La tour des anges [Privé]

Chapitre 23 : La rose rouge et la jonquille

La tension avait reculée d’un cran, et c’est dans une ambiance bonne enfant que Gabrielle présenta paume ouverte un petit orbe transparent et beau qu’elle avait retiré de son secrétaire à l’aide d’une des nombreuse clés qu’elle comptait dans les recoins de sa tenue coquelicot.
Le faux prince Färvien attiré par ce joyau de simplicité, le prit enfin dans sa main gantée afin de mieux apprivoiser sa profondeur d’un œil qui paraissait abusé.
Ce dernier s’échappa enfin à sa contemplation dans un léger sursaut, lorsque l’archange de l’eau en expliqua la raison.

-« Ceci est un artefact facile à transporter, qui permet en quelques mots de pouvoir communiquer avec moi sans défauts… »

Comme par magie dans sa main, se trouvait maintenant le jumeau de l’orbe souverain.

-« Il suffit de vous mettre à l’écarts des oreilles et des murs, et d’un seul hélant, déclarer d’un ton sûr… »

Elle toussa élégamment, avant de pouvoir enchainer librement.

-« Boule de cristal magique, orbe des maléfices, que mon être communique avec l’archange Gabrielle ! »

Il y eut un profond silence dans la chambre de l’élémentariste.

-« Oui, bon… Il faudra un jour que je songe à en changer l’incipit ! »

Après un léger éclat de rire, Gabrielle sa servante princière sortirent de la pièce pour descendre l’escalier de colimaçon qui encerclait toute la construction de la tour des anges.
Elles arrivèrent enfin au sellier, et c’est à ce moment là que l’archange ne vit pas derrière elle l’appréhension d’océane pour la porte cochère qui conduisait dans les sous bassement de la tour prisonnière, où un archange raréfié tenait son entrepôt dans la glace…
Adiel mit au frigo.

…

Elles sortirent donc en saluant au passage les deux anges gardiens qui se mirent au garde-à-vous devant le couple détonnant.
Gabrielle en était sûre, les murmures derrière elles, conteraient déjà l’exploit de son nouvel amant.

*Hélas, ce n’est qu’un faux… une copie, un vulgaire Picasso.*

La rose et la jonquille passèrent la place galante, pleines de courtoisies pour l’archange, elle s’arrêtât un instant avec le faux prince devant le tribunal militaile où elles croisèrent Uriel qui débutait sa journée en appel.
Ses ailes d’or métalliques étaient splendeur dans le soleil naissant, il tenait sous ses bras divers rouleaux de lois.

-« Vous êtes bien matinale, Gabrielle… »

Puis après avoir regardé l’humain au goût plus qu’incertains, il lui chuchotât d’une manière qui se voulait trop peu discrète…

- « Encore une quelconque affaire vénale, dont vous voudriez gâter ce ciel ? »

Il lui fit un clin d’œil polisson, pour un grand-père c’était vraiment mignon.
Gabrielle ne s’empourpra point d’aucune façon.

-« Que nenni Uriel, ceci est une visite protocolaire… »

Puis en montrant Océane.

-« Le prince Färvien nous fait le plaisir de sa visite au planétin ! »

Océane sous les traits du bambin, effectua un salut très scolaire.
Un éclair transperça la terre, et l’archange du litige, passa ses yeux de Färvien à Gabrielle comme pour chercher l’erreur de jugement qu’il avait commise face à ce précieux mielleux.

-« Le prince qui gouverne Tyllen… »

*Qui un jour sera mienne !*

-« J’espère que la visite vous à plut ! »

*Comme un déluge…*

-« Et donc vous avez rencontré la grande Gabrielle ! »

*Une armée d’un millier d’ailes !*

-« Et entre nous, qu’elles sont ses exactes mensurations ?*

*Je le manipule comme un pion… QUOIIIII !!!*

-« Objection votre honneur ! »

Une trompe d’eau partant de la paume de Gabrielle, fit décoller l’archange de la terre dans l’air au dessus de son tribunal nommé l’enfer.
Il retomba en quelques mouvements d’ailes avec un sourire aux lèvres.

-« Je vois que le prince Färvien, à un excellent avocat ! »

Il réussit tout de même à faire décocher à Gabrielle un sourire, puis ils prirent congés.

