Atelier de forgeron

Jack arriva enfin à l'étage, après l'ascension des escaliers de la maison, qui étaient raides comme dans un moulin, mais bon passons. En arrivant donc au premier, il se dirigea vers la première porte qui se présentait à lui (bonjour, je suis une porte, vous êtes ? ) quand il entendit une seule phrase :

« - Bonjour mon chéri ! »

Il ne pensa rien, bien que cela vienne d'une personne adulte, puisque nous sommes dans un pays civilisé, en démocratie, bref chacun ses mœurs, ses opinions, sa religion, ses idées... bref chacun son truc ! Toujours est-il que c'est un peu en hésitant que le cambion métamorphosé en elfe brun aux yeux bleus (toujours bon à rappeler) frappa, d'un air décidé, à la porte, en espérant obtenir une réponse, si possible d'un forgeron (je rappelle pour ceux qui suivent pas que c'est le but de la manœuvre).

*Pourvu qu'il soit là, pourvu que ce soit une personne un peu intelligente, pourvu qu'il soit doué...*

[HRP]Continuez la pensée jusqu'à ce que Feyzin ouvre la porte ^^[/HRP]

Et la marmotte...

- Euh... oui... si tu veux...

Sans aucun doute heureusement, ces mots furent dans un premier temps les seuls à sortir de sa bouche... Car sa première réaction fut : écarquiller les yeux, arrondir la bouche... Ou comment avoir l'air hébété en deux mouvements. De toute façon, Feyzin n'avait pas à le cacher, ou à en avoir honte... Pour ainsi dire, il l'était, hébété... Et encore, c'était peu de le dire... Ce qui se voyait moins, était que le jeune homme réfléchissait à toute vitesse... Non pas pour chercher une solution au problème, ça il avait déjà trouvé, mais pour tenter d'expliquer de façon logique et rationnelle ce que Färvien venait de lui sortir... Peine perdue d'avance, mais il essayait quand même...
Tout d'abord, la fièvre. Hypothèse simple. Un peu trop peut-être... et pas la plus marrante... Ensuite, les champignons... Färvien les avait mentionné à son réveil... Si c'était ça, Feyzin n'était pas responsable de ce qu'il avait ingurgité avant de venir le voir... Mais même s'il n'avait aucune connaissance en botanique, il ne lui semblait pas que les effets d'une quelconque plante puisse se faire ressentir aussi tard... Et puis, il ne faisait pas de culture sous le lit, alors... il fut tenter de vérifier, juste par acquis de conscience, mais la troisième solution s'imposait déjà à son esprit : le prince était tel qu'il était, et on le changerait pas... Finalement, le plus plausible... Et cela recoupait les réflexions faites juste avant son réveil...
Evidemment, ces pensées défilèrent à toute allure dans sa cervelle, et ce ne fut que très peu de temps après que le forgeron délaissa son air niais pour tenter quelque chose... Que se passerait-il s'il entrait dans son jeu ? Il était prêt à toutes les éventualités, au point où il en était... mais cela en valait peut-être le coup... Ce fut avec un léger haussement de sourcils et un sourire en coin que le jeune homme se lança.

- Tu veux que je t'embrasse ?

Il faillit éclater de rire en imaginant la scène, mais se retint. Il espérait, quelque part, que cela déclencherait quelque chose - n'importe quoi - dans l'esprit du prince, pour le faire revenir à la réalité... Euh... En fait, non, pas n'importe quoi ! Imaginer la scène était devenue soudainement bien trop facile... Finalement, Feyzin ne donna pas l'occasion à Färvien de répondre. Profitant d'une quatrième hypothèse qui venait à lui, il se leva. Réflexe qui allait devenir une habitude à force de côtoyer le prince, le jeune homme passa sa main dans ses cheveux. Deux roupillons sans pouvoir se donner un coup de peigne, voilà qui ne les arrangeait pas... Mais... à quoi pouvait-il bien ressembler pour que son client l'interpèle de cette façon ? Bah... De toute façon, il était décérébré...
N'y pensant plus, il alla chercher son peigne. Mais en passant à côté du jeune malade, il eut soudain envie de lui redonner un coup sur la tête. Après tout, s'il n'avait rien dans la caboche, cela ne changerait pas grand chose... Mais en même temps, il était son hôte, il se devait d'en prendre soin... D'un autre côté, cela lui rendrait eut-être un peu de lucidité... Ou le détraquerait encore plus... Définitivement non, sa conscience l'empêcher de frapper délibérément son client... Même pas drôle...
Haussant les épaules avec quelque regret, Feyzin commença à démêler les noeuds qui semblaient s'être donnés rendez-vous... Il avait les cheveux raides, pourtant, il s'emmêlaient facilement... D'après son père, il tenait de sa mère... Il aurait préféré hériter d'autre chose... Les yeux encore vagues du convalescent le regardaient alors qu'il usait de patience. Il rit un peu, s'adressant à ce dernier dans une plaisanterie.

- Tu peux m'appeler ainsi, si tu veux... Du moment que cela reste entre nous...

Il rit pour de bon... pour s'arrêter aussitôt. Gaffe. Le second degré n'était pas le fort du prince, qui savait comment il interprèterait sa phrase... Il risquait fort de supporter ce surnom au même titre que son "petit prince"... C'est avec un visage décomposé qu'il reposa son peigne. Il était bien... et ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même... Färvien déteignait, sacré comble...
Heureusement, le forgeron n'eut pas trop le temps de se morfondre dans ces pensées sombres et pleines de petits lapins, car on frappa à la porte. C'est même avec un certain soulagement que Feyzin la déverrouilla, une nouvelle fois. C'était sans doute les deux abrutis qui revenaient s'excuser et demander correctement ce qu'il attendaient de lui... Mais non. Lorsque le jeune homme ouvrit la porte, il se retrouva face à un elfe des plus communs... qui lui se retrouvait devant un demi-elfe, noir. Souriant gentiment de la surprise qu'il provoquait une nouvelle fois, Feyzin salua son visiteur, oubliant avec gratitude celui qui délirait dans sa chambre à coucher...

- Bonjour. Que puis-je pour vous ?

