Seul et enchaîné... [RP Privé]

[Arf, désolée, reprise de cours donc petits retards… ^^]
Le verrou s’enclencha, la lourde porte du cachot s’ouvrit péniblement dans un grincement amère. L’ange arrêta aussitôt de se débattre et fixa, captivé, la lumière qui s’échappait de l’ouverture. Il aperçu une grande et fine silhouette : cela ne pouvait être qu’Algarys [ba oui attendez, qui d’autres dans le château nécrotique ?! ]. La jeune femme, drapée dans une longue cape noire, tenait de ses deux mains un lourd plateau en bois sur lequel était posé un bol de bouillon chaud et une mie de pain mou. Algarys donna un coup de pied à la porte pour la refermer derrière elle, puis, chargée du plateau, vint se placer en face de l’ange enchaîné qui la regardait, sans dire mot. Elle s’agenouilla en face de lui et posa le plateau sur ses genoux. Elle leva enfin les yeux et fixa l’ange d’un regard bienveillant.
Tu as réussit à dormir j’espère, dit-elle de sa douce voix. [Oui j’ai une voix douce !!!]
Pourquoi suis-je ici ?! Lança froidement l’ange.
Je sais que ce cachot n’est pas ce qu’il y a de plus confortable, mais bientôt tu auras mieux, crois-moi, une fois que…la chose…sera faite, en attendant je m’assurerai que tu ne manques de rien , continua la cupidonne, sans prêter attention à ce que lui avait posé l’ange.
Pourquoi, insista l’ange, quelque peu épuisé.
Tu dois être affamé, je t’ai préparé ce petit repas, tu peux me faire confiance, il n’y a pas de poison, dit-elle en portant à la bouche de l’ange un petit morceau de pain qu’elle avait trempé dans le bouillon de légume.
Elle baissa la tête un dit d’un ton plus grave :Si tu es en ce lieu en cette heure, c’est que le nécromant à des projets pour toi, je n’ai pas encore le droit de t’en informer, mais patience. Tu sauras tout en temps venu.
Elle porta un autre morceau à la bouche du prisonnier.
Et puis, entre nous, je suis bien contente de te retrouver auprès de moi, dit-elle avec un petit sourire candide qui n’allait pas du tout avec l’ambiance lugubre du château.
L’archange la regarda, désorienté. Elle baissa les yeux, gênée.
Ne me regarde pas comme ça, ça n’a pas été facile de faire ça tu sais…mais tu me remercieras plus tard.
Elle lui donna un troisième morceau. L’ange baissa les yeux.

[Ouf! De retour enfin ^^]
Algarys baissa la tête, elle ne pouvait pas regarder l’ange dans les yeux.
Je ne peux rien te dire...je...
Je t’en prie, je veux savoir ce que je vais devenir, insista Fayd.
Algarys, de plus en plus gênée, fini par murmurer ces quelques mots :Le nécromant a pour projet de t’intégrer dans son armée en tant qu’ange de la mort. Je ne m’y connais pas encore très bien en nécromancie…je ne sais vraiment pas comment il va faire, ni si tu souffriras…de toute façon, je ne compte pas l’en empêcher.
Pourquoi es-tu venue au ordres de Velvorn ? Osa demander l’ange.
J’ai mes raisons…personnelles… répondit vaguement Algarys.
Elle se releva et s’approcha de la porte.
Mon maître compte m’exposer ses plans en détail dans la soirée. Ta conversion aura certainement lieu prochainement. En attendant, reste calme, je m’assurerai que tu ne manques pas de nourriture.

Algarys alla refermer la porte derrière elle lorsqu’elle se rappela qu’elle avait oublié une chose :

Oui, un conseil, si la femme rousse que tu connais si bien vient te rendre visite, je te conseille très fortement de ne rien tenter cette fois-ci….je connais un chevalier dans ce château qui n’apprécierai pas, et mieux vaut ne pas l’avoir sur le dos.
Algarys ne put retenir un petit sourire, referma la porte derrière elle puis descendit les escaliers afin de rejoindre le necromancien dans sa bibliothèque.