…

Arrivée enfin aux limites du planétin, l’archange scrutait la ville en dessous et la mer qui créait ses remous et ses voiles marines, ses pirates et ses quilles.
La vue était superbe, le faux prince Färvien contempla les domaines qui se perdaient au loin, les champs de carottes, les bourgades et les… machin de guerre des orks voisins.

-« Que c’est beau ! »

Gabrielle avait le vent en coupe, ses cheveux de miel et bouclés comme la cire jouaient avec des abeilles inexistante à cette hauteur, elle soupira…

-« La terre est si belle, surtout lorsque l’on n’en possède pas.. »

Il y avait de la beauté dans cette affirmation, qui passait presque comme une confession involontaire, un laisser aller de la prophétesse devant ce spectacle de nature et de riches cultures.
Puis plus pratique, se retournant vers Océane.

-« Tu es humain maintenant, pour descendre en bas, guides toi à mes pas… »

Lui prenant la main, elle lui fit peur un instant en l’entrainant avec elle dans le gouffre souverain, mais un nuage coquin était là pour le poser de leurs pieds incertains.
Elles marchèrent et glissèrent un long moment d’un nuage à l’autre ; l’aptitude au contrôle de ces formes cotonneuses et gorgées d'eau par Gabrielle rendit le voyage des plus agréables.

…

Puis après un long moment, Tyllen surgit enfin à l’horizon…

[HRP : suite pour Gabrielle dans : Les chroniques de la femme araignée dans la forêt maudite]

Chapitre 31 : Déluges de mauvaises blagues

Gabrielle-air-line avec à son bord le dragon cajoleur, l’archange minuscule et la fée tintamarre rejoignait progressivement la cité du ciel, entourée par des nuages de plus en plus denses qui jouaient aux anneaux de cette urne.
Elle traversa donc le coton mouillé qui perlant sur sa robe écarlate, telle l’emboue d’une fusée, se déposa avec douceur, grâce et volupté sur le sol craque-terre de la place endormie.
A peine en eut t’elle posé le pied que…

-« Un petit pas pour moi… »
-« Un grand pour ta stupidité ! »

Elle passa devant les deux gardes aux yeux clos, poussa un toussotement bien placé à leurs hauteurs qui les vit sursauter d’une manière très professionnelle, libérant chez elle un soupir d’une sainte exaspération…
Enroulant l’escalier en colimaçon, l’archange relevant un pan de sa robe en gravit toute la distance qui la séparait de ces appartements, dont elle poussa la porte richement ouvragée sur un miroir qui reflétait la fatigue échevelée mais prolifique de la veille.
Elle se posa avec emphase sur le petit tabouret en bois sculpté, et prit une brosse qu’on ne pouvait ivoire d’éléphant indien, afin de remettre un peu d’or dans ses cheveux…

-« Moi aussi je veux mettre du fard dans sur mes yeux !
-« Et bien fard… vient ! »
-« Il est là ? » intervint soudain l'ange des silences
-« Qui… »
-« Et bien le prince Farviën ! »
-« … »
-« … »

Gabrielle regarda ces deux mains brulée au premier degré par son jumeau de frère, incertaine sur les flammes qui parfois s’en échappaient.
A ce moment, elle fut presque en état d’appeler sa servante Océane pour lui faire un soin des paumes, mais se rappelant au dernier instant qu’elle n’était plus là, elle se ravisât déconfite.

-« Elle allait dire quelque chose… »
-« Et toi tu allais te taire ! »

Scrutant le miroir qui réfléchissait devant elle, la prophétesse fermant les yeux et avançant une de ces paumes meurtries en direction de son double, récitât ainsi.

-« Miroir, miroir, mon beau miroir… dit moi… »
-« Qui est la plus belle ! »
-« Sans conteste c’est ma sœur ! »
-« Tu aimes les masseurs ? »
-« … »
-« … »

Et sans ce faire décontenancer.

-« Dit moi mon beau miroir, ce qu’a fait ma servante Océane depuis notre désunion… »

Le miroir devint opaque, et tel un film trop rapide déversa dans les yeux bleus-verts de la cinéphile, quelques précieux renseignements…

-« Cà va trop vite, on peut pas mettre sur pause ! »
-« Je cherche la télécommande pour toi depuis le début de ce RP… »

Mais la réaction de Gabrielle coupa nos dramaturges dans leurs élans.