Le tavernier était toujours perdu dans ses pensées un peu pessimistes, lorsque le bruit d'une clé tournée dans sa serrure le ramena sur terre. Il reconnut alors, lorsque la porte s'ouvrit, un client occasionnel qui était passé à la taverne la veille ou l'avant-veille. Le cambion remarqua l'étonnement du jeune homme, et se rappela rapidement qu'un demi-elfe noir n'est pas courant, et qu'il sont surtout peu appréciés des elfes "normaux". cependant, il s'en fichait éperdument, ce qui risquait peut-être de troubler le forgeron. Toujours est-il qu'il avait posé une question, et qu'il fallait répondre :
- Bonjour. Que puis-je pour vous ?
"Bonjour messire. Je souhaitais savoir si vous étiez le forgeron qui travaille ici, et, si oui, vous faire la commande de quelques objets que vous pourriez créer. A moins que vous soyez déjà occupé bien sûr ^^ ajouta-t-il rapidement."

La première voix que Jack avait entendue n'était pas celle du forgeron, il se dit donc qu'une deuxième personne devait se trouver dans l'appartement, ce qui expliquait l'ajout qu'il avait fait à sa phrase.

- A moins que vous ne soyez déjà occupé, bien sûr...

A ces mots, le jeune homme passa pensivement la main derrière son cou, il paraissait un peu gêné. Il jeta un oeil derrière la porte, Färvien n'avait pas bougé... Il se doutait que l'elfe devait avoir entendu leur conversation, ou tout au moins une partie, cela expliquerait la fin de sa phrase... Arrachant son regard de la pièce d'où était venue la voix perçue par son visiteur, Feyzin revint à lui.

- Je ne suis pas à proprement parler... occupé... J'ai une autre commande en cours, mais il y a eu... on va dire... un contretemps...

Il n'avait pas à s'inquiéter pour le prince. Tant qu'il restait dans la chambre, il ne pouvait pas y avoir de problème... Et il ne voyait pas comment il pourrait en sortir... au moins sans qu'il ne soit au courant... Et s'il continuait à délirer, ou si l'elfe s'interrogeait trop, il suffirait de lui expliquer... le forgeron n'aimait pas les ambiguïtés...

- Pardonnez-moi... Je suis distrait... Je suis bien celui que vous cherchez... Entrez, je vous prie...

A réfléchir ainsi dans le vent, le jeune homme en avait oublié les bonnes manières... Il s'écarta de la porte pour permettre à son nouveau client d'entrer, fermant au passage la porte attenante. Färvien n'avait pas besoin de spectateur, et un peu de repos était la seule chose que le forgeron pouvait lui offrir sur le moment. Fermant la porte derrière l'elfe, il le précéda pour lui avancer une chaise. Il s'assit à la table en face de lui, l'autre l'imita. Il ramena pensivement les croquis de l'épée de Färvien de son côté, puis regarda son interlocuteur en face.

- La notion de confort est rudimentaire chez moi, mais j'espère que vous êtes quand même bien installé. Je vous écoute.

La patience du forgeron avait ses limites. Heureusement pour l'elfe, elles n'étaient pas encore atteintes, même si l'incident du latin avait failli lui faire perdre son sang froid. Il avait chassé les deux guerriers comme ils le méritaient, cela était un bon exultoire pour la suite, il s'en rendait compte à présent. Puisqu'il était là pour ça, Feyzin attendit la fin du discours de son client. C'était certain, il était allé droit au but... Le jeune homme retint un soupir. Il n'avait pas à se plaindre, il avait connu bien pire... Au moins, quand l'elfe termina son propos, l'artisan savait ce qu'il désirait.
Inconsciemment, habitude prise par l'expérience, il commençait déjà à imaginer les plans, et l'apparence que son travail prendrait sur le corps de son client. Quelques points restaient obscurs, il devrait prendre des mesures, obtenir des renseignements supplémentaires... Il prit le temps d'y réfléchir suffisamment, mais n'attendit pas que son interlocuteur s'interroge trop longtemps sur son silence...

- Il faudra que vous me précisiez quel type de cotte vous souhaitez... Si vous avez des préférences pour un métal particulier... Vous qui combattez régulièrement, vous allez sans doute comprendre le pourquoi de ma demande : il faudra que vous me racontiez une de vos expériences sur le champ de bataille...

Même si cela pouvait faire beaucoup d'un coup, il s'agissait des questions d'usage que le forgeron posait pour chaque nouvelle commande. Il ne faisait rien sans avoir une idée précise de ce vers quoi il se dirigeait... Le petit prince était l'exception qui confirmait la règle, mais il était lui-même particulier... Et même s'il y aurait droit le moment venu, il avait eu l'impression que Färvien était assez proche de lui sur certains points pour savoir exactement où aller pour lui... C'était peut-être pour cela qu'il avait une certaine influence sur lui... Et voilà qu'il recommençait... Retour au sujet...

- Vous pouvez prendre votre temps, mais ce sont des choses que j'ai besoin de savoir...

Les doigts croisés devant lui, souriant tranquillement, Feyzin avait l'air d'un vrai professionnel. Il aplatit les mains sur la table puis se leva. Les yeux perçants avaient commencé leur oeuvre d'observation, analysant les traits et les muscles de l'elfe.

- Puisque vous me demander une cotte de maille, il va me falloir tout d'abord vos mesures pour l'ajuster. S'il vous plaît, levez-vous.

L'artisan s'approcha de l'étagère sans quitter l'elfe des yeux, continuant de le jauger. Il savait que cela devait être assez désagréable d'être dévisagé de cette manière, mais s'il voulait rester sur sa commande, il faudrait bien qu'il s'y soumette... Tandis que Feyzin prenait le mètre, l'elfe s'exécutait, docile. Le jeune homme s'approcha de lui, et déplia le ruban en travers de son dos.

- Vous pouvez parler pendant que je vous regarde. Cela gagnera toujours du temps...

Avant d'aller plus loin, les doigts du demi-elfe s'immobilisèrent sur le haut du dos de son chaland, au niveau des omoplates. Sa demande était étrange... D'après elle, il en aurait déduit une quelconque déformation, voire peut-être plus étrange... Or, il ne sentait rien à cet endroit... et pour cause : il n'y avait rien. Il fronça les sourcils, une nouvelle question venait sur ses lèvres.

- Pourquoi m'avez-vous demandé de faire des entailles au niveau des omoplates ?

Feyzin ne s'était pas fait prier pour reculer, mais il le fit un peu plus que de raison quand il vit la charnière des épaules se mettre en place pour laisser apparaître ce qui n'était rien d'autre... que des ailes... Le forgeron resta un instant interdit devant ce spectacle... Il n'avait besoin de rien plus pour comprendre... Son sang n'avait fait qu'un tour sur le coup, mais son coeur avait retrouvé son rythme normal... En même temps, il s'était bien douté qu'il y avait une explication à cette requête un peu spéciale... Il n'avait pas prévu qu'elle puisse être telle, mais à présent qu'il les avait sous les yeux...

