Le floue d'eux - Réveillon de la nouvelle année. [RP libre]

Adiel. L'ange se retourna vers la maladroite, affichant un sourire complice en la reconnaissant.

- Te serais-tu perdue dans tes rêves, Gabrielle ?

Le regard amusé du Messager était légèrement teinté de poudre, comme des paillettes qui rappelaient les écailles de ses ailes pour l'occasion dévoilées. Ce discret maquillage mettait en valeur ses yeux aux reflets changeants et pour chacun différents.
L'Archange, qui faisait maintenant face à sa semblable, regarda sur le côté, saluant la servante réservée d'un petit signe de tête, accompagné d'un sourire aux secrets partagés. Puis il reporta son attention sur Gabrielle, qu'il savait vouloir être le centre d'intérêt...
Sans autre commentaire qu'un regard évocateur, le Gardien goûta du bout des lèvres le breuvage étrange chambré pour la soirée, souriant à la sensation des bulles qui éclataient sur son palet et à la saveur fruitée qu'il sembla apprécier.

Durant ce court laps de temps, Gabrielle put observer son confrère tout son saoul, cela était bien suffisant pour elle.
Le maquillage que l'ange portait était bien moins marqué que celui qu'elle lui avait déjà vu, en des circonstances inconnues et éphémère. Il était indéniablement gai, pour cette fête que la coutume n'exigeait pas de célébrer, accordé aux couleurs chatoyantes de ses atours qui semblaient également s'être parés des plus belles couleurs... Ses ailes remuèrent comme pour répondre à cette pensée, un doux vent souleva les cheveux des deux femmes, ne dérageant nullement la coiffure soyeuse et soignée de l'Ange des Songes. Ses yeux baissés se posèrent sur elles, comme une plume, même s'ils se sentait oppressé par leurs regards.

- Vous êtes charmantes...

Le Rêveur lorgna alors presque avec passion la boisson dorée dans son verre, ses cheveux vinrent à son secours comme une cascade noire qui coulait pour faire rempart à sa gêne. Car pour un œil averti, ses joues avaient légèrement rosies : il s'était tenté à l'exercice sans y réfléchir, mais avait été sans doute un peu brusque et déplacé. Il devait se rendre à l'évidence, il ne savait pas faire de compliment...

Ce fut au tour des concernées d'être amusées. Gabrielle aurait bien été tenté de chuchoter à sa servante, si elle n'avait craint que l'oreille sensible du papillon ne perçoivent ses cachoteries... En attendant, elles purent aviser de sa propre toilette.
L'Archange de l'Air s'était également vêtu de façon élégante, pour qui le connaissait. En effet, sa tenue était des plus simples, et pouvait paraître dépareillée face aux tenues de soirée des autres convives. Mais elle témoignait de ses goûts raffinés sans être orgueilleux.
Il portait un ensemble de soie blanche, toujours ample, qui laissait deviner des reflets irisés. Ses manches longues tombaient agréablement sur ses poignets, et l'on devinait malgré tout ses pieds nus, mais il ne craignait pas qu'on vienne lui marcher dessus... Le bandeau à son cou était le seul visible, ne gâchant rien au portait.

En tout, Adiel dégageait comme toujours une impression de sérénité, mais également mystère, données par tous ces chatoiements, naturels sur sa personne, grâce à ses ailes singulières, mais également par ses cheveux, que la lumière rendait multicolores par dessus leur couleur sombre. Et il avait volontairement accentué cette impression pour cette soirée exceptionnelle par le maquillage et ses vêtements, choisis.

Le Gardien intimidé but à nouveau une gorgée de champagne, clignant des yeux sous l'attention que lui accordaient les deux femmes, mais évitant leur regard. Ses paupières quasi-closes renforçaient l'illusion, renforçant la magie du personnage... Il se passa légèrement la langue sur les lèvres, un énigmatique sourire éclairant celles-ci, mais elles restèrent closes.

Océane demeurait auprès de Gabrielle en cet instant. Etait-ce un de ses rêves trop réels qui la faisaient tressaillir dans la cruauté du réveil? Un instant volé. La silhouette si belle d'Adiel. Son coeur déborda d'amour. Comme son verre de champagne qui pétillait avec insolence.

- Vous êtes charmantes...

Un compliment qui paraissait tellement sincère qu'elle en fut comblée. Il était toujours parfait. Et en cette nuit enjoleuse de festin, lumières et beautés, lieu de féerie brumeuse de vérités ; Océane se permit d'y croire.
Elle avait recouvré son corps. Sa maîtresse semblait s'amuser. Du monde arrivait encore. Et son attention se porta sur une fillette au regard malicieux assise près d'un sapin. Une aura malsaine l'auréolait. Une sensualité interne qui ne pouvait que la mener à une destruction certaine se fit sentir. Comme un manque qu'elle comblait, comme...
Elle ne chercha pas à en savoir plus. Celui qui faisait battre son être, chavirer les tréfonds de son âme... elle reporta ses yeux gris azurés sur lui. Minriel, cachée derrière elle se manifesta. Elle toisa Adiel avec une douleur impalpable. Ce dernier regarda dans sa direction. Pouvait-il la voir? Océane cessa de respirer.

En provenance directe de la forêt, deux cavaliers faux-jumeaux En grand habit,l'un d'une blancheur immaculée, l'autre à l'onyx le disputant, arreterent leur montures au portail

- Halte-là, mes seigneurs, êtes-vous-là pour les festivités?
- Ca ne se voit pas, non, on est là pour faire un tennis. il reste un cours de libre? Non? Eh bien alors on va boire un coup. D'ailleurs tu me donnes soif, co..ard

L'autre eu un geste d'apaisement, traduisant malgré tout un ordre ferme de remballer ses crocs. De sa manche, il tira un carton d'invitation qu'il remit au garde
- Euh, l'invitation ne fait mention que d'un seul nom..
- Bon, alors, question, tu vois une difference physique entre nous?
- Euh...
- Continue de reflechir, et fais-moi envoyer un messager quand t'auras trouvé.