-« L’idiote, de se faire ainsi capturer… Décidément on ne peut compter que sur soi pour arriver à ses fins ! »
-« Je n’osais pas l’aborder plus tôt, mais c’est vrai que j’ai un petit creux… »

Dans cette petite colère, Gabrielle aussi colorée que sa robe claqua à nouveau mais avec plus de force cette fois là, la porte sourde de sa chambre afin de ce rendre bien plus haut dans la salle des échecs.
En passant devant le jeu, le ventre de Feyde gargouilla, et elle eut une petite pensée pour Azrael son amant fin tacticien ; devant la bassine remplie d’eau, flottait la poupée vaudou représentant le mage encore alité dans les infirmeries du château de l’ensorceleuse…
Elle posa les deux boules de verres sur une autre table de la pièce immense ile-bibliothèque qui en apparence n’avait pas montré encore pareilles particularités.
A peine le verre entrant en écho avec le revêtement de marbre, qu’on put entendre hurler plutôt que chanter.

-« Fairy-moon, gotta catch them all ! »
-« Je ne suis pas un Fairy-moon, je suis l’ange atomique du feu silencieux ! »
-« Et moi je suis léviathor ! »
-« … »
-« … »

Bizarrement Gabrielle eut envi à ce moment de jeter sa Fairy-ball contre l’un des murs de la pièce, mais elle contrôla cette pulsion avec beaucoup de charisme.
Elle pencha sa tête au-delà de la fenêtre en terrasse qu’elle ouvrit pour mieux voir que de la mer, la condensation était en marche.

-« Enfin une qui ne me desservira pas… La dague des Noés est entre de bonnes mains..»

Elle tenait l’une contre l’autre, ses deux paumes meurtries.

Chapitre 32 : Les promesses de l'eau.

Elle n'avait pas fermé l'oeil de la nuit, et maintenant que son frère jumeau, certes lilliputien était sauvé des griffes de Velvorn dont notre harpie se fichait bien des répercutions récentes qui avaient ébranlés le seigneur et son domaine ; l'archange se laissant aller à la réverie, et différent d'un rêve étrange, elle replongeait dans le passé, quelques mois après sa nommination avec Feyde au poste d'Elementaire...

...

Gabrielle transformée en flaque d'eau pour suivre en cachette, les cours de l'elfe Eärdrel afin de progresser plus vite dans la maitrise de son élément, croyait t'elle à son insue ; lorsque qu'en plein été, le maitre revint sur ces pas peu crédules des agissements de la toute jeune archange de l'eau. Puis ombroglio, arrogance et maitre évidence, ne firent qu'envenimer leur première réele confrontation, ce soldant sur une dispute cuissante d'avenir...

- « Je n’ai plus besoin de vous pour progresser, je développerais moi-même ma propre magie, même si je dois en payer un prix lourd, vous regretterez ce jour de votre manque de déférence ! »

Gabrielle esquissa un semblant d’irrévérence.

- « Mon pouvoir engloutira tout le monde, jusqu’à votre dernière goutte vous en ressentirez l’onde… »

Le vieil elfe qui avait laissé partir ces deux disciples pour mieux les protéger des caprices de la jeune archange, laissa tomber.

- « Je n’aurais de cesse de former mes vrais disciples, pour contrecarrer vos plans arrogants de pouvoir démesuré… folle que vous êtes de vouloir libérer le Léviathan, son poison aquatique vous perdra, en d’affligeants torrents ! »

Ces oreilles en pointes frémirent à peine du calme qu’il tentait visiblement d’afficher tout ce temps, contenue par la colère de la bêtise de l’espionne de ces cours d’eaux…
La nymphe posant la paume de son canal carpien sur son front, en déplissant les vers, romput brutalement des mèches folles de cheveux en arrière pour regarder le sage de ces nouveaux yeux révulsés par son sortilège de prédiction.

- « Avant que vienne le nouveau déluge, la mort aura découvert votre refuge ! »

Retrouvant la couleur bleue-vert habituelle, Gabrielle repris dans un mode moins tragique.