- Si je m'attendais...

Le jeune homme revint vers son client, toujours ébahi, mais plus serein. Il avança la main vers ces nouveaux organes, mais ne les toucha pas. Il suivit leurs lignes jusqu'à leur base, les parcourant du regard dans l'autre sens. L'elfe était contraint de maintenir ses ailes à demi repliées dans l'atelier exigu... Feyzin le plaignait, mais il allait devoir le supporter un peu...Il fit de nouveau quelques pas en arrière. Ses yeux fixèrent ensuite les murs et le plafond... Lui qui se souciait de l'hospitalité qu'il offrait se rendait compte que la position dans laquelle son client se tenait risquait à la longue d'être douloureuse...

- Passez de l'autre côté de la table, vos ailes seront moins à l'étroit, vous vous sentirez mieux.

Une nouvelle fois, l'elfe suivit ses directives. Lui continuait de scruter ses ailes, mais comme un scientifique qui analyse, et non par pure curiosité. A présent, elles étaient étendues au dessus de la table... Feyzin se congratula d'avoir construit le four en profondeur, car leurs extrémités s'y trouvaient...

- C'est quand même extraordinaire...

Le demi-elfe avait suivi les mouvements de son hôte, et était à nouveau dans son dos. Il continuait son étude visuelle, mais devait également aller un peu plus loin... Les mains expertes tâtaient le contour des omoplates, les os et les muscles qui soutenaient ces membres si singuliers. Il prenait des notes dans un coin de son cerveau, au fur et à mesure, cela lui servirait pour la conception de la cotte... Il n'y avait rien de malsain dans cette attitude pas plus que dans ses gestes, et cela était important... Le jeune homme espérait que son visiteur le comprendrait, et qu'il ne se sentirait pas mal pour cela... Sans arrêter son auscultation, le forgeron pencha la tête par dessus l'épaule de l'elfe.

- Vous n'avez pas à être inquiet. Mes questions ne concernent que mon travail. Je me contente du nécessaire, le reste m'importe peu.

Même sans voir son visage, son interlocuteur pouvait sentir le jeune homme sourire derrière lui. Il arrêta un instant son examen pour faire face à l'elfe. Il avait gardé son sourire, espérant qu'il soit un peu contagieux : aucune question mal venue ne sortirait de sa bouche, et ce sujet délicat resterait entre eux s'il le désirait... Mais, en tant que spécialiste, il se devait ne pas s'attarder trop... Le mètre à nouveau en main, il retourna dans son dos.

- Il va vous falloir encore un peu de patience, j'ai encore plusieurs mesures à prendre ainsi...

Il s'agissait d'une première pour Feyzin. Bien entendu, il savait ce qu'il faisait, même si la problématique demandait un peu plus de réflexion que d'ordinaire... Toute son expérience accumulée l'aidait peu, il fallait qu'il improvise... qu'il prenne toute les mensurations et les observations qu'il jugeait essentielles pour mettre en place ses idées... Une fois au clair dans sa tête, il pourrait alors commencer le dessin...

- Puisque vous pouvez les faire entrer et sortir à volonté, vous serez bientôt mieux... Mais en attendant, vous devrez faire exactement ce que je vous dirais...

Zaigan n'eut pas le temps de réagir que déjà il s'était retrouvé dehors. Il tenta alors de récapituler les événements.

*Bon déjà mon vieux t'as fait une bourde, tu l'as traité comme un vulgaire apprenti. Mais bon comment tu pouvais le savoir?En même temps on dirait à peine un adulte...*

Zaigan regarda alors en l'air et vit la fenètre de l'atelier du forgeron qui donait sur la rue. Puis il se remit a penser pour lui même, ce qu'il faisait quand il était contrarié ou résoudre un problème.

*Tu lui as aussi ruiné son sommeil bien que l'on disse qu'il ne faut pas trop dormir, mais bon tu lui as aussi abimé sa table. Il a dit que c'était un de ses outils de travail, moi qui ai toujours cru que les forgerons n'utilisaient qu'une enclume et un marteau... *

Puis Zaigan ouvrit son manteau et sortit une bourse d'une des poches intérieures. Il la soupesa puis l'ouvrit et regarda attivement ses pièces.

*Bien j'aurai largement de quoi lui rembourser sa table et de faire aiguiser mes armes. Ou je pourrai directement partir chez un autre forgeron, cela me couterait moins cher au final.*

Il voulu prendre sa hache par automatisme pour reconstater son état et réalisa alors qu'il ne l'avait plus.

*Ahh abruti Zaigan, ce satané forgeron a gardé ta hache! D'une facon ou d'une autre tu devras la récupérer. Autant y retourner et lui présenter tes excuses, il comprendra surement.*

Zaigan tourna alors son regard vers Westian qui s'était fait chasser avec lui. Il passa alors ses bras derrière sa tête et lui dit:

"Et bien il ne nous reste plus qu'à y retourner je crois, en étant plus courtois cette fois. Tu peux partir si tu le souhaites ou si tu as d'autres affaires à t'occuper."

Visiblement cet elfe était de ceux qui aimaient à raconter leur vie... Feyzin n'avait nul besoin de tout cela. Les renseignements qu'il lui apportait étaient même plutôt ennuyeux, le jeune homme ne voulait rien en savoir. Sa curiosité sur les ailes de l'elfe pouvait être satisfaite, mais là, c'était trop... Il valait parfois mieux ignorer les secrets des autres, ils n'apportent souvent que des ennuis... Peu lui importait de savoir si son client était un démon majeur ou un simple paysan... Alors, même s'il avait l'air attentif, son esprit était parti un peu ailleurs, guettant juste si rien ne faisait réagir son subconscient, une information utile... Mais c'est sans avoir rien appris que le forgeron dû répondre à la question du cambion.

- Vous devez m'en dire plus, en effet... Mais je crois que je vais vous reposer la question...

Pour ne pas être mauvais public, Feyzin avait cessé son activité, laissant son client se concentrer sur ses dires. Son temps de parole terminé, il reprit le manège commencé plus tôt. Les doigts du forgeron se promenaient surtout autour de la base des ailes, l'elfe pouvait sentir le mètre s'étendre autour, entre elles... Tout cela n'avait qu'un but : comprendre et apprécier la morphologie spécifique.