L’ange, à nouveau seul, cherchait désespérément un moyen de sortir de ce cachot.

-> Dans la chambre d'un demi-ange étrange

C'était la première fois qu'il descendait aussi bas. Il connaissait le chemin, pourtant. Les entrainements auxquels HyiHyil le soumettait étaient intenses, et nécessitaient de plus en plus de place au fur et à mesure que son niveau évoluait. Il avait toujours souhaité - désir resté infantile - plaire à son maitre, et l'avait donc toujours suivi, dans le but constant de s'améliorer. Ainsi, leurs batailles avaient fini par les mener dans les profondeurs du château, jusqu'à une salle qu'il avait rejointe dernièrement, séparée d'un couloir seulement des geôles. V'lin s'y était toujours senti mal, et il comprit pourquoi lorsqu'il parvint à sa hauteur. Il y avait un flux d'énergie anormal à cet endroit, et il sentait qu'il s'y engouffrait. C'était une aura. Il le savait à présent, c'était celle d'un ange. Ayant toujours rejeté celle qu'il portait, il n'acceptait pas plus celle des autres. Etait-ce une capacité des angéliques à se reconnaître entre eux ? Le paladin ne l'espérait pas. Voilà sûrement une chose que je n'aimerais pas savoir... Après tout, il ne faisait depuis longtemps plus partie de ce monde-là. Dans tous les cas, il n'avait nul besoin de demander son chemin, il suffisait qu'il se laisse guider jusqu'à la bonne porte.

Et il y arriva. Une clé restait accrochée au mur, associée à la porte qu'elle ouvrait. De là, aucun prisonnier ne pouvait y accéder, et personne n'avait intérêt à libérer l'un d'eux. Cela évitait surtout des problèmes de logistique. La prison n'était pas un moulin, mais ceux qui avaient à faire dans les cellules, en particulier ceux qui montaient la garde et nourrissaient les captifs, n'avaient pas à courir dans tous les couloirs pour trouver celui qui détenait le trousseau...
V'lin fit glisser le métal dans le métal, et un lourd déclic lui signala l'ouverture de la porte. Il retira la clé, et poussa le battant. L'odeur lui sauta au nez. Elle était plus forte que dans les couloirs, plus forte sans doute que nulle part ailleurs. L'ange était enfermé depuis longtemps, et l'humidité ne l'aidait pas à rester décent. Le chevalier était encore bien délicat, et ce constat était pour lui-même désespérant.

Au devant de sa main, le bois épais lui laissa la place, le guerrier entra. L'obscurité était plus prononcée que dans le reste du château, et il dût rester un instant dans l'encadrement de la porte pour s'y habituer.
Ceci fait, il vit enfin l'archange dont tout le monde vantait la capture. Il n'avait pas l'air fier, dans cette position, dans cet état. Enchaîné directement au mur, ses liens ne lui permettaient pas d'oser des mouvements amples. Son corps maigre attestait de ses nuits de captivité, son visage reflétait l'ennui qu'il avait dû endurer tout ce temps.
Pourtant, V'lin ne se trompait pas. Il s'était illuminé lorsqu'il avait vu entrer le chevalier sans armure, et ce dernier ne pouvait que s'en étonner. Il fronça un peu les sourcils. Etait-ce de la joie ? Cette émotion était exprimée si naturellement qu'elle dépassait son entendement. Etait-il simplement heureux de voir un des siens en ce sombre séjour ? C'était un peu exagéré...

L'angélique aux cheveux de lune et d'argent avança dans la pièce, referma la porte derrière lui, la replongeant avec ses occupants dans les ténèbres. Les yeux clairs étaient toujours fixés sur le principal résident, mais V'lin maintenait entre eux une barrière d'impassibilité. Il ne se rapprocha pas plus, maintenant cette distance sommaire entre eux, une sorte de méfiance. Il y avait quelque chose d'anormal. Il ne bougerait pas tant qu'il ne saurait pas quoi. Puis, l'archange sembla enfin s'extraire de sa transe contemplative.