- « Les pouvoirs de ma naissance dépasseront vos enseignements, et vos deux disciples finiront empalés, dans mes filets et mes harpons ! »

- « Je n’en serais pas si certaine, si j’étais vous ! »

Les deux ailes de corail s’entrouvrirent en d’affreuses alarmes, mais la femelle ne tenta pas la vie de l'elfe ; sortant une carte de sa manche, elle la jeta aux pieds du maitre qui ne broncha pas.
Lorsqu’il releva les yeux, elle avait disparue pour de bon cette fois, plus jamais elle ne reviendrait espionner dans le but de développer ces pouvoirs plus rapidement aux dépends d’un tiers.
L’elfe se baissa pour ramasser la carte de Taro qui jouait avec les herbes folles, il la retourna et découvrit la faucheuse avec son sourire amer ; haussant les épaules il philosopha ainsi.

- « Mais bien sûr qu'on va tous mourir, çà je le sais, ce n'est pas grave... »

Vérifiant tout d'abord qu'il n'y eut pas de dragonne pour appuyer ces dires ; la carte dans sa main explosa en faisant un gros *PLOUF* et la détonation rappela les deux disciples à leurs maitres.

- « Tout va bien maitre ? »
- « Nous vous avons entendus parler seul, puis une explosion...»

Arkan le demi-elfe ne se rendit pas tout de suite compte de l'incorrection de sa phrase, alors que lui et Zhao récupéraient fr leurs marches rapides.
Le maitre contempla le futur avec une pointe toute spécifique du grand âge, avant de leur lancer sans mégarde, une autre bombe PLOUF qui les projeta sans dommage dans les arbres.

- « Vous ferriez mieux de vous entrainer plus intensément, si vous ne voulez pas finir sous la mer, bande de garnements ! »

Il pensait qu’un jour, il faudrait les prévenirs pour l’archange Gabrielle et ces projets inassouvis… Mais par encore, trop jeune dans leurs entrainements ils étaient ! Ce faire tuer par la force brute de la diseuse de catastrophe ils seraient ! Arrêter de parler comme une grenouille avec un sabre laser il penserait !

...

Elle rouvrit les yeux bleu-vert et un sourire cruel se forma sur ces lèvres peintes ; elle venait de comprendre qu'elle avait fait un songe prophétique, et la conclusion logique de tout celà, la mettait dans une joie immense.

- "Il est mort Eärdrel le sourd, celui qui autrefois m'avait refusé ses cours..."

Que Gabrielle entretienne dans sa psychée une relation avec un homme autre que faire la cour en choquerait plus d'un ; il faut vous dire qu'elle était vraimment jeune et naive à l'époque...

- "Maintenant ces deux disciples, tel un miel coulant et onctueux, vont après lui avoir fait leurs adieux, chercher à vaincre les cieux..."

Gabrielle posa un doigt profane dans sa bouche afin de l'humidifier et de très vite vous rassurer qu'en à son charisme.

-"Je ne prendrais pas la mouche, du moment qu'ils ne gênent pas du rose prophétique, l'accomplissement !"

Dans sa boule de verre transparent, Feyde fesait des tours de spires tel un diptère silencieux.

Chapitre 33 : Dites docteur !

Gabrielle avait chaud, terriblement, mais pour la première fois ce n’était pas entre ses cuisses que la source fiévreuse alimentait son mal être.
Elle ne s’en était pas rendu compte de suite à son réveil, sans doute l’excitation d’avoir appris la mort de son premier maitre ; mais alors qu’elle consultait songeuse de ces multiples ouvrages qui peuplaient autochtone, son ile-bibliothèque, la température montait de manière uniforme sur chaque pores de sa peau délicatement aérée.
Bientôt le petit éventail ne suffit plus à calmer le charisme débordant de la lectrice, qu’un filet d’eau en vase close serpentait d’une ouverture à l’autre la fontaine de son anatomie.

- « Léviathan, est ce toi qui me donnes autant chaud ? »

Le collier étranglé à son cou se faisait plus oppressant que d’habitude, ces mains parcouraient la moindre parcelle de son esprit à la recherche d’un mal inconnue.