Mettant pied à terre, les deux invividus rajustèrent leurs capes en un geste irritant de symetrie, puis congédièrent leurs montures. Le grand cheval pâle s'éança vers la forêt à l'orée de laquelle un garde médusé pensa une seconde avoir vu une licorne, tandis que le curieux étalon noir en deux bonds avait rejoint la fenetre des cuisines et saisi un poulet qu'il croquait à grand bruit.

Traversant le Hall, les deux opposés entrèrent dans la grande salle, où L'homme d'ébène sembla frappé de trouver des anges d'une part, mais aussi les phalangistes au masque aviaire.

- Eh, Salut la compagnie. C'est le bal des perdreaux, ou quoi? Fallait le dire, je me serais mis en tenue.
Comme pour terminer sa phrase, deux ailes se formérent dans son dos, repoussant sa cape a mesure de leur croissance.
- Harreza, ça suffit, maintenant!
- Roh, allez, quoi, Elderer... Faut en profiter un peu...

Alors que la creature chimérique s'éloignait déjà vers le buffet, ses ailes réduites à deux moignons dépassant de son col, tout juste bons à narguer les autres créatures ailées de la salle, le chevaleresque Albinos s'avança vers les autres convives.

- Salutations à vous. Désolé pour son caractère quelque peu... extravagant.

- « Ne vous inquiétez pas, je le trouve… plaisant ! »

La vampire au buste altier qui laissait découvrir tout son charisme débordant du tissu parme, mais avec quelques pudeurs de circonstances, s’approcha des nouveaux invités.
Son teint était plus pâle qu’on ne lui connaissait, ces cheveux plus soyeux accrochés avec une broche en forme d’araignée, affichant leurs blondeurs comme pour un champ de blé franchement coupés.

-« Qu’en dites vous très cher ? »

Elle s’adressait au seigneur qu’elle accompagnait ici en terres ennemis, la trêve était de mise ce jour, aussi le Lord au masque de fer et aux gants de velours sombre pour cet évènement, était entouré de sa nouvelle protégée, ainsi que de la prêtresse reine-claude.
Puis prenant à partie l’homme en blanc de neige, faussement discrète.

-« Vous savez qu’il retirera probablement son masque ce soir –petit rire- Et je suis sûre qu’il a les cheveux bleus… enfin pour le reste ! »

Evasive elle se redressa.

Posant sur la sale un regard méchant, un être semblait guetter un quelconque incident qui ne venait pas. Posté près de l'épineux conifère, il se voulait être un épineux problème mais ne l'était pour personne. Humant l'air le plus ostensiblement possible, il lâcha dans un soupir, conscient d'être audible de tous mais surtout de la gamine provocante sise de l'autre coté du persistant décoré.

"Hum, que j'aime quand ça sent le sapin... Dommage que le parfum en soit si subtile en cette période de l'année à la froideur pourtant mortelle !" L'être en armure décorée d'or et d'argent pour l'occasion se tourna vers une zone étrangement sombre où luisaient deux points rougeoyants... "Qu'en pensez-vous, Cyber-truc ? Ne pourriez-vous donc pas égayer cette petite sauterie d'une tuerie sanglante dont vous auriez le secret ? Et puis, montrez-vous donc un peu que nous profitions de votre tenue que je qualifierais de circonstance bien qu'un peu tardive..."

Entre cynisme et raillerie, la voix surnaturelle portait néanmoins une grande part d'amusement, fait rare mais justifié lorsqu'apparut enfin aux regards celui qui se voulait le plus terrible et le plus cruel des meurtriers de masses populaires.

Dissipant les ombres qui le dissimulaient aux regards, le CyberMage révéla à tous le grand manteau rouge orné de fourrures blanches et agrémenté d'un capuchon pareillement décoré. Le sorcier avait également pris la peine de teindre sa barbe de blanc qu'il avait épaissi de quelques mystérieuses façons. Seuls son masque d'acier sombre et ses gants de cuir noir gâchaient la magie que son costume de fête aurait pu provoquer... Du moins, tant qu'on ignorait les procédés de fabrication utilisés pour réaliser cette tenue... éphémère...

L’ange avait regardé vaguement le manège ailé réalisé par la moitié sombre des jumeaux décolorés ; leurs visages familiers lui revinrent en mémoire mais le papa-mage avait déjà sortit de sa hotte une scie d’une taille qui n’acceptait pas d’être utilisé comme d’un couvert.

-« Il suffit ! Les armes ne sont pas tolérées en ce lieu… »

Evanescent descendit les quelques marches qui l’amenèrent directement sur le sol damier de la grand salle.
En effet, c’était la condition sine coït none pour que les différents clans cohabitent pour cette célébration.
Imposant les mains habillées d’une robe dorée dans sa direction.

-« Que la magie des dieux, fasse disparaitre ce qui n’est pieu.»

Aussitôt au dessus de sa tête, une petite fée fit crânement son appariation, voletant bien en vue de tous, elle déposa à bonne distance de sa poudre sur l’arme qui rétrécissant à vue d’yeux, jusqu’à ce qu’elle eut attend la taille respectable d’une décoration de buche glacée.
Puis la fée vient se poser au sommet de l’arbre à aiguille, pour observer avec professionnalisme l’assemblée qui s’était vite remise de l’incident.

-« Le premier qui ne sort ne serais ce qu’une lime, je l’aligne. » se disait à elle-même la fée Lyne.

L’ange posant la main sur l’intéressé, lui chuchota.

-« Si vous voulez vous battre, la magie féérique de ce moment acceptera bien que vous vous en éloignez un peu.»