- Même si cela est devenu occasionnel, je dois connaître votre façon de combattre. Ceci pour modeler l'épée à votre image, essentiellement, mais également pour adapter la protection que je dois fabriquer... Etant donné que nous avons commencé par là... Où êtes vous le plus fréquemment touché, ou blessé ?

Avait-il été trop vague, la première fois ? Il fallait croire que oui, mais la signification de cette question lui semblait tellement évidente qu'il n'avait pas réalisé qu'elle pouvait être confuse ou abstraite pour d'autres... Ainsi, préciser exactement ce dont il avait besoin permettrait sans doute d'arriver à ses fins... et de répondre aux attentes de son client... Il y penserait, la fois prochaine...
L'elfe n'avait pas bougé depuis qu'il lui avait fait changer d'emplacement. Feyzin avait prit les mesures des ailes dans cette posture. Il lui demanda de les tendre derrière lui autant qu'il pouvait. Au regard de la place dont il disposait, cette manœuvre se révéla difficile. L'elfe dût avancer, la pointe des ailes se trouvait au fond du four... Le forgeron se dépêcha de prendre toutes les données, qualitatives et quantitatives, notées soigneusement dans sa mémoire. Puis il lui indiqua de les replier, là encore autant qu'il pouvait. Ce ne fut pas non plus chose aisée, puisqu'il ne pouvait pas se baisser, et le plafond avait une hauteur limitée... Feyzin prit les mesures malgré l'imperfection de la position. Avec tout ce qu'il avait récolté, il devrait bien être capable d'effectuer un ou deux calculs pour déterminé les paramètres manquants...
Revenant au devant de son client, le forgeron enroula grossièrement le ruban autour de sa main. Il avait apparemment achevé cette partie de son travail, qui avait était malgré toute l'attention du jeune artisan vraiment longue et éprouvante pour celui qui y avait été soumis... Le visage las mais rayonnant du jeune homme le confirmait, lui aussi voulait faire une petite pose.

- Vous pouvez ranger vos ailes, Messire.

Cette phrase arracha un sourire à l'elfe. Dit ainsi, ces membres ne semblaient pas le moins du monde être une aberration. Et elles ne l'étaient pas. Pas pour lui. L'artisan avait songé un instant demander si son client désirait une protection pour elles, mais cela était une absurdité... S'il pouvait les faire disparaître, quel intérêt ? Il s'agissait là de la meilleure des protections. S'il lui en fournissait une artificielle, elle serait alors complètement inutile, il la perdrait sur le champ de bataille à la première occasion... Ce n'était pas une bonne idée...
Finalement, lorsque les deux hommes furent moins à l'étroit dans la petite pièce, Feyzin s'assit devant la table, incitant l'autre à l'imiter. Il posa le mètre à côté de lui et posa son menton sur ses poings, prêt à se lever à nouveau.

- Souhaitez-vous quelque chose à boire ?

- Pas de problème.

De bonne humeur, le forgeron se leva. Il prit deux verres à l'intérieur de la bibliothèque massive. Une petite porte coulissante y cachait la vaisselle, mais l'étagère servait à ranger tout une ribambelle d'autre choses, le visiteur put bien s'en apercevoir seul... Feyzin partit dans la pièce adjacente. L'elfe s'en étonna un peu, car il avait vu un robinet à côté du four. Mais sans doute n'était-il pas de cette utilité-là... Le jeune homme revint avec les verres remplis d'eau claire. Une fois posés, il alla refermer la porte. Il s'était déplacé à pas de loup, comme pour ne pas réveiller quelqu'un... S'asseyant à nouveau, il poussa un verre en direction de son invité.

- Votre visage m'est familier, pourtant, je ne réussis pas à savoir où j'ai déjà pu vous rencontrer... Je ne vous ai jamais vu, si ?

Le jeune homme semblait perplexe. Pour que son hôte ne se sente pas trop dévisagé, il pencha les yeux sur son verre et le porta à sa bouche, commençant à avaler l'eau à petite gorgées. Il s'arrêta bientôt, pour sourire joyeusement.

- Oserais-je au moins vous demander votre nom ?


HRP/ J'ai pris mon temps pour faire ce post, même s'il est court (je ne suis pas d'humeur), mais c'est peut-être le dernier que j'aurais l'occasion de faire jusqu'à ce que j'ai trouvé un boulot... (Vous êtes prévenus, désolée...)

Les précautions prises par le forgeron étonnèrent le cambion, mais après tout, il avait peut-être quelqu'un chez lui... Chacun son truc... Cependant, la question sur son identité allait peut-être troubler le semi-elfe...

"- Je vous en prie, cela ne me dérange pas. Mon nom est Jack Arclith, aussi connu comme le tavernier errant... Cependant, avant que vous ne répondiez, puis-je également oser vous demander votre identité ?"

Et voilà... Le pavé dans la mare était lancé, il ne restait plus qu'à attendre la réponse assez naturelle du forgeron...

[HRP]Je sais, c'est court, mais j'avais pas vraiment d'inspiration sur ce message... Et puis... que dire d'autre ^^ ?[/HRP]

- Bien entendu !

La question n'était pas surprenante... Elle était même légitime, après tout... chacun son tour... Le jeune homme reposa son verre, laissant ses mains l'entourer. Il regardait toujours son interlocuteur d'un air tranquille. Les yeux clairs étaient perçants, et semblaient toujours aux aguets. Mais le tavernier n'avait aucune arrière pensée, et le demi-elfe le savait pertinemment.

- Puisque vous êtes venu me voir, vous savez au moins que je suis forgeron... Mais si vous me demandez mon nom, c'est que vos renseignements n'étaient pas complets... Je suis Feyzin, fils de Lloyd et Ymeria... Cela ne doit pas vous être très utile...

Le jeune artisan rit de sa prope simplicité, mais les noms qu'il avait cité apportaient déjà des informations assez précises : il était fils d'un humain et d'une Elfe, ce qui n'était pas forcément si banal... Son regard revint sur l'Elfe, toujours enjoué.

- Je ne sais pas d'où me vient cette tare, mais je suis né avec, alors, je n'ai même pas eu à l'accepter...