Depuis son trone, le Nécromant assiste à la scène... Derrière son masque, ses yeux se plissent de mécontentement... V'lin est ce mystérieux visiteur... Mais il devrait être... Loin !

"HyiHyil ! Que fait ton disciple dans cette cellule... Dois-je donc tout faire par moi-même ?"

Rageur, le Seigneur Velvorn se lève et, dans un tournoiement de cape et un cliquetis de son armure, se dirige vers l'escalier de pierre qui le mènera vers les souterrains du chateau. S'engouffrant dans un premier couloir, il en vient presque à regretter son ancien chateau, certes plus petite mais beaucoup plus commode...

De la main, il fait un signe à un Oeil qui vient se poster sur son épaule. Ainsi accompagné, il entre en contact avec le geôlier gnome, chargé de la surveillance des prisons... Ou, du moins, il essaye. Car le malandrin, déjà connu pour ses affinités avec la bouteille est encore tombé dans un fût et dort profondément, vautré dans un coin de son "bureau".

Maugréant envers la qualité du petit personnel, Velvorn fait signe à une paire de squelettes de sa garde personnelle de le suivre, ce qu'ils font dans un cliquetis joyeux.

Comment nier ce fait ? Assurément, V'lin était surpris. L'ange s'était soudainement levé, donnant encore plus d'expression à ses yeux écarquillés. Il semblait bien que le prisonnier avait abandonné toute contenance, peut-être même était-il devenu fou. Ainsi, on serait deux... Par réflexe, le demi-ange s'était reculé. L'homme s'était précipité sur lui, comme si un espoir renaissait, comme si ça vie en dépendait. Un pas. Un seul pas suffisait. Il s'en rendrait bien compte. Cela rendait la distance encore plus grande, les éloignait bien plus que s'il avait fui de l'autre côté de la pièce.
Puis il tendit sa main vers lui. Une main salie par la terre et l'eau, rendues poisseuse par la sueur et les moisissures. V'lin ne bougea pas. Il baissa seulement les yeux vers cette main, pitoyable. L'hygiène était une notion encore sacrée pour lui. Il n'aurait en aucun cas laissé le prisonnier le toucher. Mais il savait que ce dernier ne le pourrait pas. Les chaînes étaient trop courtes, et lorsque l'ange abandonna cette vaine tentative, son visage était toujours immaculé. Il s'était battu avec acharnement, mais gisait à présent sur le sol, il pleurait. Lamentable.
Le visiteur ne comprenait pas plus ce qui lui arrivait, la raison de son trouble et de cette soudaine hâte. Il se contentait de regarder le prisonnier se décharger à ses pieds, avec un mélange de dégoût que le masque figé ne parvenait plus à dissimuler. Puis les yeux sombres retrouvèrent le chemin de son regard, et se plantèrent droit dans les siens.

- Evanescent, est-ce bien toi ?

Les sourcils déjà froncés ne pouvaient guère faire mieux pour exprimer le scepticisme et la contrariété de leur porteur. Il resta un instant immobile, regardant l'ange diminué de cette froideur qui avait été la seule chose à être révélée de lui. Puis, en un mouvement lent, la statue de marbre s'anima. L'étoffe se froissa, rompant le silence éphémère, et les doigts de l'angélique touchèrent son front à la base du nez. Il avait fermé les yeux. Cette situation ne le semblait pas le mettre particulièrement mal à l'aise, seulement lui donner une affreuse migraine.
Finalement, son bras retomba le long de son corps, et les deux émeraudes réapparurent. Cette fois, il laissa tomber le voile. C'était un choix. Il s'accroupit en face du prisonnier, et le visage que ce dernier voyait était doux, et reflétait une certaine compassion. Plus aucune trace de ce mépris qui l'avait caractérisé jusque là. Dans cette position, V'lin savait que l'ange avait cette fois la possibilité de le toucher. Il espérait juste qu'il n'en ferait rien. Mais pour tout dire, à présent, cela lui était bien égal. Il était même prêt à s'assoir avec l'ange dans la crasse si cela était nécessaire. Ses lèvres furent descellées en un léger sourire, qui se mua en parole.