Ainsi, il suffisait de sortir de l’enceinte du château, pour se livrer quelques duels, et il n’était pas absent que certains ne le fasse, encore fallait t’il qu’ils se déplacent.
Revenant à ces invités, l’ange déambula entre les coupes, les chants, les teignes pour arriver enfin vers une connaissance.

-« Décidément je ne pensais pas… vous avez put vous libérer de vos multiples affaires ? »

Une main sur son cœur cousu d’or.

-« C’est un plaisir de vous voir, Uriel… »

A coté de l’ange du jugement, il y avait une personne qu’il ne connaissait pas, et qui s’avéra être…

... Rol'mariane.

Mariane n'avait pas voulu venir. Non! Surtout pas! Mais voilà, elle avait pariée, et Rol'mariane gagnait toujours ses paris pas vrai? Mais dans ce cas, pourquoi, pourquoi?!!! Pourquoi avait-elle osé parier qu'elle viendrait ici, qu'elle y viendrait accoutrée de cette robe rouge au décolleté dorsale plongeant, si féminine et tellement à l'opposé de sa personnalité?! Pourquoi, enfin, avoir parié qu'elle se mêlerait à la foule telle une parfaite lady et que personne ne remarquerait qu'elle détonait dans le paysage? Hein? POURQUOIIIIIIIIIII????

Ainsi se lamentait la jolie demie-elfe qui ne l'était que génétiquement, hein, rappelez-vous, tout en accompagnant elle-ne-savait-toujours-pas-qui timidement, lorsqu'elle croisa le regard de....

... sa nouvelle divinité. Prenant une teinte à peu près aussi rouge que sa robe, Rol'mariane commença par balbutier un "heubonsoirmonseigneurheujemappellemaiscestpasinteressantvautmieuxquejemetaise" avant de boire cul sec son verre de truc à bulles en détournant le regard, prête à pleurer de l'auto-humiliation qu'elle s'infligeait.

à la plume !


Uriel sourit d'un air paternel en voyant la réaction de sa toute nouvelle protégée à l'approche du demi-ange, puis se tourna vers ce dernier.

- Cela faisait longtemps, Evanescent, c'est un plaisir de te revoir.

Sa main se posa de la même façon sur son coeur, une brève inclinaison achevant ce salut respectueux et familier. Lorsque sa paume se retira, elle découvrit sa tenue ambrée, réhaussée de métaux que l'on devinait de diverses origines. Chaque couture était ornée d'un fil précieux, et l'on devinait parfois les éclats d'une pierre sur la matière ocre. Ces parures transformaient cette tenue à la base des plus simples un présent somptueux que les Fils de la Terre avaient offert à leur Ange attitré. Et c'est en pensant à leur absence regrettable qu'Uriel la portait avec une élégance certaine.

- Les Affaires du Monde peuvent attendre une journée... Il mérite bien qu'on lui rende hommage...

L'Archange de la Terre sourit, bienveillant, à son pupille, avant de tourner de façon brève le regard vers l'elfe qui n'en était pas une. Son paradoxe l'avait frappé, et c'était ce qui l'avait poussé à aller lui parler avant toute autre connaissance. Il lui avait parlé, de manière toutefois succincte, mais avait vite compris ses angoisses. Il était plus que temps, même l'espace d'une soirée, de lui faire oublier son mal être.
De façon complètement désintéressée, l'Ange trouvait la jeune fille tout à fait ravissante. Si cette tenue ne représentait pas sa personnalité, elle faisait ressortir des atouts que l'on ne pouvait renier et pourtant pas déceler autrement... C'était le moment de la présenter.

- Je te présente Rol'Marianne. Et...

Uriel désigna le contemplatif en regardant la désignée, d'un geste presque théatral.

- Voici Evanescent... C'est presque mon neveu.

Le Juge sourit, avant de s'attarder d'un regard discret sur d'autres convives. Gabrielle discutait avec Adiel... Amusant. Océane restait légèrement en retrait, comme toujours, quel dommage... L'Arhchange s'inclina encore, cette fois à l'adresse de ses deux interlocuteurs.

- Je vais vous laisser faire plus ample connaissance, j'ai d'autres invités à saluer...

Malgré tout ce qui pouvait lui trotter dans la tête, Uriel avait décidé d'en faire abstraction le temps d'une soirée, et ne se départissait pas de sa bonne humeur. Il s'éloigna donc, se dirigeant vers le groupe centre de son attention. Son compagnon, son frère, paraissait en forme, et cela le rassurait. Il semblait juste un peu mal à l'aise en face de ces deux femmes... Le sourire d'Uriel s'élargit, et il ralentit sa marche avant de les accoster.

- Arracher ainsi la vie... N'as-tu pas honte ?

Le rire emblématique du demi-ange semblait sortir de nulle part, mais celui-ci se révéla bientôt à la lumière faiblarde. Les torches lointaines du château ne pouvaient éclairer son visage, dissimulé derrière une capuche d'un blanc étincelant. Son sourire pourtant transcendait son être en une joie déplacée. Il prenait plaisir à tourmenter ainsi sa victime préférée, et ne s'en priverait pour rien au monde, même en cette soirée festive.

- De plus... ce buisson est la propriété de la Princesse. Crois-tu que cela lui plairait ?

Ses pas quittèrent l'ombre des arbres pour revenir sur le sentier, ce fut tranquillement que le chevalier approcha sa cible déjà tremblante. Il releva sa capuche à son adresse, pour dévoiler une expression amusée teintée malgré tout d'une certaine amertume.

- Tu sais, je n'ai pas reçu d'invitation... ?

Il disait vrai. Peut-être que celle-ci s'était perdue avant d'arriver à l'obscure demeure... Peut-être était-il parti avant de pouvoir la lire... Peut-être son maître avait-il omis de lui remettre... Probable... Il était déjà assez déjà assez dispersé sans en rajouter... Sans doute avait-il jugé préférable de ne pas le distraire de sa mission...
Mais manque de chance, il avait choisi ce soir précis pour se rendre au Château, pour justement, mener à bien sa mission... Son don était fort pratique pour ce genre de chose... Il examina le demi-elfe de la tête aux pieds, et avisa finalement la meilleure solution possible : il mit de côté sa furieuse envie de tester une nouvelle fois la sensibilité de son cobaye, pour lui parler, presque avec déception.