Sans le dire explicitement, il était évident que le forgeron parlait de sa couleur de peau singulière. Il avait utilisé un terme évoquant un défaut, alors qu'il s'agissait de sa nature, mais il avait compris depuis longtemps que c'était ainsi que le percevaient la plupart des gens qu'il rencontrait... Il avait grandit avec cette perception, et s'était adapté dès le début... Jack pouvait percevoir les non-dits : pour cette raison, sans doute, les différences rencontrées chez les autres lui importaient peu, les connaître ne changeait rien à ses impressions... Et son client faisait partie de ces personnes...
Feyzin porta à nouveau le verre à ses lèvres, buvant doucement. Rien à dire, cela faisait du bien... L'eau était encore la meilleure boisson... même si le thé était plus désaltérant... Il releva les yeux, réalisant soudain pourquoi le visage de son visiteur lui était connu... Il avait assimilé ce qu'il lui avait dit, et avait fait le lien. Il savait - ou tout du moins croyait savoir - où il l'avait vu la première fois... même si cela était relativement étrange...

- Vous êtes tavernier... Peut-être que je me trompe, mais... la Taverne du Pommier... ce nom vous dit quelque chose ?

Le tavernier aux pommes était un cambion, en effet... Maintenant que l'on le lui faisait remarquer, Feyzin le notifia. Et l'Elfe qu'il avait devant lui lui ressemblait... Il venait de dire qu'il était le tenancier de cette taverne... Le forgeron avait eu un doute... Il aurait très bien pu l'apercevoir dans cette taverne... pas forcément derrière le comptoir... Sa vue avait pu le trahir, après tout, tout ce qu'avait fait le tavernier était de lui avoir servi un saké et un thé... pas de quoi marquer un esprit... Mais à présent, son client confirmait ses dires... Cela ne pouvait signifier qu'une chose...

- Vous êtes métamorphe ?

Les doigts qui serraient le verre s'en détachèrent pour se lever paisiblement. Le jeune homme n'attendait pas vraiment de réponse, car la phrase même de Jack le lui avait fourni... Mais revenant à son souci principal, autre chose lui trottait en tête... Il n'en avait pas encore terminé...

- Si c'est bien le cas... La cotte devra supporter vos deux formes ?

Toujours très pragmatique, ce forgeron... Au final, il se moquait bien de voir l'Elfe devenir cambion sous ses yeux. par ailleurs, il le connaissait déjà sous cette apparence... Il savait tout comme pour les ailes que son client s'inquiétait de ce fait... Cela deviendrait nécessaire s'il répondait à son interrogation par l'affirmative, mais autrement, il n'avait nul besoin de lui en faire démonstration...

*Beuuuuuaaaaahhhh … ma tête … qu’ai-je bien pût faire pour me mettre dans cet état ? Je … glorb … glurb …*

*Passons les détails*

« - BEUAAARRRRR … »

*Passons encore plus loin*

« BEAUUUUURRRR … »

Bon, pour passer un petit peu de temps, puisque c’est une véritable fontaine qui s’est installée dans l’estomac du prince, revenons rapidement en arrière, faisons un « flash-back » comme on dit, ça sonne bien non ? Mais comme nous sommes francophones et académique, utilisons le mot français, enfin, l’expres​sion(l’adage) un magnifique, fabuleux, extravagant, rocambolesque, imagé, grenouille : RETOUR EN ARRIERE ! On l’applaudit bien fort mesdames et messieurs, il le mérite, il le mérite. Donc, vous vous souvenez de la réplique marquante de Färvien (trouvée au débauché, juste avant le film …) le fameux « - Bonjour mon chéri ! » (Il vous a marqué hein, bande de fans de Yaoi obnubilés par le sexe, le vice, la débauche, le stucre et le luxe et Marguerite Gautier (pour les intéressés, je suis en train de lire Cinémastock …) (je m’étais promis, moins de parenthèses …)) … où j’en suis … même pour moi, c’est difficile a suivre ( je suis le narrateur hein, pas le mec qui écrit, quel crétin c’ui là *SPROTCH !* Aïe … bon, okay, j’dis plus rien … dictateur de mes fe*SPROTCH* Re-aïe …)

Après avoir dit ce qui allait marquer sa vie, du moins, cette minute de sa vie, hum … ça va peut être déborder sur la matinée aussi … enfin bon … ne chipotons pas, c’est marquant ce genre de chose, même bourré, ou simili bourré, ou quoi que ce soit, puisque c’est assez difficile de mettre son état sur le compte de champignons hallucinogènes ingurgités durant son sommeil … Baaah … revenons au prince, vraiment cette fois ci.

Le forgeron ayant quitté la pièce, Färvien se retrouva tout seul, hébété, complètement à l’ouest ainsi qu’à la ramasse à la petite cuillère (…). Il divagua pendant plusieurs minutes, ayant l’impression que des puces voraces étaient en train de lui mordre la peau des fesses, ce qui est douloureux en soi, non ? non … non. Mais, ce n’est qu’une impression, il n’a pas vérifié, et même s’il l’avait fait, pas sûr que ça l’aurait vraiment marqué, enfin … vous l’aurez compris, pas la peine de faire trois paragraphes la dessus, le prince est détraqué du mental de la tête à ce moment… mais ce qu’on ne vous a pas dit, c’est que le prince, il est allergique a certains champi-pi ! Et pas de bol ! Celui qu’il a mangé fait parti de cette catégorie (non, non ! Ce n’est pas tiré par les cheveux …). C’est un effet psychosomatique, comme dirait l’autre.

Revenons au présent. C'est-à-dire, le prince, qui vomit, mais en silence, en effet, des bruits de conversation provenaient de la pièce voisine, où était-ce de l’appartement voisin ? Dans tout les cas, il essaya de faire le moins de bruits possible, pour ne pas déranger qui que ce soit …

*Beuaaa … j’ai sali tout les draps, me voilà bien maintenant… il faut que j’aille voir le forgeron pour m’excuser, et rentrer chez moi aussi …*

Il essaya de se lever, mais tomba sourdement sur le sol, emportant les draps avec lui. Il se dépêtra des draps souillés, et voulu se mettre debout, pas facile, ses jambes refusaient de le porter, et sa tête était lourde, mais même malgré ces maux, c’était la chaleur qu’il faisait qui était insoutenable, de grosses gouttes de sueurs brouillaient la vue du prince, il essaya de sortir de la pièce, mais se prit un mur (comme de par hasard vous dites vous, et vous avez raisons, c’est un vrai hasard …). Il réussit a ouvrir la porte et vit deux silhouettes devant lui, il avait le forgeron en ligne de mire , Färvien se dirigea vers lui, mas les draps restés a ces pieds lui firent tomber lamentablement au pieds du forgeron, ce brusque sursaut lui fit tout remonter

*Noon … pas … maint …*

Et là ! C’est le drame … mais, on va encore passer les détails, parce que … beurk quand même …

Il se retourna, la tête vers le haut et balbutia :

« - Je … je suis désolé … »

Il mis la tête sur le plancher, et revomit sur les chaussures du forgeron déjà bien entamée …

[HRP] C’est pas terrible, je l’admet, mais je fais avancer le schmilblick … [/HRP]

Aussi crucial qu'elle ait pu être, le tavernier n'ait eu le temps de répondre à la nouvelle question du forgeron, car un bruit de chute l'en empêcha. La tête des deux hommes s'était immédiatement tournée en direction de la porte de la chambre. Feyzin avait réalisé bien vite ce que cela signifiait, mais il n'eut pas le temps de faire autre chose que de se lever, le prince était déjà dans l'encadrement de la porte.