- Tu connais mon nom ? Tu sais qui je suis ?

Et voilà... Le sort en était jeté. V'lin ignorait qui pouvait être cet "Evanescent" dont l'ange avait parlé. Mais sa curiosité piquée au vif le poussait à en savoir plus. Une chose était certaine : cette personne lui ressemblait, et quelque chose lui disait qu'il obtiendrait plus de réponse en jouant le jeu, en se montrant conciliant et patient. Il inventerait une histoire d'amnésie, n'importe laquelle ferait l'affaire. L'archange des silences avait été enfermé depuis assez longtemps pour se méprendre sur la réalité, et croire ce qui lui serait dit sur cette connaissance. Ainsi, il deviendrait Evanescent le temps d'obtenir ce qu'il voulait. Il s'était débarrassé de l'espion gênant pour cette entreprise, un ordre télépathique transmis à l'Oeil en poste dans la cellule l'avait envoyé... ailleurs. Le seul bémol à ce plan tout juste échafaudé dans l'esprit tortueux de V'lin était qu'il se connaissait lui-même comme ayant une patience plus que limitée. Il n'était pas doué pour s'attribuer un rôle, et cela risquait de se voir... à un moment où à un autre. Sa stratégie était mal en point, élaborée à la va-vite, bancale. Mais il verrait très bientôt s'il s'était déjà trahi. Le demi-ange s'affaissa lentement dans la boue, comme si ses réflexions l'avaient amener à réaliser une chose effroyable.

- Je... ne me souviens plus...

Assis par terre, l'angélique avait éclipsé de sa pensée toute idée de confort. Il prononça en silence ce nom que le prisonnier lui avait attribué, comme si cela pouvait lui rendre son identité... Il regardait à présent l'ange d'un air distant et égaré, soulevant une flopée de questions retenues sur ses lèvres muettes. Mouais... Pas sûr d'être crédible...

Secret de polichinelle... Quelque chose qui disait que le soupçon dans les yeux de l'ange en face de lui l'avait déjà démasqué. Mais s'il y avait encore des doutes, il fallait les maintenir. V'lin ignorait le raisonnement qui passait en ce moment-même dans l'esprit de son interlocuteur, mais il devait préserver l'illusion.
Cependant, lorsque le prisonnier lui demanda de le libérer de ses chaînes, son rôle lui imposa une mine surprise. Bien sûr qu'il le pouvait. C'était même très facile pour lui. Mais pour l'instant, mieux valait éviter de se mettre à dos toute la maisonnée...

- Comment le pourrais-je ? Je n'ai pas les clés, ni rien pour crocheter...

Les sourcils gardés hauts par son étonnement, le demi-ange se leva pourtant. Il inspecta consciencieusement les menottes qui ceignaient les poignets de l'ange, pour finalement secouer négativement la tête, confirmant son impuissance.

- C'est impossible... Le mécanisme est trop complexe pour moi...

Le guerrier s'assit à nouveau, plus près cette fois de l'homme qui l'avait reconnu. Son air malheureux avouait sa défaite, mais il tentait malgré tout de regarder l'ange en face. Si jamais cet Evanescent savait ouvrir ce genre de serrure, l'excuse serait simple, puisqu'il ne se rappelait plus... Pensant s'être débarrassé de la corvée que voulait lui imposer le prisonnier, il devait conforter sa position par rapport à lui.

- Je ne sais pas... pourquoi tu es prisonnier et moi pas. Après tout, nous sommes de la même race. Ce que je sais, c'est qu'ils se servent de moi comme un outil. Tant que je serais docile, j'éviterai les chaînes... Je ne peux pas m'échapper pour autant... Si un jour je ne suis plus utile, je crois que ton sort me sera enviable...

Des mèches tombèrent sur ses yeux, juste au moment où il disait ses mots. Nulle trace de mensonge dans sa voix, il était même probable qu'il dise vrai. Son corps s'était mis à trembler. L'ange pouvait attribuer cela à la peur qu'il ressentait en parlant, il ne ferait rien pour le nier, mais il était en réalité fortement contrarié. Son regard était masqué, et il ne pouvait le regretter. En ces instants où il était de lui-même très expressif, qui savait ce que l'ange aurait pu y lire ? Il essaya pourtant de garder la conversation à flot, avant que l'autre ne comprenne ce qui le troublait réellement.