- Serais-tu contre me faire profiter de la tienne ?

Il lorgnait de façon significative l'enveloppe à la main de Feyzin, avant de reporter son regard sur l'arrière de son dos, avec un léger sourire.

- A moins que tu ne préfères tenter un fait d'arme...

La lance immatérielle accrochée de la même façon dans le dos du céleste était quasiment invisible dans la pénombre, mais le forgeron se doutait sans doute que son interlocuteur était loin d'être désarmé... Il l'avait déjà vu à l'œuvre. V'lin pensait avec beaucoup de justesse que le jeune homme à découvert préfèrerait éviter de transformer cet essai en fait divers...

Très décontracté, le guerrier réajusta sa cape immaculée sur ses épaules, replaça sa capuche sur ses cheveux de lune, puis se pencha sur le rosier pour arracher une autre fleur du pied nourissier. Sûr de lui, et de la réponse qu'il obtiendrait, il en attendait pourtant la formulation explicite. Il accrocha la rose à la place de l'attache discrète de sa cape, la transformant de façon distinguée. Pour un peu, on aurait pu croire l'ange romantique... C'était mal le connaître. Il n'avait plus besoin de parler, le cynisme de son sourire seul visible donnait le ton, montrant qu'il appréciait malgré tout la gêne du forgeron hésitant...

Evanescent a écrit:

L’ange avait regardé vaguement le manège ailé réalisé par la moitié sombre des jumeaux décolorés ; leurs visages familiers lui revinrent en mémoire mais le papa-mage avait déjà sortit de sa hotte une scie d’une taille qui n’acceptait pas d’être utilisé comme d’un couvert.

-« Il suffit ! Les armes ne sont pas tolérées en ce lieu… »

...rétrécissant à vue d’yeux, jusqu’à ce qu’elle eut attend la taille respectable d’une décoration de buche glacée...

Après cet... incident, la bio-machine de rouge vêtu ne pouvait se retenir de bougonner à propos du petit rappel de la règle élémentaire de la soirée : aucune arme. Il le savait et pourtant, il était venu la hotte chargée de divers présent à sa façon. Couteaux à équarrir et divers outils de torture se disputaient la vedette à une panoplie d'armes de guerre plus ou moins neuves. Et encore, ce n'était pas le pire...

"Et que ferait cette petite fée quand elle réalisera que tout mon corps, tout mon être EST une arme ? Me réduira-t'elle à la taille d'un nain ? Par les milles enfers pourpres, j'ai beau avoir la barbe, cela n'en est pas moins une raison ! Et cesse donc de rire, stupide boite de conserve sans cervelle ! Bon, changeons de tactique..."

C'est donc sur ces pensées qu'il s'approcha du nouvel arrivant et le salua bien bas, dissimulant ainsi un sourire aussi étrange qu'inquiétant.

"Bien le bonjour, noble créature des cieux empyrées. Ainsi, c'est donc à vous que je dois cette étrange et surprenante invitation. Je me dois donc de vous remercier chaleureusement. Malheureusement, il semblerait que mes présents prévus ne soient pas les bienvenues pour le moment... Peut-être pourrais-je vous en passer quelques-uns plus tard..." continuant in petto * en travers du corps...*

Il semblait sourire amicalement à l'archange mais, avec une simple moitié de visage, il était si facile de dissimuler ses sentiments. Surtout par l'absence d'yeux véritables... Les fenêtres vers une âme qu'il avait vendu depuis longtemps... Mais ce n'était pas le temps de la guerre mais celui de la fête. Aussi continua-t'il sur la même lancée :

"Peut-être pourrions-nous partager un petit verre de l'amitié ? Et, dites-moi, la Princesse aura-t'elle le temps de faire une apparition parmi nous ? Elle m'a tant été vantée que j'ai très hâte de la rencontrer en chair mais surtout en os. Hum... Je voulais dire, face à face, bien sûr. Une personne si exceptionnelle..."

Toujours planté tel un sapin, HyiHyil levait ses yeux surnaturels au plafond en poussant un tout aussi surnaturel soupir devant la prestation du CyberMage.

* Mais quel acteur ! Il mériterait un Velvorn d'or... * se disait-il...

HRP/


Servir de faire valoir ? A cet "ange" ? Oui, avec les guillemets... Feyzin soupira. Mieux valait ça, sans doute que du harcèlement, non ? Quoique... Entrer dans le château sans lui serait une occasion de se débarrasser de lui... Enfin... il serait capable de l'attendre. Mais cela lui permettrait de passer la soirée tranquille.

- Et si je refuse ?

Son interlocuteur souriait calmement. Il n'avait même pas besoin de répondre. Il ne le lâcherait pas. S'il refusait, il n'entrerait pas. Le forgeron ne savait pas exactement ce qu'il risquait, mais connaissait assez le fond de cet être sournois pour deviner que ça ne serait pas triste... tout dépendait du côté duquel on se plaçait...

- Je ne sais pas si c'est possible.

Etrange de n'opposer aucune résistance, ce n'était pas trop son genre... Mais il était là pour passer une soirée tranquille, il ne voulait pas passer à côté. Il n'y croyait pas trop. Feyzin n'était pas rassuré... mais avait-il réellement le choix ?