- Färvien !

Il allait se précipiter sur lui, mais trop tard. Le jeune homme était déjà tombé à ses pieds... déversant le contenu de son estomac sur ses bottes. L'artisan ne put s'empêcher d'afficher une moue plus que dégoûtée, fixant ses bottes autrefois noires... Il les avait légèrement soulevées, pou les décoller du sol, tout aussi sali. Alors qu'il grimaçait à nouveau, ses yeux se plissèrent à la vue de l'état réel de ses chaussures.

- Charmant...
- Je... je suis désolé...

Son regard glissa sur le fautif. Il pouvait l'être... Mais le prince était vraiment malade, et il ne pouvait pas mentir... alors il ne doutait pas qu'il le soit... Pas le moins du monde attendri par l'attitude du prince, il ne réussissait pas non plus à lui en vouloir, alors même qu'il laissait couler une nouvelle vague de bile sur ses bottes déjà mal en point... Il baissa de nouveau le regard, mi-désespéré mi-écœuré...

- Ce ne sont que des bottes, après tout...

Le regard de Feyzin balaya rapidement Färvien et ce qui l'entourait, évaluant l'étendue des dégâts. Son second hôte était pour l'instant oublié, mais il pouvait le comprendre aisément... Le forgeron soupira.

- S'il n'y avait qu'elles...

S'efforçant de laisser ses bottes à la même place, le jeune homme entreprit de les enlever sans étendre la souillure, ni sur lui, ni sur ses vêtements. Il avait eu de la chance que le prince ne dégorge pas plus haut, il aurait été bon pour une lessive complète... Il se retrouva donc pieds nus sur le dallage, en dehors de la zone à risque... dans laquelle son premier client baignait allègrement... Avant même le nettoyage de tout ce qu'il avait fait, il était la priorité...

- Tu m'en causes bien, des soucis, petit prince...

Se souvenant soudainement de l'Elfe qui avait assisté bien malgré lui à toute la scène, il se vit contraint de le mettre à contribution sans rien lui expliquer... Cela viendrait plus tard... Quelque peu honteux de lui attribuer une tâche aussi ingrate, il désigna tout d'abord silencieusement le jeune homme affaibli au point de ne plus être capable de se mettre debout seul, avant de se décider à parler.

- Il y a une baignoire à côté... Prince ou pas, il va bien falloir...

Feyzin laissa sa phrase en suspens. La suite était évidente... Färvien était couché dans son propre vomi, respirant même difficilement. Ses vêtements en étaient couverts, son visage et ses cheveux également... Ils n'avaient pas le choix...
Le jeune homme voulait d'abord tenter de voir si son invité pouvait se tenir debout simplement avec son aide... Il enleva donc sa chemise, révélant un torse gracile mais musclé, aussi noir que le reste. Il souleva Färvien par dessous son épaule, avec l'intention de le placer sur ses pieds, mais le prince se laissa retomber mollement. Le soutenant pour qu'il ne risque pas de tomber à nouveau, Feyzin fit un signe au cambion.

- Je crois que j'ai besoin de vous...

Le tavernier avait comprit le message : il ne pourrait pas le transporter seul de cette manière...

HRP
Post un peu en retard, mais j’attendais le week-end pour être sûr que Zaigan et moi pourrions répondre assez rapidement HRP

Westian sortie de l’atelier aux cotés de Zaigan. Jamais il n’avait vu quelqu’un aussi soupe au lait en se réveillant. Il avait un instant cru qu’ils allaient se battre. Enfin, Westian ne se comptait pas dans le lot. Il était d’ailleurs déçus de s’être fait jeter dehors alors que lui-même n’avais rien fait.
Bien qu’en réalité, il n’ait toujours pas décidé ce qu’il pouvait bien avoir besoin. La solitude pouvait vous poussez à faire de bien curieuses choses.

Ils étaient désormais au milieu de la foule, sans savoir encore trop comment réagir, ne faisant pas attention à la personne qui tentait sa chance en entrant dans la forge. Fallait-il revenir plus tard ? Tout de suite ? Le guerrier à la peau noir n’avait pas vraiment d’avis sur la question. Il pouvait même ne plus revenir, c’était du pareil au même. Mais son compagnon n’était peu être pas du même avis. D’ailleurs, Westian remarqua qu’il n’avait plus sa hache. Il se rappela que le forgeron l’avait enlevé du bois et qu’il les avait même menacés avec.

-J’ai l’impression que ce forgeron à gardé ta hache. Peut être qu’il vaudrait mieux y retourner ?

La question était volontairement ouverte afin que westian ne donne pas l’impression de faire une proposition. Il n’était pas partisan des partis pris. Pour lui, il fallait entendre ce que chaque camp avait à dire, puis choisir l’un des camps, voir aucun. Et ce, jamais, au grand jamais pour une trop longue durée. Il n’aimait pas l’idée de faire partie intégrant d’un groupe aux idées trop arrêtés. C’est pourquoi il préférait attendre l’avis de Zaigan et voir si sa solution lui convenait. Tout en gardant à l’esprit son objectif, apprendre tout ce que Zaigan serait à même de lui enseigner sur le job ô combien aventureux de mercenaire.

- Oui...

Avec Jack de l'autre côté, Feyzin se sentait libéré d'un poids... C'est qu'il n'était pas trop lourd en lui-même, le petit prince, enfin... il l'était pour le demi-elfe tout seul, c'était certain, mais d'après lui, surtout, il ne lui manquait plus que la chaîne... Le mot qui était venu à l'esprit de l'artisan était "boulet".
Färvien était conscient, mais très faible... Et la nausée lui donnait un drôle de visage... Il préférait ne pas parler pour le moment, grand bien lui en fasse... Son estomac se contractait encore violemment, il ne valait mieux pas prendre le moindre risque superflu... Le forgeron craignait qu'il ne déborde encore, et en était presque réduit à prier pour qu'il tienne encore un peu...