- « Nullement maitresse, et j’ignore le mal qui vous ronge, je ne suis pas mes deux seins. »
- « Qu’on donc tout les mâles à tout faire revenir à ma poitrine, comme si je ne souffrais pas assez ! »
- « … ? »

Celle ci justement, de se soulever dans un balancement saccadé.
Excédée de ne rien trouver, les devins étant de très mauvais voyant quand ils s’agissaient d’eux même, elle psalmodia.

- « Le futur est obstrue, sinueux, compliqué, que vienne à moi celle qui devenue chair, remplie pour moi sa mission en secret… »

Un nuage blanc commençait à se former devant elle.

- « Entends mon appel, toi qui porte la ceinture, offerte par les cieux ! »

Une femme en tenue blanche immaculée d’une multitude de poches s’inclina devant elle ; elle portait tout un attirail d’instrument compliqué destiné à vous piquer, prélever, quérir, et à sa taille en effet, une belle ceinture d’argent ne déparait pas avec l’ensemble.

- « Vous m’avez fait mander madame ? »

Puis avec une pointe de reproche dans la voix, par conscience professionnelle pour sa mission.

- "Vous savez que mon travail au palais de la princesse est des plus délicat, s’ils s’apercevaient de quoique cela ! »
- « Ne vois tu pas que je suis si mâle pour avoir fait appel à toi, je ne comprends pas ce poison dans mon âme, et tu es la seule sans doute à pourvoir le guérir !»

Puis d’un même souffle.

- « Et quittes donc cette apparence ridicule que tu prends avec mes humains, nous sommes ici entre nous… »

Lentement la femme vit deux ailes en peau tendue et noire comme la ténèbre apparaître dans son dos, une queue imberbe s’agitant métronome donnait de l’équilibre en arrière à la posture cambrée du succube en blouse blanche.
Tandis que l’infirmière démoniaque examinait l’archange. Elle s’inquiétait plus que de l’état de sa difficile patiente.

- « Personne ne risque de nous surprendre, ici ? »

Soupir.

- « Océane m’a quittée voilà peu, et sans préavis pour un « job » encore mieux payé, chez des anges sans doute moins intransigeant que moi… »

Mentie t’elle délibérément, aucun des acteurs de son plan n’étant réellement au courant de l'ensemble.

- « Enfin, il parait qu’elle a plus de travail au niveau du ménage, l’endroit où elle s'affaire maintenant à le défaut, d’être… crasseux, la pauvre ne vénèrant pas la déesse Travia ! »

Émit-elle dans un rire souffreteux, qui lui fit mal aux jointures, alors que le stéthoscope du démon se baladait seul sur elle.

- « Elle ne vous méritait pas ! »

Après une latence agacée par ce commentaire facile contre sa servante, elle lui demanda.

- « Bon alors, d’après toi, qu’ais je donc, qui me mette dans cet état ? »

Elle était en face l’une de l’autre, et la mine de l’infirmière était insondable et inquiétant par la même.

- « Ne me fait pas languir comme ton frère… l’ange du gel noir me cause assez de soucis par son absence ici. »
- « Draal en effet est retenue par le Fallen que vous lui avez demandé d’assassiner, mais ne l’a pas encore tué. Et vous…»
- « Et bien quoi, parles donc ? »
- « Je crois tout bonnement que vous avez prit froid ! Avec la nuit que vous avez passé à voler dans les nuages, cela ne m’étonnes guère… »
- « … »

Quelques instants plus tard, elle était emmitoufflée dans une longue pélerine fuchia, une tasse de tisane aromatique entre la paume de ces mains brûlées par les flammes de son frère Feyde, qui la picotaient.
Prêt d'elle, le livre qu'elle avait quitté traitant des changements magiques de tailles et d'apparences, des géants et des fées, faisait sa couverture.

- "Où en est tu, du prossessus de transformation de ton patient ?"

Et après une gorgée sirotante.

- "Qu'advient-il de Magic, notre golem au métal comtaminé..."

Chapitre 34 : Carnet à dessein.