Le jeune homme soupira, et commença à avancer sans plus un mot. Le céleste corrompu vint bientôt se placer à son côté. Il en profita pour l'observer discrètement. Son aile était habilement camouflée sous la longue cape. L'elfe devinait qu'elle devait être repliée sur elle-même de façon certainement désagréable et inconfortable. Cette cape épaisse était le seul vêtement visible, et le forgeron se surprit à se demander si les habits qu'il portait dessous lui donnaient autant d'allure.
A ce moment là, le regard de l'ange fut attiré par son indiscrétion, et il recommença à regarder devant lui, gardant ses réflexions en son for intérieur. Il détestait cette façon qu'avait le céleste de sourire à son adresse, moqueur... Mais il ne pouvait le nier. Même s'il n'avait été convié à cette fête, le chevalier dégageait un charisme détonnant, que la rose à son cou semblait encore mettre en valeur. Cette fleur était finalement leur seul point commun en cette soirée, le demi-elfe était aussi noir que l'ange était blanc, il devait paraître bien terne en comparaison de l'élégance éclatante de son compagnon forcé... Sur ces conclusions peu réjouissantes, le couple singulier parvint jusqu'aux portes.

- Messires... ?

Le garde les accosta poliment, il n'avait pas tellement besoin de leur demander la raison de leur venue... juste leur invitation, ce qu'il fit de façon implicite en les saluant. L'ange maléfique prit les devant, coupant toute inspiration au forgeron pris de court.

- Feyzin.

Ainsi se présenta le céleste vicieux. Il continua sur la même voie, l'étonnement était passé pour le forgeron dépité, mais son compagnon d'infortune lui enlevait toute possibilité d'intervention.

- Mon valet m'accompagne.

Le jeune homme leva les yeux au ciel, et tendit l'invitation. La surprise passée, il avait regardé l'ange avec une certaine exaspération. A présent il ne pouvait plus rien faire, autant éviter les problèmes... Les personnes qui le connaissaient lui rendraient sa vraie valeur une fois à l'intérieur.
Le soldat prit le papier avec une légère suspicion en voyant l'expression du véritable Feyzin, mais ne discuta pas. Certainement, on pouvait difficilement douter que le porteur du message soit le serviteur, mais quel être étrange, tout de même... Voyant que tout était en règle, il les laissa entrer.

Dans le vestibule, on leur fit déposer les armes. Feyzin vit avec une satisfaction non dissimulée le mécontentement manifesté par l'ange lorsqu'il fut contraint de rendre sa consistance à son arme fétiche. L'épée noire et la lance de mithril, au contraste aussi forts que leur propriétaires, furent placées ensemble dans le vestiaire. Ils furent ensuite conduit dans la grande salle où se déroulait la réception. Là, ils se séparèrent.

Rol’mariane avait écoutée les présentations faites par Uriel avec gêne. Presque neveu, ce n’était pas vraiment neveu, mais ce n’était pas totalement personne… pourquoi s’attarder sur ce détail ? Il s’appelait Evanescent. Etait-ce un nom, cela ? Effluves toute angélique exhalant les sens, son odeur était à l’égal de sa beauté. Charmant. Charmeur. Image fantasque pour l’éternelle adolescente qui n’osait croire que l’apparition face à elle était faite de chaire, d’os, et de sang. Non, il devait être d’une matière plus fine, plus précieuse et fragile que la sienne. Tant de délicatesse ne pouvait être destinée à un être mortel. Rol’mariane, si ridicule alors, du moins le pensait-elle dans sa robe rouge, se sentait petite et minable. Et jamais encore devant un homme elle n’avait perdue la face.
Se décidant à ne pas regarder d’avantage Evanescent, elle tourna la tête vers les nouveaux arrivants. Etrange contraste, les deux hommes qui venaient d’entrer n’avaient rien de commun l’un avec l’autre. Noir et blanc… blanc et noir… l’un plein d’assurance, l’autre plein de méfiance, ils avançaient d’un même pas. D’instinct, elle se sentait plus proche du noir aux cheveux bruns. Peut-être son allure plus modeste ? Peut-être…
Le Céleste lui parlait. Elle écoutait d’une oreille distraite en détaillant avec attention chaque convive. Chacun avait sa personnalité, son allure, ses origines, mais aucun à ses yeux ne paraissait déplacé dans ce tableau. Sauf elle. Vaste comédie sur un plateau au sérieux tout relatif. Qui était-elle ici ? Juste une invitée parmi d’autres ?

*Mais regardez toutes ces femmes !... Elles sont superbes. Je suis faite pour la forêt, moi, pas pour les soirées mondaines ! Je ne suis pas comme ces femmes…*

Elle fit la moue. Pour une fois, elle aurait bien voulue être une de ces pimbêches poudrées qui fleurissaient aux quatre coins de la pièce, bouche en cœur, pour offrir un peu de plaisir pour les yeux, et ailleurs. Derrière elles, les hommes se retournaient. Derrière Mariane, les hommes devaient bien rire. Ah elle lui ferait payer, au mécréant qui l’avait poussé jusqu’ici ! Il subirait mille tortures, toutes plus affreuses et douloureuses les unes que les autres ! Oh oui ! Et ce sera jouissif !
Quant elle voulu se retourner vers le divin Evanescent, ce dernier sursauta et, sans qu’elle ne puisse rien y faire, laissa se renverser le contenu de son verre sur elle. Elle inspira un grand coup, se raidissant au contact du liquide froid au travers du tissu. Les yeux grands écarquillés, la bouche à moitié ouverte, elle n’arrivait pas à réaliser le calvaire qu’était devenue sa situation initiale. Alors qu’Evanescent s’excusait maladroitement, elle songea que ça ne pouvait pas être pire. Et elle se trompait.
L’ange avait attrapé une serviette, une horrible serviette à motifs oranges, et voulait essuyer la tâche qu’il avait lui-même causé. Une tâche qui s’étalait juste sous sa poitrine. Mais où qu’elle eut pu se situer, Rol’mariane n’aurait jamais laissé un homme l’essuyer, et encore moins avec un pareil torchon ! La main était presque arrivé à destination quant la brune, bénéficiant d’un effet de surprise non négligeable, attrapa le poignet de l’homme et l’envoya embrasser le sol.