Grâce au tavernier, transporter le jeune homme fut moins laborieux qu'il ne l'avait envisagé, et ils franchirent bientôt la porte qui conduisait à la chambre. Ils débouchèrent sur une pièce bien plus lumineuse que celle d'où ils venaient, au sol et au murs cependant tout aussi dépourvus de fantaisie. Les deux hommes durent contourner le lit, faire attention à l'armoire avant d'atteindre la baignoire précédemment évoquée par le forgeron.
Feyzin avait tout d'abord pensé devoir déshabiller le jeune homme pour le laver, ce qui se serait révélé particulièrement embarrassant, mais, calculant l'état réel des vêtements de celui-ci, fait signe à l'elfe-cambion pour qu'ils posent leur fardeau directement dans la baignoire... Ils le déposèrent aussi doucement que possible, l'installant tant bien que mal... Allongé dans la baignoire, Färvien remua mollement, s'installant par lui-même un peu plus confortablement. Le forgeron alla à ses pieds poser une bonde sur le trou d'évacuation de la baignoire, avant de revenir à la tête de son hôte.

Le demi-elfe, qui avait parut tout d'abord gêné par l'état dans lequel se trouvait son hôte d'autant plus qu'il s'était vu obligé de demander de l'aide à son second client, regardait à présent le jeune homme malade sans malice. Son bras levé tira assez soudain sur une tige que l'Elfe n'avait pas remarqué auparavant. Feyzin en regarda l'extrémité, comme s'il était étonné que rien ne se produise.
Sa main tenait une poignée, qui était la continuité d'une tige métallique, reliée en hauteur à une barre plus épaisse, qui semblait servir de levier à... quelque chose. Une cuve, du moins, cela donnait l'impression que c'en était une, de petit format, était accrochée au mur, juste en dessous du levier... Elle cachait un mécanisme, c'était évident, et le tuyau qui en sortait vers le bas, passant derrière la baignoire, donnait un indice au tavernier de son utilité... Un autre, coudé, n'avait pas de but, il était juste là, pendant au dessus de la baignoire.

- C'est un système que j'ai installé... Grâce à ça, il est facile d'avoir de l'eau directement chez soi... Vous ne vous êtes pas demandé pourquoi mon appartement est en hauteur ? J'ai découvert qu'il y avait des réservoirs en dessous... C'est ce qui m'a donné cette idée... Quand je veux me détendre, j'allume le feu, cela réchauffe l'eau, qui vient ensuite ici...

Feyzin avait sentit le regard interrogatif de son visiteur, et n'avait pas attendu la question pour lui expliquer. Il serait ravi de détailler plus avant sa pseudo-invention... quand le maladroit serait mieux...En parlant de ce dernier, il jeta un oeil un peu désespéré en direction de Färvien, toujours entre deux mondes... Il haussa les épaules, et sourit.

- Mais pour lui... Ca ne sera pas la peine... De toute façon, il ne serait pas raisonnable d'attendre que l'eau chauffe... A part que le dispositif m'a l'air un peu enraillé...

Le forgeron actionna de nouveau la poignée. Comme pour confirmer les dires de l'artisan, rien. Une nouvelle fois. Un léger bruit se fit entendre. Il nota pour lui-même.

- Il faudra que je vérifie les canalisations...

Il répéta l'opération plusieurs fois, le bruit s'intensifiait un peu plus. Le cambion put évaluer son origine, il semblait venir effectivement de sous leurs pieds... Feyzin dût encore tirer sur la poignée pour que le bruit ne se rapproche, jusqu'à parvenir jusqu'à eux. Cette fois, Jack en était sûr : c'était bien de l'eau... Une dernière impulsion du jeune homme, et... un peu du contenu du réservoir se déversa tout juste... sur la tête du petit prince...

-J’ai l’impression que ce forgeron à gardé ta hache. Peut être qu’il vaudrait mieux y retourner ?

Zaigan regarda Westian avec curiosité. Pour lui il était évident qu'il n'allait pas se laisser se faire voler sa hache comme ca sans rien dire.

"Bien sur que l'on va y retourner, en étant plus délicat par contre cette fois ci. Et pusi je dois faire réparer autres choses en même temps."

Zaigan referma alors son manteau et se dirigea vers l'atelier de forgeron. Il monta l'escalier quatre à quatre. Il se retourna alors pour voir si Westian l'avait suivi puis il frappa à la porte de l'atelier du forgeron.

La... hum... douche froide avait fait son effet... Le jeune homme s'était redressé alors que l'eau coulait encore sur son corps et ses vêtements, mais Feyzin était vraiment rassuré... Färvien était peut-être humide - quel euphémisme ! - mais complètement dégrisé, et... rationnel...

- Pardonne... moi...

Le forgeron resta interdit, immobile devant le prince, apparemment sans raison. Il était tout prêt à lui pardonner, là n'était pas la question... Mais la fin de son discours... Ce dernier avait été parfaitement cohérent, la timidité et la niaiserie qui avait caractérisé Färvien, marquant les esprits de façon peu élogieuse, tout cela semblait avoir disparu... Si l'on exceptait la surprise du réveil, le jeune homme ne paraissait plus vraiment le même... Etait-il simplement redevenu lui-même ? Avait-il donc été malade depuis le début ? Ou avait-il surmonté sa réserve pour présenter de façon convenable des excuses à son hôte ? Tout cela donnait beaucoup à réfléchir... Mais Feyzin doutait que cette fois, le comportement du prince soit une façade... car ce qu'il avait retenu... ses deux derniers mots... Il n'y avait aucun doute, Färvien l'avait tutoyé... alors qu'il en avait été incapable auparavant...
Le demi-elfe ne le voyait soudainement plus du tout de la même façon... Le prince rêveur et distrait s'était métamorphosé en une personne responsable... du moins voulait-il le croire... Ce sobriquet qu'il lui avait attribué dès le début, "petit prince"... Il lui semblait si ridicule, et tellement peu adapté, à présent... Afin de l'aider à se relever et à sortir de la baignoire, Feyzin tendit la main au jeune homme. Il serait bien forcé de se déshabiller pour changer ses habits détrempés, mais au moins, ce ne serait pas le forgeron qui aurait à le faire comme pour un enfant endormi... Ce dernier souriait, bienveillant. Il semblait même heureux.