- Une sorcière m'a dit qu'un ange avait été capturé. Alors je suis venu te voir, espérant être un peu moins seul... Et si tu me connais, alors j'ai un espoir...

En contradiction avec ses paroles, le chevalier baissa la tête, ramenant encore plus de cheveux sur son visage. Ses poings se crispèrent sur ses genoux, accentuant encore plus ses tremblements. L'Archange des Silences s'interrogeait sans doute en ce moment-même sur son comportement, mais il ne pouvait lui expliquer. Il parlait déjà beaucoup... trop à son goût, et ne pourrait plus rester ici très longtemps, peut-être même plus jouer la comédie du tout... Il prit le risque de rester malgré tout, pour avoir une réponse de l'ange, une certitude...

Jamais V'lin n'avait été autant pris au dépourvu. Il s'attendait à des questions pourtant, lesquelles étaient logiques, et donc prévisibles. Mais son rôle d'amnésique lui seyait bien mal, et il ne savait pas comment réagir. Qu'était-il sensé savoir, ou pas ? Il était un ange qui se promenait en toute liberté dans le château du pire ennemi des anges qu'il puisse exister. Il était libre - plus ou moins, tel qu'il l'avait affirmé. Il comprenait que cela semble plus qu'étrange, mais lui-même ne pouvait donner réponse à cette interrogation légitime. En toute logique, l'amnésique ne pouvait le savoir non plus, aucune explication ne sortirait donc de sa bouche.

- Comment le saurais-je ? J'ignore mon identité, pourquoi on m'a amené ici, et même les conditions de ma capture. Je peux certes aller et venir avec une certaine quiétude dans les couloirs du château, mais je n'en reste pas moins prisonnier... Aurais-tu préféré que je sois enchaîné à tes côtés ? Cela nous donne peut-être une chance supplémentaire de nous échapper... J'aimerais savoir pourquoi ils nous ont réservé un sort différent, mais à choisir entre la liberté et une réponse, je n'hésite pas. Maintenant que je sais que tu es là, s'il y a la moindre opportunité, je la saisirais... avec toi.

Volubile. Etait-ce nécessaire ? Et si l'autre ne l'était pas ? Il verrait bien. Au pire, le trouble des retrouvailles inopportunes et de la perte de mémoire pouvait bien expliquer la différence de locution entre lui et l'Evanescent connu par l'ange...

Malgré ses doutes, V'lin sentit venir le piège... Une demande impromptue. A propos de ses ailes. Il "avait une paire d'ailes magnifiques"... Ses cheveux collèrent à ses tempes, sans raison. Etait-il anxieux d'échouer à ce test ? Après tout, il avait lui-même fixé les conditions de ce jeu, savait qu'il prenait quelques risques... mais lesquels au final ? Craignait-il juste de rester dans l'ignorance ? Pas seulement... avoir des liens privilégiés avec l'archange serait un atout majeur pour les plans du nécromant, et donc, pour sa propre place à son côté... Mais qu'espérait-il ? Il n'avait qu'une seule aile... La prisonnier ne l'avait pas donc pas vu ? Quoiqu'il en était, la différence était évidente, il la remarquerait aussitôt... Mais alors, que devait-il faire ? Refuser ? Il n'y avait aucune raison à cela... Bon... Tant pis...
Accédant silencieusement à la requête de son interlocuteur, V'lin se retourna lentement. Par ce simple geste, il renonçait à son rôle, qui serait révélé à la lumière de son aile unique. Mais tant que l'ange ne réagissait pas, il irait jusqu'au bout. Le mieux pour l'heure était de toute façon de se taire... Agenouillé sur le sol crasseux, le chevalier présentait son dos à l'ange. Imprudence ? Certainement pas. Il était plus attentif que jamais à ses arrières. S'assurant qu'il était à la fois assez loin du prisonnier pour éviter de le gêner, mais assez près pour qu'il puisse le voir, ce qui ferait également office de preuve de bonne volonté, V'lin déploya son aile. Elle s'étendit à la gauche du prisonnier, laissant entrevoir de faibles reflets argentés à la lumière vacillante. Le guerrier le savait, elle était parfaite en tout point. Les plumes était alignés comme elles le devaient, jamais un coup d'épée n'avait touché celle-là... Il ne pouvait en dire autant de l'autre, absente, preuve irréfutable qu'il n'était pas cet ange que le captif connaissait. Il avait emprunté son nom pour une ridicule et vaine mascarade, et à présent, les mains à terre, tête baissée, il attendait le verdict...