« Les hommes sont vraiment, vraiment tous les mêmes. » siffla-t-elle en croisant les bras.

Elle s’éloigna d’Evanescent. Elle ne voulait plus avoir à faire à lui. La demie-elfe entendit quelques gloussements crystalins sur son passage. Grimaçant et avançant toujours entre les corps, elle imita amérement les dindes concernées :

« Hahaha, comme c’est drôle, cette fille a une tâche sur sa jolie robe. Oui mais une tâche sur une autre tâche, ça se voit si peu, n’est-ce pas très chère ? Hahaha… »

Elle bouscula quelqu’un. La moindre des choses dans ces cas là aurait été de s’excuser, se faire petite, bref, ne pas faire d’esclandre. Oui mais Mariane était fâchée, voyez-vous, très fâchée. Elle en voulait à la Terre entière. Et cet homme, donc, habitant de cette Terre, allait payer pour elle. Elle toisa de haut en bas l’importun qui avait osé ne pas reculer à son passage. Oui parce qu’on laisse passer les dames quant on est galants ! Mais qu’est-ce qu’elle racontait, elle n’était même pas une Dame ! En tout cas, le gars à la peau pâle et aux cheveux si clairs qui accompagnait ou était accompagné, elle l’ignorait, du mec à la peau sombre et aux cheveux noirs, était un sal goujat!

« Monsieur, vous m’avez bousculé si je ne m’abuse ! » gronda-t-elle avec une évidente mauvaise foi.

L’homme n’eut pas le loisir de répondre tout de suite car Rol’mariane était vive lorsqu’il fallait enguirlander autrui.

« Je réclame des excuses ! Et même réparation ! Vous croyez qu’on bouscule n’importe qui sans en payer les conséquences ? Alors voilà, Monsieur est noble, Monsieur a fière allure, Monsieur fanfaronne ! Et bah ça marche pas avec moi ! Ravalez vos grands airs, charlatan de mes deux, illusionniste à la manque, les grands messieurs aux petites cervelles ne font pas la loi par chez moi ! Et me regardez pas comme ça, JE NE SUIS PAS HYSTERIQUE !!!!!! »

Et voilà, elle avait craqué. En clair, comme si ce n’était pas suffisant que sa soirée soit gâchée à cause… elle ne savait même pas à cause de quoi, tient ! (oui, à cause d’elle seule, mais Rol’mariane n’est pas très douée pour admettre ses fautes, elle préfère les reporter sur quelqu’un d’autre, voir sur tout le monde à la fois) Elle venait de perdre son pari, la seule raison qui l’avait poussée à venir ce soir là. Se fondre dans la foule, tu parles. Elle en était strictement incapable. Elle aurait mieux fait de faire les poches de toute l’assistance à l’aide de deux trois tours de passe-passe et se barrer à toute bringue avant que ça ne dégénère de cette façon. Mais qu’elle idiote, mais quelle idiote !!! Ah elle s’en souviendrait de cette soirée tient !

« Alors, le néo-aristo ? Quelque chose à ajouter ? » Demanda-t-elle hautainement en le toisant, telle une reine à la dignité bafouée.

Les joues rosies par la colère et la honte, les yeux assombris par la volonté d’en découdre, elle la tête encore bloquée sur ses fantasmes de gamines si vite noyés (et peut-être le cœur enhardi par l’alcool), elle ferma les poings et attendit que son vis-à-vis agisse, au mieux pour lui, il fallait l’espérer. Personne, sans doute, dans cette salle, ne savait de quoi Rol’mariane était capable, surtout dans cet état. Mais rien qu’en la voyant, il paraissait évident que la chercher était loin d’être une brillante idée.
Par ailleurs, sa robe était toujours trempée ! Et c’était froid, désagréable ! Ca n’aide pas à se détendre, ce genre d’incidents, vous savez ! Elle n’en avait pas de rechange, et elle ne pouvait pas partir d’ici. De toute façon, avec la dispute qu’elle venait de créer, c’aurait été peine perdue… Oh oui, le vilain parieur, elle l’étriperait, le découperait en petits dès, en commençant par les oreilles, et puis les doigts et les orteils, elle le ferait rôtir et le mangerait dans son potage le soir même ! Il allait regretter d’avoir fait ça à La Grande Rol’mariane Ramurdor, La Seule, L’Unique, La Vraie ! Et si ça ne suffisait pas, elle s’en prendrait aussi à Uriel ! Quelle idée d’avoir un neveu aussi craquant…

« … »

Des fois, Mariane s’affligeait toute seule. Non, vraiment. Ca faisait presque pitié. Devait elle aller se pendre tout de suite ?... Non, d’abord le mec qui l’avait soit disant bousculé, et ensuite elle verrait si elle avait toujours envie de mettre fin à ses jours. Ce serait dommage de passer à côté d’une occasion de gueuler…

- Pardonnez-moi, ma mie...

Bousculé par une sang gène, V'lin avait dû faire face à un déluge de reproches. Quelle injustice ! Mais la jeune femme ne voulait rien savoir, et ne s'arrêta pas avant d'avoir craché tout son venin. Elle en a sur le coeur, celle-là ! Le demi-ange avait été en conséquent bien en peine de répliquer, et se retrouvait donc obligé de s'excuser platement devant l'incongrue qui menaçait sa couverture. Pourtant, cette insolence l'amusait. Peu de personnes pouvaient se vanter d'accabler un inconnu avant même d'avoir aperçu son visage...
Se redressant doucement après une légère courbette accompagnant ses paroles, la capuche du céleste laissa quelques mèches se dévoiler à la lumière artificielle. Ambigües. Vraisemblablement blanches, mais leur extrémité semblait diaphane... Sous la cape, les yeux du guerrier étaient à peine visibles, son sourire évident. Il était difficile de le reconnaître, pour peu qu'il puisse l'être, mais cela n'avait que peu d'importance.