- Bon retour parmi nous, mon ami... Je dois avouer que tu m'as fichu une sacrée frousse...

Le prince saisit sa main avec reconnaissance. L'artisan n'avait pas eu besoin de le dire pour qu'il comprenne qu'il était pardonné avant même de l'avoir demandé... Debout sur ses jambes encore légèrement chancelantes, il était inévitable de remarquer que l'eau qui imbibait les vêtements du jeune homme dégoulinait sur le sol à en faire une flaque... Feyzin ne le quitta pas les yeux, évaluant une nouvelle fois sa carrure au travers des étoffes qui étaient plaquées contre sa peau, faisant ressortir ses muscles. N'oubliant pas qu'il était en terrain miné, le demi-elfe recula prudemment jusqu'à l'armoire, tout en réfléchissant à haute voix.

- Je crois qu'il va falloir que je revoie légèrement l'épaisseur de ton épée...

Il avait estimé la force du jeune homme par rapport à la sienne, ce qui avait été une erreur... Elle était minime, puisqu'il avait de toute façon rehaussé ses appréciations... Les changements à faire ne lui prendraient pas beaucoup de temps... ni d'énergie... Une chance qu'il le remarque maintenant, une fois la forge commencée, il aurait été trop tard... Cela expliquait également le fait qu'il n'avait pas pu le porter seul... Cette simple pensée le contraria. Il fit tout d'un coup face à l'armoire, tourner le dos aux autres était le plus simple moyen de ne pas montrer ses émotions. Calmement, comme il l'aurait fait en tant normal, il l'ouvrit, et choisit une chemise et un pantalon. Ayant repris le contrôle de lui-même, il revint vers ses invités et donna la tenue à Färvien. Il sourit avec un haussement d'épaules.

- Cela risque d'être trop petit, mais c'est tout ce que j'ai à t'offrir pour le moment...

Il espérait au moins que le prince n'était pas difficile, mais il pensait sincèrement que ce n'était pas le cas... Le jeune homme était simple, et, malgré son accoutrement, n'était pas du genre à prendre des grands airs... ni à être maniéré... De toute façon, pour cette fois-ci, pas de grande toilette de luxe, il n'avait pas trop le choix... Feyzin présumait quand même qu'il se sentirait quand même bien dans sa peau... même si les couleurs sombres qui lui allaient bien, à lui, étaient bien loin du blanc et bleu que le prince adorait...
Le forgeron, n'omettant plus le fait qu'il avait un second client, se tourna vers ce dernier. Il se gratta nerveusement derrière la tête. C'était un tic que le cambion avait déjà pu noter lorsqu'il lui avait ouvert la porte : Feyzin était fortement embarrassé, et il y avait de quoi...

- Je suis désolé du désagrément... Je vous remercie de votre aide, mais la suite de votre commande devra attendre encore, comme vous le savez, j'ai du nettoyage à faire...

Il n'expliqua pas la raison de la présence du jeune homme chez lui, ni de son malaise... Pour le premier, s'il était assez perspicace, l'Elfe devinerait bien assez tôt, pour le second, lui-même avait bien du mal à le comprendre... Il faudrait qu'il parle à Färvien entre quatre yeux, bientôt, s'il se souvenait de ce qui s'était produit, peut-être pourrait-il lui fournir un certain éclaircissement...
Le demi-elfe avait également pensé à enrôler le prince pour qu'il l'aide à réparer les dégâts, mais il se disait que ce dernier se faisait déjà assez de souci comme ça. Feyzin n'avait pas l'habitude de ses choses-là, il n'était pas un employé de maison, mais pour cette fois, cela faisait aussi partie de son travail...

Se retenant de soupirer, Feyzin se dirigea à nouveau vers l'armoire, à côté de laquelle était adossé un balai. Il le prit, et se pencha à l'intérieur du meuble pour attraper une serpillère... mais sursauta, se cognant par voie de conséquence la tête à l'étagère du dessus, manquant la renverser, et tout son contenu avec... pile sur l'endroit souillé... Il la retint de justesse, heureusement, et la remit en place. Il laissa le balai de côté, pour se masser le crâne, fermant douloureusement les yeux.

- Mais qui frappe, encore ?

Sa voix était plaintive, à la limite de la supplication. Il secouait la tête avec impuissance. Visiblement, tous ces évènements qui s'accumulaient en si peu de temps étaient un peu trop éprouvants pour ses nerfs...
Malgré tout, à contre coeur, le forgeron releva la tête et passa par l'entrée de la chambre, pour aller ouvrir la porte de l'atelier. Il se retrouva face aux deux mercenaires qu'il avait déjà vu. Eux trouvaient aussi le même forgeron, mais... torse et pieds nus. Son corps était dans l'encadrement de la porte, ils ne voyaient pas ce qui se trouvaient derrière. Feyzin se trouva bien embêté pour eux... Il ne voulait pas les rejeter une seconde fois, mais... au regard de son appartement, il ne pouvait décemment pas accueillir deux clients supplémentaires chez lui... Il secoua tristement la tête, l'air dépité, et vraiment las...

- Je suis désolé, Messieurs... Je ne peux actuellement plus prendre de client, j'ai eu des problèmes... logistiques...

Voilà qui était bien difficile à exposer sans entrer dans des détails bien peu ragoûtants... Il décida pourtant de ne pas leur fermer la porte au nez. Il ne se souvenait plus sur l'instant de la hache restée sur son four, mais il ne voulait pas leur rappeler l'expérience peu plaisante qu'il leur avait fait subir un peu plus tôt. Risquer de perdre des clients était stupide, il avait déjà eu la chance qu'il décident de revenir... même si, même sans le débordement malheureux du prince, il aurait eu du mal à tout assumer en même temps... il l'aurait fait, quand même, certainement, en se fixant des priorités... Mais si, en attendant, ses nouveaux visiteurs insistaient, ils seraient toujours les bienvenue pour aider... Cette pensée amusa le forgeron, il était vrai qu'il en serait ravi, cela ne serait pas de trop... Mais rien ne transparut, il ne se permettrait jamais de demander une telle chose... L'air toujours aussi désolé, Feyzin attendait donc que l'un des guerriers lui répondent... mais lorsque ce fut le cas - l'un des d'eux s'apprêtait à ouvrir la bouche, il l'interrompit maladroitement. Il semblait s'être rappelé un détail important...

- Ah, et au fait... Désolé aussi pour tout à l'heure...