Elle était partie en lui donnant les dernières recommandations pour son état de santé, mais en distillant dans son esprit le doute sur sa servante Océane.
Plus efficacement qu’une perfusion de sérum physiologique, Gabrielle accumulait depuis le début envers son pion familier, une ambivalence travaillée qui jusque ici avait bien voulue se taire.
De ces débuts où pour la punir, elle lui avait cassé le poignet, sa prévenance constante, sa souffrance dans les multiples trahisons qu’elle lui avait offerte, l’ingrate maitresse de se demander pourquoi celle-ci avait duré aussi longtemps.

-« Elle me cache quelque chose, assurément… »

Gabrielle n’était que peu habituée à la gentillesse, surtout venant de la part des hommes, mais venant d’une femme, cela en devenait plus troublant.
Léviathan n’eut rien à rajouter pour enflammer sa certitude d’être trahie constamment par la servitude ennemie.
Les paroles de la succube-infirmière au château de la princesse lui revinrent comme un retour de flamme à sa fièvre amie.

-« Elle ne vous méritait pas ! »

Que cela soit elle qui ne la méritait pas, ne lui vint même pas, il fallait forcement que cela vienne des autres.

-« Suffit Viviane, tu me morcelles la tête avec tes billevesées ! »
-« … »

Silence polie de la fée Lyne, qui essaye désespérément de faire bouger sa boule pour la faire rouler en direction de celle de Feyde.
Mais Viviane était partie avec sa ceinture d’argent voilà un temps certain, qui voyait le malaise de sa patiente grandir.

-« Ce n’est pas possible, je deviens folle, je dois m’en assurer par moi-même ! »

Tenant d’une main sa longue pèlerine, elle abandonna Lyne à son sort, pour rejoindre la chambre de sa servante princière.

-« Et oh ! Ne me laissez pas toute seule, je… je suis souffrante ! je vais mouuuuuurir ! j’ai la fièvre, j’ai du prendre froid… à travers les petits trous de cette bulle, pitiiiié ! »

Mais lorsque la porte se ferma enfin, un sourire calculateur se dessina sur la petite bouche en cul de poule de la fantaisiste.

-« Le seigneur Velvorn serra extrêmement satisfait de tout ceci… »

Traversant les différentes pièces qui l’éloignaient de l’espionne du nécromant, Gabrielle ouvrit enfin la porte fermée d’Océane, avec un double de la clé qu’elle avait su faire.

-« La confiance règne ! »
-« Bientôt je n’aurais plus besoin de la confiance… »

Elle se mit en tête de tout fouiller minutieusement, sans idée de ce qu’elle cherchait vraiment, dans les armoires des vêtements partout dans la pièce, sous le lit propre, derrière les tableaux, et enfin elle le trouva, ce pour quoi elle piquait hystérique cette maniaquerie moqueuse de la température qui montait en elle.

-« Voilà l'objet de ma tourmente, la réponse dans son journal intime ! »

Mais tournant la premier page, au lieu de voir couché sur le papier des mots à l’encre facile, elle ne vit gribouillé que des dessins aux fusains.

-« Je rêve ! Qu’est ce que ceci ! »
-« Je ne veux pas trop me mouiller, mais on dirait un carnet à dessins. »
-« … »
-« Je dirais même qu’elle a du talent, elle devrait exposer ces dessins sur RDOL ! »

L’élémentariste tourna fiévreuse les multiples pages d’Eden, sur lesquels plusieurs tableaux se succédaient sans lien apparent.
Ici un ange enfermé dans un cachot sans fenêtre, une jeune femme enfourché sur lui dans une drôle de position.

-« Adiel, non ? »

Elle porta une main contre sa poitrine, elle sentie la petite clé qui ouvrait le cachot de l’ange illusionniste.

-« Elle semble au courant de vos passions sadomasochistes ! »
-« Silence, et là qu’est ce donc ? »

Un dragon-serpent crachant de l’eau au travers de sa gueule comme une fontaine au dessus de lui, la tête de monstre fantasmatique étant particulièrement ratée.

-« Héhé… »
-« Je retire instamment ce que j’ai put dire avant, aucun talent ! »

Enfin, un dernier dessin attira l’attention de Gabrielle, il s’agissait une petite fille tenant dans sa main un orbe magnifique aux reflets bleutés.

-« Mais… ? »

L’enfant ressemblait à si méprendre à la jeune archange à son âge…