- Si vous me permettez de rattraper ma maladresse...

Sur ses mots, l'ange enleva élégamment le rose qui servait de boutonnière, et défit la cape en un mouvement ample et gracieux, pour le poser sur les épaules tremblantes de son interlocutrice inopportune. Sous les yeux éberlués de celle-ci se dévoila un visage charmeur et souriant, qui ne s'offusquait nullement du traitement qu'elle lui avait fait subir. Son visage fin et pâle était sobrement entouré de cheveux argentés tirant sur un blanc translucide sur leur terme, dont les deux mèches supérieures, étaient nouées en tresses au dessus de sa tête. Cet être... était à ses yeux la copie conforme de l'ange qu'elle venait de congédier plutôt brutalement.
V'lin n'était pas inquiet. Un autre drapé blanc couvrait son corps, masquant ses formes aux regards indiscrets. Son aile douloureusement repliée dans son dos ne voulait pas s'étendre, et il en était fort aise. Alors... Pourquoi me regarde-t-elle avec des yeux aussi ronds ? Une chose était certaine : elle n'était pas bien ici. Tout comme lui, elle n'était pas à sa place. Ou tout du moins ne le sentait pas de cette façon. Sentant une complicité étrange au contact de ses yeux étonnés, il se sentit d'humeur confidente. Ignorant sa surprise et la raison qui avait provoqué cette perturbation, il se pencha à son oreille.

- Je suis un peu comme vous... Je n'ai pas été invité ici...

S'éloignant juste pour la jauger un peu mieux, la question toujours en suspens, il gardait son sourire imperturbable. Puis... une invitation frivole...

- Si vous le souhaitez, je peux vous accompagner à l'extérieur...

Il ajouta rapidement une remarque, signifiant qu'il avait bien cerné son mal-être.

- Vous vous sentirez peut-être mieux.

Elle put également comprendre que la réciproque était vraie, son interlocuteur était pour beaucoup dans la même situation qu'elle...

Attention, la réalité de cette intervention n'est pas forcément superposable à celle du jeu.



- Vous parlez de moi ?

Un gardien silencieux sortit de sa cachette. C'était un elfe de relativement petite taille, jeune, semblait-il. La peau hâlée par un soleil intérieur, oreilles pointues, cheveux blonds en bataille. Des yeux couleur lagune dévisageaient l'ange déstabilisé. Evanescent n'avait jamais vu le physique de Raphael, mais avait maintes fois sondé son âme. L'aile étendue lui était indifférente, le visage d'ordinaire joyeux était à ce moment grave. Son interlocuteur reconnut le cynisme d'un forgeron qu'il avait rencontré peu de temps avant.

- N'êtes-vous pas celui qui était sensé éviter ça ?

Le demi-elfe au verbe accusateur contemplait la princesse que l'on aurait préféré assoupie. Les vapeurs oranges s'échappaient de son corps, malsaines. Raphael restait accroché au rideau qui l'avait masqué aux regards indiscrets, les doigts crispés sur son échec, son incompétence.

- J'ai fait tout ce que j'ai pu... J'avais un domaine où elle venait se réfugier, parfois. Elle me parlait de son père, de son amour... d'un ange qui veillait sur elle... Parfois, des propos amers venait ponctuer son discours sur ce prêtre, il lui avait caché tant de choses...

L'être incarné reprit son souffle, avala sa salive. C'était difficile de supporter les contraintes du monde réel, qu'il découvrait à peine. Il se résolut pourtant à continuer, le regard fixé sur la princesse envoûtée.

- Le dernier arbre a été détruit, je me suis retrouvé sans asile. Avant de m'en apercevoir j'étais ici, assis à son chevet à la regarder décliner. Elle ne me connait plus.

L'elfe soupira. Il avait dit ce qu'il savait au véritable gardien du sanctuaire souillé, peut-être que cela aiderait... ou pas. Son regard sombre et empli de reproches se posa sur l'ange, qui avait eu le tact de l'écouter jusqu'au bout. Celui-ci ne pouvait que remarquer : ils se ressemblaient. Vraiment. Mais ils n'avaient pas les mêmes préoccupations...

- Où est Alia'ane ?

L'impression d'avoir été volé, une disparition soudaine, la première, une faille... Le regard vert et perçant tentait de regarder au delà des apparences. L'ange qui semblait si bon était peut-être un ennemi. Mais ce dernier le comprenait. Raphael était à présent au dehors, sorti du royaume restreint de la fille-monde, alors il n'avait qu'une espérance...

Son fil…lieul étant partit, Gabrielle tourna un air d’intérêt non feint comme son fond, vers l’ange des songes et celui du jugement qui venait juste de les rejoindre.

-« Et bien messieurs, je crois que les archanges élémentaires, ne se sont jamais vu plus au complet que ce soir là !»

L’enfant des étoiles avec son magnifique regard énigmatique et surligné d’un maquillage complexe, doutait t’il de la présence du dernier des quatre, l’archange des silences.
Sortant directement de son corsage, une petite boule d’un verre étincelant, elle eut tôt fait de dissiper, si imbroglio il y avait, ces derniers paroles.
Dedans, tournoyait sans cesse Feyde son frère jumeau, et oncle d’Evanescent.
Lorsqu’elle porta son regard vers Uriel, une question muette se lisait sur ces lèvres ouvertes lorsqu’elle avait libéré la sphère, de sa rebondissante cachette, une question qui surgit ensuite comme :

-« Puis-je m’entretenir un moment en privé avec Feydel, d’un sujet politique des plus complexe… »

*Il faut impérativement, qu’il me dise quel est la taille de sa poitrin…*

Très vite refroidit par un jet d’eau puissant qui le fit reculer de plusieurs mètres, Gabrielle regardait l’ange avec des yeux plissé d’une incroyable neutralité.

