressa plus brusquement qu’il ne le voulait, et planta ses crocs dans la gorge d’Alia’ane. Vereïs perçut la crispation des muscles de la Gardienne, mais elle ne résista pas. Lorsque le fluide vital afflua en lui, la vision de l’albinos s’éclaircit immédiatement. Ses forces le regagnaient au fur à mesure que le sang remplissait la moindre partie de son être. S’oubliant à la sensation de communion et de régénérescence procurées, Selath sentit à peine les doigts de sa compagne de voyage, qui lui demandaient d’arrêter. La sensation du fusion entre les deux être était on ne peut plus exultante, mais l’albinos savait que la faire perdurer reviendrait à tisser un lien ineffable entre leurs deux personnes. Non que cela gênât Vereïs d’être frère de sang d’Alia’ane. Cependant, elle n’avait pas choisi de devenir une créature de la nuit, et il respectait sa décision. Réprimant son envie sanguinaire, le vampire retira péniblement ses crocs de la gorge palpitante, y laissant deux légères marques pourpres, qui auraient pu être vecteurs du vampirisme si seulement il ne s’était pas interrompu.

-Merci.

C’était un simple mot, mais la gratitude qui en émanait était sincère. Avec un soupir de soulagement, Alia’ane reprit sa route avec l’albinos sur le dos. Celui-ci se demandait si sa compagne savait à quoi elle s’était exposée. Mais cela importait peu, à présent. Quelques minutes plus tard, confus, les effets enivrant du sang s’estompant avec la douleur, et alors que ses facultés mentales n’étaient plus préoccupées par ses trois prochaines minutes à vivre, Selath se rendit compte de son erreur : Un humain qui venait de perdre du sang, même une quantité relativement faible, aurait dû se reposer immédiatement. Cependant, n’ayant ni le temps, ni l’envie de s’arrêter, la Gardienne n’avait pas récupéré. Si bien qu’en un instant, elle s’effondra sans raison apparente.
Le vampire se précipita à son secours. Mais avant qu’il ne pût réagir, Alia’ane se relevait déjà, et se préparait à reprendre la route.

-Ce n’est rien. Remonte.

L’albinos déclina aussitôt l’offre.

-J’ai récupéré. Grâce à toi. Je devrais pouvoir marcher sans aide. Et je crains que ton propre poids ne soit déjà un fardeau.

La Gardienne ne répondit pas, mais les deux voyageurs savaient ce qu’il en était. Tant qu’elle ne serait pas au calme, son état ne s’améliorerait pas.

-Ta jambe...

-Ca va mieux. Je doute de pouvoir marcher aisément tant que je n'aurais pas dormi, mais elle pourra me supporter si je ne force pas.

-Nous ne pouvons pas nous permettre une pause.

Selath acquiesça. Lorsqu’ils reprirent la route, il la soutint en se plaçant sous son épaule – Ce qui décrit assez efficacement la posture, donc l’état d’Alia’ane, celle-ci mesurant une bonne vingtaine de centimètres de plus que le vampire. Ils parcoururent ainsi plusieurs centaines de mètres, avant qu’enfin le couvert du bois ne s’éclaircisse entièrement.

Ils étaient arrivés à destination.