Suivi d'une poignée de squelettes animés aussi malin et utile qu'une paire de tongs pour un cul-de-jatte, le seigneur nécromant parcourre les couloirs du chateau lugubre. Par l'entremise de l'Oeil posté dans la cellule de son prisonnier, il a assisté à une grande partie de l'échange entre les deux êtres. Du moins, jusqu'à ce qu'un ordre direct demande à la créature intellectuellement limitée de quitter les lieux.

Evidemment, elle l'avait fait aussitot, dans un bruit répugnant, se faufilant dans une fissure du mur. Le Seigneur l'avait rattrapé in-extremis et n'avait pas eu d'autre solution que de lui ordonner de se placer au plus près de la porte qu'il le pouvait. De là, la suite du dialogue était difficilement audible...

Mais désormais, il est trop tard concernant la connaissance de l'existence d'Evanescent par V'lin. Ce petit est suffisamment intelligent pour comprendre l'importance de cette information et cherchera certainement à en savoir plus... Tout comme il cherchera sûrement à découvrir la raison de la captivité de l'Archange des Silences...

Fâcheux que tout ceci... HyiHyil ! Si tu tenais un peu mieux tes ouailles, cela n'arriverait pas !

HyiHyil... Justement... Un pépiement de l'Oeil le plus proche informe son maître de l'arrivée du Chevalier Macabre. Vraisemblablement, celui-ci se sera retiré dans son stupide sanctuaire soi-disant inviolable...

Qu'importe ! Il le fera venir...

Le Nécromant marque l'arrêt... Que faire ? Il est trop tard pour empêcher le pire en bas et il doit voir son "Avatar" au plus vite en haut... Malédiction !

Il se tourne vers la petite troupe de suivants :

"Vous ! Descendez immédiatement dans ce cachot et faites-en sortir cet abruti de semi-ange de pacotille ! Faites-lui comprendre qu'il perdra sa seconde aile s'il ne vous suit pas illico ! Vous me l'enverrez ! Salle du Trone ! Allez !"

Puis, dans un grand mouvement de cape, Lord Velvorn s'en retourne vers les niveaux supérieurs de sa vaste forteresse. Sa main se referme nerveusement sur le Cristal de l'Unicité, qu'il porte désormais en pendentif...

: on se motive malgré l'heure et on relance la machine...

Alors que le seigneur nécromant rebroussait chemin dans les couloirs de sa forteresse tout en ruminant de sombres pensées, ses pantins articulés reprirent le leur en direction des cachots.

Cahin-caha, ils parcourèrent donc les étages les séparant encore de leur destination, sans réduire ni l'allure ni leur détermination, seule aspect véritablement appréciable chez ces créatures.

C'est ainsi qu'ils parvinrent devant la porte fermée derrière laquelle la réunion interdite avait lieu. Celui des revenants qui tenait le rôle de chef du groupe s'avança et, d'une poigne peu commune eu égard de son bras totalement décharné, en saisit la poignée d'acier et repoussa le battant sans faiblir dans son geste. La lourde porte, violemment repoussée, claqua bruyamment contre le mur, faisant naître dans les couloirs obscurs un long écho retentissant. Sans même attendre sa mort, le non-mort fait usage de sa voix surnaturelle pour couvrir le bruit ambiant.