-« Même pas en rêve ! »

La conversation reprit donc, il n’était pas loin de 23H30…

L'Archange du Jugement venait de se faire doucher. Littéralement. Adiel protégea ses atours des projections d'un vent léger qui l'enveloppa un instant. Il se dissipa vite, amis pas complètement. Son regard rieur se dirigea au devant de son compagnon alors que l'air complice se faufilait dans les habits d'un Uriel trempé.

- Besoin d'un sèche-cheveux ?

Le rire du Rêveur emplit les esprits, et resterait gravé dans les songes des convives. Il aida à sa manière l'Ange de la Terre à retrouver sa dignité, et lui glissa quelques mots à l'oreille, lorgnant aimablement leur adversaire de toujours. Uriel, à présent complètement sec, défroissa ses vêtements de fête, avant de se redresser, non sans une certaine fierté. Il regardait à présent Gabrielle avec une certaine insolence, ne laissant plus aucunement apparaître le respect dû à son rang.

- Je crois que j'ai de quoi négocier à présent...

Son sourire laissait deviner une certaine suffisance, assurance qui n'était pas près de se dissiper...

- Grâce à mon jeune ami...

L'enfant-étoile passait son doigt sous le bandeau qui enserrait sa gorge. Uriel fut le seul à sentir son malaise, mais n'en fait aucun cas : l'Archange des Songes souriait toujours. Il voulait lui aussi continuer dans cette voie, partager avec son compère un moment privilégié, pouvoir mettre Gabrielle dans l'embarras était une occasion rare, qui ne se représenterait pas de sitôt... Uriel lui donna une accolade de connivence, qui parut déstabiliser l'ange fragile.

- Merci mon frère.

Un petit clin d'œil, et le Gardien retrouva son aplomb. Ils avaient besoin de peu pour se dire beaucoup. Adiel but donc une petite gorgée de champagne. Un regard entendu. Un petit sourire.

- Il n'y a aucun secret pour moi...

Le papillon complice du terrien soutint le regard intrigué et mauvais de leur victime d'un soir. Côte à côté, les deux Anges paraissaient différents, mais leur union pour une cause commune dégageait une force impossible à nier. Aussi futile soit cette cause...

Rol’mariane resta pantoise quelques secondes. Assez de seconde en tout cas pour que son interlocuteur ait le temps de la recouvrir d’une cape et de lui proposer de sortir dans les jardins. La demie-elfe le regardait avec des yeux ronds. Elle tourna la tête vers l’endroit où elle avait balancée Evanescent… il n’y était plus. Elle revînt à l’intrus… qui n’était pas lui. Enfin qui n’était pas Evanescent, bien sûr il était lui-même, oui bon tout le monde l’a compris ça, mais c’est pour être sûr que tout le monde a compris, vous voyez ?.......

« M… merci. » bredouilla-t-elle en essayant de remettre de l’ordre dans son esprit.

De toute évidence, cet homme à peine entré voulait déjà ressortir. Elle allait le débarrasser d’un poids en acceptant l’invitation de l’homme aux cheveux argentés et au sourire ravageur, non ? Ce serait sa bonne action du nouvel an ! Et il fallait bien avouer que cet homme avait répondu à merveille, ne se fâchant pas, prenant la faute sur lui… galamment… Elle ne savait pas qui il était, mais il lui plaisait déjà. Alors, enfin, elle lui sourit, resserra la cape autours de ses épaules, et accepta d’un bref mouvement de tête.
Dehors, il faisait vraiment froid. Mais sec, heureusement, et il n’y avait pas trop de vent. Rol’mariane ne s’attarda pas sur le paysage. Elle n’en avait que faire. Trop fastueux, pas assez naturel à son gout. Elle préféra rester l’esprit fixée sur la personne qui l’accompagnait si gentiment là où personne ne les suivait. Moins de monde, moins de bruit, c’était parfait.
La brune fit une moue enfantine à l’homme et dit, sur un ton d’excuse tout à fait sur joué et pourtant très attendrissant :

« Désolée de m’être emportée… c’est une mauvaise soirée pour moi. »

Elle voyait bien dans ses yeux qu’il n’était pas dupe à son manège. Et tant mieux pour lui. Ca en faisait un compagnon de balade et aussi un adversaire bien plus intéressant.

Une main leste posée galamment sur l'épaule de la demoiselle qu'il escortait, V'lin passa la porte extérieure du château. Le garde le salua au passage, quelque peu étonné toutefois de le voir sortir si peu de temps après être entré.

- Bonne soirée, Messire Feyzin !

Le demi-ange lui rendit la politesse, sans prendre la peine de s'attarder. Il n'en valait pas la peine, et sa remarque risquait de le mettre dans l'embarras. Le guerrier n'était pas gêné par le fait d'avoir emprunté une autre identité, mais devoir le justifier devant la dame ne lui plaisait guère. Il accompagna donc cette dernière un peu plus loin, en bordure du chemin, à l'orée de la forêt, là où personne, même pas le soldat curieux, risquait de les entendre. C'est là, que la jeune femme s'excusa.

- Vous n'avez pas à vous sentir coupable. Cela arrive à tout le monde, moi le premier.

La différence était que lorsqu'il passait les limites de sa patience, la personne qui se trouvait en face risquait bien plus qu'une réprimande injustifiée. En comparaison, cette elfe était restée bien calme. Ils continuaient à marcher, laissant derrière eux les riches lumières disparaitre peu à peu, sans aucun regret. Le silence qui s'installait dans l'épaisseur de la nuit était amical, et aucun des deux ne pensait vraiment à le briser. Les pensées suivaient seulement leur cours, parfois accompagnées de paroles...

- Ce n'est pas non plus mon jour, mais j'ai eu la chance de vous rencontrer.

Un petit sourire à sa compagne, et ce fut tout. Le regard de l'ange mystérieux replongea dans l'obscurité, son domaine.