"Messire, Lord Velvorn nous a donné l'ordre de vous conduire auprès de lui. Veuillez laisser là ce prisonnier et nous suivre sans opposer de résistance. Dans le cas contraire, je dois vous prévenir que notre Seigneur vous promet une amputation... très prochainement !"

Sans rien ajouter, le guerrier squelette attendit aussi patiemment que seul un squelette pouvait le faire, en silence...

Agenouillé à terre, les poings refermés autour d'une poignée de sable sale, V'lin attendait une attention, un jugement. L'ange prisonnier le retardait, et cette position faisait durer l'humiliation. Les dents serrées, le jeune homme ferma les yeux. Cette attente, cette angoisse... Cette situation n'était pas sans lui rappeler un évènement passé...

~Flash Back à venir~

L'ange avait-il parlé ? L'apprenti chevalier n'en avait pas le moindre début d'idée. Plongé dans ses pensées, V'lin n'avait entendu que trop tard la porte s'ouvrir et interrompre ses dérives passagères.

- Messire, Lord Velvorn nous a donné l'ordre de vous conduire auprès de lui. Veuillez laisser là ce prisonnier et nous suivre sans opposer de résistance. Dans le cas contraire, je dois vous prévenir que notre Seigneur vous promet une amputation... très prochainement !

Relevant la tête, le disciple insoumis ne put retenir un ricanement. Il se redressa et fit un signe de la main aux squelettes. Une amputation ? Certes la menace était sérieuse. Le Lord ne faisait jamais un seul cadeau. Il n'avait pourtant jamais eu peur de se montrer obscène face à ses serviteurs diminués.
V'lin se tourna vers son ancien interlocuteur. Sa couverture avait volé en éclats. L'Archange n'était pas dupe, cela n'aurait de toute façon jamais duré longtemps... Alors il se montra sous son vrai jour. Un sourire dément au lèvres, ses yeux verts fixés sur le céleste scellé dans la pénombre, sans plus un regard aux domestiques décharnés, l'ange déchu se volatilisa, ne laissant à sa place que des vêtements souillés.


-> Chambre d'un ange étrange

-> Tylen --> Ruelles ---> "Un prince vaut mieux..."

Un petit détour. Un entorse de plus aux règles établies par le nécromant ne changerait de toute façon pas grand chose... Sachant ce qu'il risquait, V'lin apparut derrière l'ange prisonnier. Adossé au mur, son corps fantomatique se confondait avec celui de Fayde. Il était même fort probable que le captif fatigué n'ait pas encore perçu sa présence.
Un regard vers la lucarne, et la bête monstrueuse ferma l'oeil. Pour ce qu'il y avait à voir... La pièce était toujours aussi sombre, glauque, presque sordide. L'humidité et la puanteur ambiante donnait toujours autant le nausée à l'ange délicat, mais il avait pourquoi il était là. Le guerrier s'accroupit, sa bouche à hauteur de l'oreille de son semblable. Cette fois, il ne pouvait plus l'ignorer.

- Je suis de retour, mon oncle...

L'ange se retourna vers lui, surpris, faisant tinter les chaîne contre la pierre. Il le regarda, mais ne dit mot. Il tendit un bras impuissant vers la céleste apparition, mais ne put le toucher. Ses liens retenaient sa main. De toute façon, le chevalier était immatériel, presque transparent, ce qui renforçait cette illusion de rêve. Il continua.

- Je viens t'offrir une liberté... à toi de voir ce que tu en feras.

Ses doigts diaphanes touchèrent l'un après l'autre les bracelets d'acier, qui tombèrent à terre dans un fracas métallique. Tout comme l'enchanteur, ils s'étaient déphasés, l'espace d'un instant. L'Archange était affranchi de ses fers, ce qui lui donnait la possibilité d'aller et venir dans sa cellule. Pourtant, il ne bougea pas, peut-être ne le réalisait-il pas. Ou alors, il s'était résigné : il restait prisonnier...

V'lin laissa l'homme à son désespoir et à son sort, disparaissant avant que son regard blême ne le suive.


Pour Fayde : -> "De sang, d'or, de larme, et d'acier..."
Pour V'lin : -> "Dans le chambre d'un demi-ange étrange"